Ikram El Ghinaoui, histoire(s) de femme(s)

Radio
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
19 avril 2011

Ikram, même pas 30 ans, anime chaque matin Diamant Rose, une émission sur Luxe Radio où elle reçoit anonymes et célébrités qui viennent se révéler. Pour Made in Casablanca, elle a accepté d’inverser les rôles.

« Tu sais, j’aime pas trop parler de moi. C’est pas évident. » Normal, d’habitude, c’est elle qui fait parler les autres. Cheveux courts, silhouette fragile, voix légèrement éraillée, elle commande un Coca au B Rock, le lieu de notre rendez-vous. « Ici, je me sens libre. » Depuis un an maintenant, Ikram El Ghinaoui reçoit, chaque matin, des femmes et des hommes d’exception dans son émission Diamant Rose, sur Luxe radio. « C’est Jacques Chancel qui m’a donné l’espoir. Sérieusement ! Quand j’ai commencé, je me disais tous les jours "je ne vais pas y arriver". On a dit la même chose à Jacques Chancel pour Radioscopie, "tu ne tiendras pas deux mois". Il a fait plus de 6 000 émissions. » Déjà 300 pour Diamant Rose. Plus que 5 700.
Pourtant, si elle tire chaque matin les vers du nez de ses invités, artistes, anonymes ou politiques venus se confier, rien ne la destinait à la radio. A 17 ans, elle quitte Casablanca pour des vacances en France. En douce, elle glisse quelques dossiers dans des lycées, se fait accepter, et appelle ses parents pour leur dire qu’elle ne rentre pas. « J’étais en ZEP [Zone d’Education Prioritaire, un type de lycée français en milieux sensibles, ndlr]. Je ne savais pas ce que c’était, je me suis dis cool ! » Elle fait 2 ans de BTS, hésite, devient serveuse le soir. Un client la convainc qu’elle peut faire mieux, elle prend un numéro de téléphone, appelle en disant « je ne sais pas quel boulot vous pouvez me proposer », et se fait embaucher. Un an et demi de boîte de com’, et elle rentre au Maroc. Hésitations à nouveau, elle est prête à prendre le premier vol pour Paris, et on finit par la rappeler pour un CV d’attaché de presse envoyé quelques semaines plus tôt. « Mais comme journaliste, ce que je n’avais jamais fait. » La voilà à Femmes du Maroc.

Chercher l’humain derrière la star

Puis l’ennui, rapidement, un aller simple pour la France, et elle passe au reportage, pige pour CB News et Le Nouvel Observateur, avant de rentrer à nouveau. Encore la chance ? « Je suis arrivé au moment du lancement de Maroc soir. J’ai vécu toute l’aventure du journal, jusqu’à la fin, en 2006. » C’est l’époque de la libéralisation des ondes, les radios poussent comme des champignons, elle va frapper à la porte de Medi1, on lui répond qu’elle n’est pas journaliste. Atlantic radio ? Prise en 4 jours. Elle y fera ses premières armes, "mangera du micro", couvrira les attentats de Casablanca, avant d’aller voir ailleurs : Luxe radio, où on lui confie d’entrée de jeu l’émission censée faire parler les femmes. « On a un peu fait évoluer le concept en y intégrant les hommes le vendredi, et on ajoute quelque chose tous les trois mois, pour que l’émission ne soit pas statique. Mais je me suis quand même constitué mon harem de quasiment 300 femmes ! » Derrière le people, elle cherche l’humain, joue du micro et du mouchoir. « Souvent les hommes ne se protègent pas, alors ils parlent, ils parlent, et craquent. Et avec eux, on ne peut pas leur taper sur l’épaule en leur disant "ça va aller". » Quand elle ne court pas après la femme exceptionnelle du jour, Ikram écoute ses collègues de Superflu, le talk du soir (« je guette les moments forts ») grignote un morceau à la Corrida (« Malika, la patronne, quel destin ») et finit au Balcon (« il y a tellement de jolies filles qu’aucun mec ne viendra m’embêter »). A quasiment 30 ans, d’une boite de com’ à Luxe Radio, elle n’a pas l’intention de s’arrêter là. Prochaine étape, pourquoi pas la production radio. Avant la suivante, évidemment.

> Retrouvez les émissions Diamant Rose d'Ikram El Ghinaoui sur le site de Luxe Radio, Anaka.ma.

Texte Mathias Chaillot
Photo
Stefano Berca

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
19 avril 2011

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