Les intuitions de Badr El Bouchti

PEINTURE
Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
15 juillet 2011

Grandir à Essaouira l'aura inspiré et nourri. Badr El Bouchti est un jeune peintre autodidacte qui peint comme il respire, livrant une forme d'expression essentielle et presque vitale. Poser les yeux sur ses œuvres, à la fois graphiques et vibrantes de poésie, nous renvoie à la vision d'un homme sur sa ville et sur lui même.

A 30 ans à peine, l'histoire entre Badr El Bouchti et la peinture est presque native et déjà bien mature. Il aura tout appris seul, guidé par quelques influences familiales et l'influence, bien plus forte selon lui, de voir "des tableaux plein la rue" dans la médina depuis sa plus tendre enfance. Badr ne se souvient plus à quand remonte sa passion pour la peinture, mais nous résume cela très justement : " c'est une coïncidence".

Dans la galerie de la Kasbah, où il expose avec d'autres artistes, Badr el Bouchti nous livre sa vision d'Essaouira. Pour amorcer la discussion, le thème de la ville qui l'a vu grandir est tout indiqué. Essaouira qu'il dessine par fragments superposés, suggérant ses remparts et l'ondulation des vagues. Sa ville, sa "première inspiration", qui pourtant n'apparaît jamais clairement, toujours dissimulée. On la devine derrière les teintes ocres de ses toiles qui renvoient aux murs des maisons. Car la couleur d'Essaouira se situe, selon lui, loin du bleu et du blanc de ses portes et de ses fenêtres. La ville est dans ses toiles comme ses pierres : brune, beige, jaune et terreuse, solidement ancrée, battue par les vents, dans le brouillard. Mais aussi une ville de paix, calme, "comme la campagne", idéale donc selon lui pour peindre et prendre le temps d'être inspiré.

Peindre comme boire de l'eau

L'expression artistique chevillée au corps, librement et pour sortir de soi, Badr El Bouchti peint. Il a fait beaucoup de recherches et d'essais avant de parvenir à ne serait-ce que garder un seul tableau. Jamais vraiment satisfait de ses toiles et dessins, il lui arrive souvent de les jeter, un peu comme si il se perdait en créant. "La plupart du temps, quand j'ai fini, je ne trouve plus ma recherche". Les tableaux qu'il garde, il les vend pour certains et parvient aujourd'hui à vivre de sa peinture. Car cette peinture universelle, pourtant bien inspirée par sa ville, a déjà fait des émules parmi les amateurs d'art marocains ou étrangers. Des anglais en visite à Essaouira n'hésitèrent pas à exposer ses toiles à Londres en 2010 après avoir découvert son travail.  Mais le regard des autres sur ses toiles l'indiffère, c'est pour lui qu'il peint et de façon quasi vitale :"ma peinture, c'est comme de l'eau. Je ne peux pas rester sans boire de l'eau".

Acrylique, pochoirs, encres, collages : surimpressions et matières révèlent aussi parfois un regard, une silhouette, "c'est ma toile qui me regarde, comme un retour". De l'autre côté du miroir, Badr el Bouchti écrit. Sur la toile on découvre des formes d'écritures parfois lisibles, parfois inconnues, une sorte de message. A chacun d'y lire ou voir ce qu'il veut.

 

 

Alice Joundi
Editor Made in Essaouira
15 juillet 2011

Galerie La Kasbah

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4, Rue de Tetouan 44000, Essaouira
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