Un déjeuner au Café Madrid de Casablanca

Le Café Madrid se situe dans l’hôtel Husa Plaza (pour les vrais Casaouis, c’est l’ancien Holiday Inn). Nous en avons profiter pour passer par le hall de l’hôtel (curiosité, quand tu nous tiens) : une entrée colorée de rouge, gris et noir, avec ici et là des tapis en damier déstructuré, des troncs d’arbres en guise de sculptures… L’effet est réussi, un savant mélange de sobriété et de folie, comme un je ne sais quoi d’Alice au pays des merveilles.  L’amusement continue puisque l’entrée du restaurant est un joli trompe l’œil :  deux fauteuils sont installés de part et d’autre d’une grande fenêtre… Qui n’est autre qu’une photographie d’un balcon casablancais ! On retrouve sur les murs du restaurant d’autres photos en noir et blanc de façade d’immeuble, statue, cage d’escalier, toutes prises à Casablanca. Et ça chez Made in Casa, on aime ! Autre plus, le carrelage en damier noir et blanc, tellement « fifties ».

Nous décidons de nous installer près de la fenêtre, sur une banquette garnie de moelleux coussins. Table à la nappe damassée, couverts en métal brossé : pas de doute, nous sommes bien dans un restaurant de haut standing. La serveuse se presse de nous proposer du pain (pavot, sésame, complet), du beurre et des olives, le temps de nous familiariser avec la carte. Pour les hommes et femmes d’affaires du coin, un menu bien pratique : trois tapas, un plat et un dessert, le tout pour 190 DH ! Tiens, c’est ce qu’on va prendre ! Je me décide pour des crevettes à l’ail, des patatas bravas et des goujonnettes de poulet (j’avoue que c’est le nom qui m’a attirait) et ma collègue pour des calamars frits, du brie à la confiture et de la seiche. Comme toujours à midi, la faim se fait sentir, et je ne fais qu’une bouchée de mon pain et de mes olives.

Le temps de m’attaquer à une deuxième miche et nos tapas sont là. La présentation est tout simplement sublime : mes patates bravas sont en fait des cubes de pomme de terre, présentés sur une ardoise, surmontés d’une touche de mayonnaise, elle-même surmontée de piment. Le brie de ma collègue est délicatement pané et joliment décoré d’une lichette de confiture. La seiche est découpée en petit cercle et l’assaisonnement est déstructuré. Non vraiment, j’ai longuement hésité à briser tout ce petit monde !

Après avoir consciencieusement nettoyé nos assiettes, place à la suite : cuisse de confit de canard aux pommes pour moi,  poisson pour ma collègue. Encore un sans faute en terme de présentation : mon canard arrive avec ses « pétales » de pommes, et un « shot » de purée de pomme de terre, décoré d’une « chip » de bacon (halal). Dé-li-cieux ! A l’allure où ma collègue dévore son assiette, je crois comprendre que le poisson est à son goût. Après les entrées et le plat, je me demande si il me reste vraiment de la place pour un dessert… Mais la gourmandise prend le dessus ! Mon regard se porte immédiatement sur le cheesecake, au grand désarroi de ma collègue qui se rabat sur le fondant au chocolat. Nos gourmandises arrivent : un petit dôme représente mon cheesecake, avec une framboise sur le dessus, et des touches de crème et de coulis de fruits rouges, dessinés ici et là.

Je finis le repas avec un soupir de satisfaction, et l’envie irrépressible de déboutonner le haut de mon jean. La prochaine fois, je ne prendrais pas de petit déjeuner…

Texte Zara Kadiri
Photo Café Madrid