L'histoire de la Villa Zevaco de Casablanca
Aussi connue sous le nom de la Villa Sami Suissa, « villa papillon », ou encore « villa pagode ». Ce lieu devenu « people » fût d’abord le rêve d’un homme, Sami Suissa et de celui qui en devint le maître d’œuvre, Jean-François Zevaco. Et si la Villa Zevaco vous était contée par Made in Casablanca ?
Sami Suissa
Pour ceux qui ont connu l’âge d’or de Casablanca, le Coq d’Or, le Noli, et autre Corrida, les Suissa sont des figures emblématiques de la nuit casablancaise. Sami Suissa est issu d’une famille humble de l’ancienne médina, d’où il parvient à se hisser jusque dans les hautes sphères et ne tarde pas à en devenir le promoteur avisé et respecté. Même si la « crème » de l’époque ne le regarde pas toujours d’un bon œil et ne perd pas l’occasion de lui rappeler ses origines modestes… Le quartier d’Anfa n’est pas pour lui ? Alors sa maison deviendra la porte du quartier chic, et devancera les autres habitations en beauté, en modernisme et en originalité!
Jean-François Zevaco
Qui mieux qu’un casablancais pour comprendre la vision d’un autre casablancais ? Zevaco, après avoir fait ses armes à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, revient à Casablanca, résolu à marquer la ville de son enfance d’une esthétique à la fois moderne, élégante et originale. Parfois qualifiée de brutale, sa vision de l’architecture a pourtant marqué le pays : Villa Suissa à Casablanca, l’aérogare de Tit Mellil, ou encore, une partie de la ville d’Agadir après le tremblement de terre (poste, écoles, villas, logements de fonction, caserne des pompiers, etc.) Toujours à Agadir, il construit les patios d’Agadir 2 et reçoit le prix Aga Khan pour cette réalisation…
La Maison du fou
Quand ces deux là se sont mis en tête de construire la villa du « fada » comme l’appelaient les gens à l’époque, rien n’était trop beau, trop moderne, trop excentrique ! Suissa voulait du marbre noir sans aucune veine apparente ? Qu’on renvoit celui-ci et qu’on en ramène de Belgique ! On se moque de lui, on le juge ? Il achète un grand tapis-brosse pour la porte d’entrée avec écrit «Opinion Publique » dessus… On y trouvait une piscine, un fumoir, un boudoir, des panneaux coulissants pour permettre la modulation des pièces au gré de l’humeur des propriétaires : bref, le rêve est devenu réalité ! Jusqu’à ce que la famille décide de s’installer à Paris et que la villa du bonheur soit laissée à l’abandon… Quand la franchise Paul décide de la racheter et de rester fidèle à l’esprit de Suissa et de Zevaco, son propriètaire n’hésite pas !
Aujourd'hui, Paul est le rendez-vous incontournable de tout casablancais qui cherche à siroter un petit thé ou un jus au soleil, sans compter les fameux petits-déjeuners du week-end, un vrai plaisir!
Texte Zara Kadiri
Photo DR