La Cantine de Charlotte, un déjeuner calme et savoureux.
Si loin et pourtant si proche du brouhaha de Gauthier, la Cantine de Charlotte est une adresse encore secrète… Je suis déjà passée plusieurs fois devant l’établissement, sans jamais trouvé le temps de m'y rendre. Les initiés y déjeunent régulièrement et les nouveaux sont sûrs de revenir très bientôt. Et c'est bien sûr un initié qui propose de m’y emmener pour le déjeuner (le même que celui du Blend, pour ceux qui suivent).
Arrivée la première, j’apprécie le calme et la sobriété du lieu : les tables en métal et les luminaires pour le côté « industriel », des vraies chaises « bistrot », et des photographies au mur. Bon point pour la grande tablée légèrement surélevée pour avoir vraiment l’impression de déjeuner sur le pouce. Mais ce que j’aime le plus, ce sont les grandes baies vitrées qui illuminent doucement la salle. Mon ami arrive et le chef de salle s’approche de nous. Ici, pas de carte mais de grandes ardoises pivotantes aux murs. Preuve qu’un vrai chef est aux commandes, les plats varient selon le marché et les saisons. Et vous aurez le choix entre deux formules : plat et entrée/dessert à 120 DH ou entrée, plat, dessert à 160 DH. La Cantine de Charlotte n’est ouverte que le midi (mais jusqu’à 16H tout de même !) et du lundi au vendredi. Le chef n’est autre que Richard Meriel, l’ancien du Restaurant du Port de Mohammedia et du Bistronome. Pas à dire, le monsieur s’y connaît en cuisine ! Mais alors pourquoi la Cantine de Charlotte ? Et bien parce qu'il y a aussi Charlotte, celle qui est derrière Tulik, premier bar à salades de Casablanca. A eux deux ils forment un duo détonnant et que ce soit la qualité du service et des plats, chez Charlotte, c’est un sans faute !
Mais trêve de bavardages : qu’est ce qu’on mange de bon à la Cantine ? Velouté d'artichauts aux girolles et huile de truffes, œuf mollet aux asperges, carpaccio de canard au pesto en entrée. Filet de sole au four, compotée de tomates cerises, bavette à l'échalote purée maison, gigot d'agneau aux girolles, pommes grenailles. Des recettes simples, raffinées, de saison. Et qui donnent l’eau à la bouche. Je me décide pour le velouté d’artichauts et mon voisin prend une salade de légumes grillés, œuf mollet et parmesan. Dehors le vent souffle et il fait plutôt froid, j’ai bien besoin d’une bonne soupe ! Et quand elle arrive, je ne le regrette pas : la texture est délicieuse et de temps en temps, je mords dans une girolle et goutte à l’huile de truffe. C’est chaud, parfumé et réconfortant. Je finis (bruyamment) mon bol et attends avec impatience la suite. Pas même un regard pour mon ami et sa salade mais ce dernier n’a pas laissé une miette (on dit peut-être une feuille ?). Vite, vite, la suite ! J’ai pris une sole au four avec la compotée de tomates cerise. Elle arrive avec une jolie couronne de salade de roquette. En face, la bavette arrive à la cuisson demandée, escortée de sa sauce à l’échalote et de sa purée maison. Argh. Vais-je regretter mon choix ? Est-il encore temps de faire demi-tour ? Non, je resterais stoïque. Et dès la première bouchée, je soupire d’aise. Sole, tomates cerise, roquette. Pas besoin de plus, les saveurs sont une symphonie pour le palais. De plus, c’est un plat léger, frais et pas très calorique (si ? non ?). Quand mon voisin se lève pour saluer des amis, j’en profite pour lui chiper une cuillerée de purée… Mmm. Rien à faire, j’adore la cuisine au beurre. Zut, il revient.
Après ce repas tout en douceur et en goût, je rêve de bouquiner au coin du feu… Ou encore d’une longue balade en bord de mer… Et au lieu de ça : je replonge dans le tumulte de Casablanca et je retourne travailler. Snif. Merci à Richard et Charlotte pour cette parenthèse exquise !
Texte et photo Zara Kadiri