La Sqala fait de la photo Made in Medina
C’était à l’origine une association culturelle, c’est aujourd’hui un mouvement engagé dans la défense de la jeunesse de la medina de Casablanca. Avec l’association Sqala, on apprend le français, on voit des expos, on fait de la photo, et on redécouvre la médina.
« Nous voulons être une passerelle entre le Casa économique et moderne, et la médina. » Assise autour d’une table de la Sqala, Catherine Barut joint les gestes et les paroles. Elle montre un côté de la cour, puis un autre. Derrière elle, on entend le grouillement de la médina. En face, on aperçoit les grues de la toute nouvelle marina. « Entre ce Maroc là, et celui-là. »
C’est toute l’ambition de l’association Sqala, à l’origine pourtant simple petite structure culturelle imaginée dans l’ombre du groupe Restopro (La Sqala, La Bodega etc.), et dans la lignée de la galerie, ouverte dans les remparts de la médina. « Tout est parti d’une action l’année dernière, nous faisions des cafés littéraires avec l’Instititut Français, et j’en ai profité pour monter un partenariat autour du conte avec 2 écoles de la médina. Et il y avait cette petite fille plus à l’aise, plus éveillée que les autres, simplement parce qu’elle maitrisait mieux la langue française. » De là nait l’envie de s’occuper de la jeunesse, et de rajouter un volet social au volet culturel, dans le cadre du projet de restructuration de la médina.
M'dina Dyalna
Plusieurs ateliers sont montés, et l’association a pris son envol. Aujourd’hui, la structure donne des cours de cuisine, d’art plastique. « On aimerait bien monter des potagers, aussi, dans les écoles. » Les jeunes qui arrivent avec un projet, artistique ou social, ont maintenant une oreille. « C’est dur d’exposer, pour un jeune artiste. Et puis nous faisons aussi relais pour d’autres associations, nous ouvrons des lieux, un carnet d’adresses. »
Nouveau projet sur la table, M'dina Dyalna. Dix jeunes de medina, dix jeunes de Lyautey, deux mondes qui ne se croisent que dans les reportages télé, vont partager un travail autour de la photographie. « Dès le premier atelier, on a vu l’ouverture se faire, les gens se parler, sans a priori. » Ils sont partis en marathon photo ensemble, ceux de Lyautey ont découvert la médina avec un œil nouveau, ceux de la médina ont partagé les connaissances photo de leurs amis passionnés. Dès demain, l’exposition s’étalera sur les murs de la galerie Sqala. A défaut d’avoir une nouvelle médina, vous en aurez toujours une nouvelle vision.
Texte Mathias Chaillot
Photo Brahim Benkirane