Abdelfattah Grini, une star comme on les aime !

Talent
Khouloud Kebali
Editor Made in Casablanca
9 août 2016

Souriant, humble, drôle et sincère… Mais surtout bourré de talent, Abdelfattah Grini fait partie de cette génération d’artistes qui ont « changé la donne », improvisé des styles qui leur sont propres et bouleversé le monde de la musique « arabe ». Nous l’avons rencontré autour d’un déjeuner intimiste. Agréable, accueillant, le jeune chanteur nous a livré beaucoup de sa pensée, ses rêves, ambitions et projets.

Il était présent à Casablanca pour un concert féerique, au Morocco Mall, dans le cadre du Festival MRE (Marocains Rigolos de l'Etranger et Marocains Résonnants de l'Etranger) un festival qui met en avant des talents marocains "éparpillés"dans le monde, qui les rassemble devant un public de plus en plus conquis !

Nous sommes confortablement installés dans l’un des plus beaux restaurants de Casablanca avec une vue imprenable sur la mer... Les serveurs hésitent à lui demander une photo. Abdelfattah remarque ce mouvement autour de lui et se lève, se dirige vers la « clique » timide qui négocie qui va franchir le pas et venir lui demander, surtout qu’il est en pleine interview ! Le jeune artiste leur demande s’ils « veulent bien » une photo avec lui… Il attend même que les jeunes femmes de service enlèvent leurs tabliers. Une photo, deux, trois… Les sourires fusent.

Abdelfattah revient alors à la table s’excuse et enchaîne.

Nous insistons à vous « raconter » cette scène pour une simple raison… Une telle humilité est très très très rare chez beaucoup de nos artistes…

Interview intimiste de celui qui a su capter toute notre attention !

Du nouveau ?

Beaucoup de choses ! Des chansons et un album pour très bientôt… Suspens (Rires)

Parle-nous de ta chanson /phénomène « Fan », Pourquoi Shah Rukh Khan… Et surtout Comment ? !

(Rires) Parce que c’est l’emblème de Bollywood et parce que JE CONNAIS TOUT sur le cinéma indien ! Je ne veux pas dire que je suis obsédé par cet univers, mais disons que je m’intéresse à tout ce qui s’y passe. C’est ma passion ! Je suis un grand fan de ce monde et je prends du plaisir à tout lire et regarder… Aujourd’hui, je connais tous les acteurs et producteurs, réalisateurs !

J’ai donc témoigné mon désir de chanter sur de la musique indienne, mon producteur, Taymour Marmachi,  le Directeur de Platinum Records a été d’abord surpris, mais il n’a pas hésité à me suivre dans ma folie (Rires). Nous avons reçu des projets que je n’ai pas vraiment aimé, jusqu’au jour où nous avons fait un meeting  avec les producteurs du film « Fan ». Ils ont été surpris de remarquer que je connaissais toutes leurs productions, tous leurs acteurs, leurs succès… Je leur ai même chanté une chanson d’un des premiers films qu’ils ont produit (Rires).

Quand ils m’ont annoncé qu’ils souhaitaient une chanson pour le film de Shah Rukh Khan, j’ai sauté de joie car je n’y croyais pas !

La suite ?

J’ai du imposer que la chanson soit en Darija, les paroles ont été écrites par Jalal, parolier à  qui nous faisons souvent appel. J’ai ensuite rencontré Shah Rukh Khan lors d’un énorme événement qu’il devait présenter à Dubaï… Et quel honneur d’être annoncé par lui sur scène.

Il a pris le temps de me parler, ou plutôt de me faire parler sur moi-même ma famille, mon pays. Il m’a également avoué que son papa vouait un amour inconditionnel pour le Maroc.

Tu as parcouru beaucoup de chemin depuis ton début au Maroc… Comment revois-tu Casablanca aujourd’hui ?

Je suis un enfant de Casablanca et je le resterai toute ma vie, même si mes origines sont de Marrakech et que j’y ai passé quelques années. Je suis un « Oueld Deb Soultane » et je le resterai !

Que la vie ou la carrière me mènent à l’autre bout de la planète, je reste un enfant de cette ville…

Ma famille a tenu à garder notre maison de Derb Soultane et j’aime aller au marché de Koréa, fouiner et dénicher des choses (Rires).

Aujourd’hui, ma famille a une maison à Marrakech, j’ai des pieds à terre à Djeddah, Dubaï ou encore en Egypte… Mais MA MAISON, c’est celle de Derb Soultane.

Vous savez, tous les humains se ressemblent dans une chose, notre égo peut s’élever, d’une manière ou d’une autre, à une période ou une autre de notre vie. Ma vieille maison de Derb Soultane, c’est ce refuge qui me rappelle d’où je viens et qui me permet de « redescendre sur terre » quand j’ai la tête trop dans les étoiles ou quand mon égo se permet une petite ascension (Rires). Et je pense que chacun d’entre nous a besoin de revoir ses sources, ses origines et de ne pas oublier d’où il vient.

Nostalgique ?

Oui… Aujourd’hui encore, j’ai les mêmes échanges avec ma mère, quand je l’appelle au téléphone et qu’elle n’est pas d’accord avec moi, elle me crie dessus car je reste son petit garçon.

 Ces mots me ramènent vers mon quartier d’enfance et je me revois en train de courir dans ses rues, jouer, me bagarrer, me faire tabasser (Rires). Certaines choses vous permettent de garder pieds sur terre… Derb Soultane est mon principal point de repère, quand je me sens « perdu ».

Confidence ?

J’ai beau être « acclamé » en Egypte, ou dans un autre pays arabe. J’ai beau être félicité, encouragé, ou « célèbre »… Les mots d’encouragements, les regards et les applaudissements des Marocains ont un tout autre goût et me donnent des ailes.

Je suis reconnaissant envers mes concitoyens et je sais que ce n’est pas évident de rentrer dans leurs cœurs à travers la musique. Quand un Marocain me témoigne son amour, je sens que cela vaut tout l’or du monde et cela triple mon bonheur !

Un message aux jeunes artistes… En fonction de ton vécu ?

De rester tels qu’ils sont, de ne pas laisser le succès les changer. De garder leur éducation. D’autoriser le changement, quand il fait d’eaux des personnes meilleures !

En ce qui me concerne, je me souviens des premiers mots d’encouragements que j’ai reçu, à mes premiers pas. Une dame en or s’est avancée vers moi (elle ne savait pas qu’elle était une idole pour moi), elle m’a regardé dans les yeux et m’a dit « Tu as une belle voix ». Elle a ensuite passé du temps à me donner des conseils alors que rien ne l’obligeait à le faire.

Cette femme, c’est Sanaa Kadmiri, l’une des grandes dames de la télévision, un exemple pour toute une génération…  Elle a été la première à croire en moi. Elle ne le sait peut-être pas, mais ses mots résonnent toujours dans mon cœur et je lui serai éternellement reconnaissant.

 

Khouloud Kebali
Editor Made in Casablanca
9 août 2016

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