Une Corrida autour d’un plat à Casablanca

Restaurant
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
8 avril 2011

Beaucoup y passent pour grignoter un plat, sans connaître l’histoire qui les entoure. La Corrida est pourtant plus qu’un restaurant, c’est un petit havre de paix qui vibre, depuis 60 ans, au rythme de son lourd passé qui donne un autre sens au terme « arabo-andalou ».

C’est un resto, oui, mais aussi un musée. Et une institution, perdue près du rond-point Mers Sultan.
Ce club américain racheté il y a 60 ans s’est rapidement transformé en petit coin d’Andalousie, sous l’impulsion de ses deux propriétaires, la française Solange, et son mari espagnol Vicente, qui dirigeaient en parallèle Les Arènes de Casablanca, aujourd’hui un immense terrain vague. Maintenant, c’est leur fille adoptive, Malika, qui tient La Corrida. Elle pousse la porte de bois de la grande salle, authentique porte venue des arènes. Autour des tables, des trophées. « Les têtes de taureaux sont des vraies, bien sûr. Il y a aussi les banderilles, tout le matériel pour la tauromachie. Ça, c’est la tenue de Luis Miguel Dominguín, célèbre matador. Là, la cape d’El Cordobés. » Plus loin, quelques chapeaux et objets insolites occupent des tables que beaucoup auraient utilisé pour rajouter des couverts. En levant les yeux, on peut admirer des affiches annonçant les spectacles de l’époque, dans les années 70. Le mur du fond, lui, est recouvert d’une immense fresque. Femmes en robes andalouses, des hommes sur des chevaux… Et des taureaux, bien sûr.

Joséphine Baker et Bernard Blier ? « C’étaient des habitués »

L’été, vous préférerez peut-être goûter un plat à l’ombre d’un immense olivier, dans le patio typiquement andalou. Ne cherchez pas, avec un déjeuner à 80 dirhams, et le soir à la carte autour de 150 dirhams, c’est l’un des meilleurs rapports qualité/prix de la ville. Malika balaie la question d’un geste de la main. « Je ne suis pas là pour faire de l’argent, c’est une cantine ». Si la décoration est authentique, le service l’est tout autant. Où pouvez-vous encore trouver un serveur qui prend une commande pour 40 personnes… les mains dans les poches, sans crayon ni carnet ? Et ne cherchez pas à le piéger, Hicham ne se trompera pas, et vous ramènera, comme convenu, votre verre de sangria ici, votre gaspacho là. Il en faut plus pour impressionner l’équipe de fidèles qui travaille ici. A La Corrida, on a pu voir Arletty, Fernandel, Pierre Perret, Charles Trenet, Jean Marais ou Eddy Mitchell, parmi tant d’autres. Aujourd’hui, on y croise beaucoup de français, quelques espagnols, des marocains.  Malika sourit. « Des amis, surtout. »

Texte & photos Mathias Chaillot

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
8 avril 2011

    La Corrida

    • Musique live
    • Restaurant espagnol
    • Restaurant international
    35, Rue al araar (ex Gay Lussac) 20000, Casablanca
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