Ayo, 3 lettres, 1 concert
Hier soir, Ayo était sur la scène de la place Rachidi pour le concert d'ouverture du Festival de Casablanca. La chanteuse des albums soul a livré un concert rock devant une place bondée.
La silhouette, fragile, qui chante de la soul aux influences reggae est, sur scène, bien loin de ce que qu’on pourrait imaginer en entendant ses albums. Débardeur rayé blanc, pantalon large à strass, Ayo arrive – la demi-heure de retard de concert règlementaire – comme si elle sortait de la salle de bain. La place Rachidi est pleine, les backstages et les accès presse aussi, beaucoup se font refouler par des policiers et des militaires qui ne font pas dans la tendresse.
Oui mais voilà, ne vous fiez pas aux apparences, c’est une bête de scène qui s’avance. Ca commence doucement, pourtant, avec How Many People, premier titre de son tout dernier album Billie-Eve. Presque triste. Puis les morceaux s’enchaînent, et l'ambiance monte.
I'm Gonna Dance, et nous aussi
I’m gonna dance, le single de Billie-Eve, pour chauffer la foule, rythme endiablé, sonorités rock, suivi de Help Is Coming, plus cool, mais l’un de ses plus grands tubes. Le public n’est pas déçu, Ayo a bien l’intention de chanter les chansons qui l’ont faite connaître, et qui nous font l'aimer. Venue chanter, mais danser, aussi : Ayo bouge, virevolte, saute, la chanteuse allemande donne tout ce qu’elle a dans un show rythmé. Pas de gros décor (quelques palmiers derrière la scène, des fumigènes, quelques spots), le spectacle est dans la voix, et la prestance. Un gant blanc et une veste noire plus tard, la voilà qui reprend I Want You Back, tube de Mickaël Jackson. Multilingue (elle parle français, allemand, anglais) et multiculturelle (père nigerian, mère tzigane roumaine, ayant vécu en France et en Allemagne), elle réveille une ville à son image, « Clap in your hands Casablanca ! ». La simple évocation du nom de la ville fait s’élever des cris. Puis vient le français « Est-ce que vous êtes là pour écouter ? Est-ce que vous êtes là pour partager ? » Le public répond, évidemment, et des enfants agitant des pancartes I Love Ayo, distribuées par Hit Radio. Autant d’interventions rythmées par ses musiciens, dont un pianiste omniprésent. Pas de temps mort ici, les morceaux s’enchaînent, les speaks se font en musique, façon concert rock pendant deux heures sans quasiment une respiration, si ce n'est quelques morceaux plus soul de temps en temps. C’est d’ailleurs avec une guitare rose qu’elle fait rugir la foule, une guitare aperçue un jour, à Paris, et ce fut « the good one », le coup de foudre, nous avoua-t-elle. Pour nous aussi.
-> Retrouvez aussi le programme du Festival de Casablanca, l'agenda Made in Medina et toutes les activités culturelles autour du festival.
Texte Mathias Chaillot
Photo Ghizlane El Karmoudi