Lazywall : Hard rock made in morocco

Musique
Zara Kadiri
Editor Made in Tanger
3 octobre 2011

Ils sont marocains et le répètent à qui veut l’entendre. Ils ont joué plus d’une soixantaine de dates rien qu’en Grande Bretagne mais aussi dans le reste de l’Europe, comme la France, l’Espagne, la République Tchèque… même au Etats-Unis !! Entretien avec Nao et Tarik respectivement vocal/bassiste et guitariste du groupe.

Made in Tanger : Lazywall, c’est du rock, du hard rock, comme vous vous définissez vous même ? C’est du Hard Rock marocain !

Made in Tanger : Pourquoi avoir choisi d’introduire des sons orientaux justement, par souci artistique ou commercial ?

Nao : D’abord c’est par identité, après plusieurs années à nous inspirer de grands groupes de Hard Rock, on a pensé qu’il était temps de revenir un peu aux racines aussi. A l’époque du lycée c’était hors de question d’écouter des titres marocains, c’était plutôt du Led Zepplin, Black Sabbath ou encore Deep Purple. Le jour où on a voulu incorporer le luth, on a découvert qu’il était accordé sur une tonalité très prisée dans le « heavy metal », c'est-à-dire descendre la première corde en Ré, et en gros après réflexion on a trouvé plusieurs points communs entre le Hard Rock et la musique marocaine et oriental.

Made in Tanger : Est-ce qu’il n y a pas eu certaines réticences de la part du public marocain qui est encore puritain quand il s’agit d’introduire des sons orientaux dans le hard rock ?

Nao : il m’est arrivée de lire le commentaire d’un fan sur internet qui disait aimer notre musique, mais n’appréciait pas l’intégration du luth et préférait qu’on le remplace par une autre guitare. C’est vrai que la majorité du public au Maroc reste encore puritain et préfère des sons plus lourds, plus metal. Quand on compose, ces instruments soi-disant traditionnels s’insèrent suivant notre inspiration et parce qu’ils y trouvent leur place, et non pas qu’on veut les intégrer à tout prix.

Tarik : on n'a pas eu la démarche de nous demander si on fait ça les gens vont aimer, ou ça va être plus commercial, notre démarche était celle de musiciens avec nos influences qui sont essentiellement le hard rock des années 70, ainsi que le grunge et puis dans la musique qu’on faisait on s’est rendu compte qu’en rajoutant une derbouka par exemple ça ne calmait pas notre son, au contraire il gagne en puissance. Après, il y a toujours des gens à qui ça ne plaît pas ces mélanges de sonorités et du chant en arabe, mais si on a décidé de partager ça avec le public c’est qu’on le trouvait simplement magnifique.

Made in Tanger : Les groupes de Hard Rock n’arrêtent pas de se surpasser depuis la nuit des temps, n’est-il pas difficile pour vous d’innover ?

Tarik : c’est valable pour tous les styles. A partir de quelques notes on peut sortir une infinité de compositions, les mêmes accords peuvent être joués différemment, on ne se dit pas les gens ont fait beaucoup de choses avant nous, on fait les choses comme on le sent toujours en quête de puissance.

Made in Tanger : Pensez-vous que le rock, le metal sont plus acceptés aujourd’hui par le public lambda ?

Nao : je pense que c’est une question de médias. Aujourd’hui ils sont un peu plus ouverts sur les musiques urbaine ou underground. La preuve en est par le rap ou le hip hop qui sont quasiment des musiques populaires au Maroc. Nos morceaux commencent à passer sur les radios, les télés, c’est la preuve que les médias s’intéressent de plus en plus au rock et sont prêts à miser dessus. Le problème est d'incorporer des sons un peu plus agressifs dans l’oreille des gens, ce qui prend du temps. Quand Chopin, Wagner, et d’autres musiciens classiques ont amplifié leurs pièces et leurs compositions par certains instruments, ça n’a pas été accepté dès la première écoute.

Tarik : c’est comme pour la cuisine, le même plat peut-être préparé différemment et puis il y a certaines épices qui prennent du temps avant qu’on puisse s’y habituer.

Made in Tanger : Pourquoi à votre avis la renommé de Lazywall au Maroc est venue seulement après sa renommé à l’étranger ?

Tarik : Nul n’est prophète en son pays ! Ça a toujours été comme ça, il faut aller faire des preuves un peu plus loin.

Made in Tanger : Ce n’est pas plutôt relatif plus spécialement au rock ?

Nao : C’est comme pour le Hip-hop, Muslim, par exemple ça lui a pris des années avant d’avoir une certaine notoriété et puis les rappeurs ont beaucoup travaillé et s’adressent aux marocains dans leur langue. Le jour où la distorsion va se banaliser dans les oreilles des gens, les barrières vers le rock/metal sera franchie comme c’est un peu le cas dans des villes comme Rabat ou Casablanca.

Made in Tanger : Sinon que prépare Lazywall pour les mois à venir ?

Nao : On est enfermés dans nos propres studios, afin de proposer au public de nouveaux titres qu’on balance généralement sur internet, en écoute libre. En essayant de rajouter notre grain de sable à cette scène marocaine, et de l’aider comme on peut.

Interview Meriama Moutik

Photo DR

Zara Kadiri
Editor Made in Tanger
3 octobre 2011

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