Omar Lotfi, un acteur dans la ville

Cinéma
Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
7 décembre 2010

Révélé par Casanegra, Omar Lotfi jouera aussi dans le premier film de Talal Selhami, Mirages, en compétition officielle au 10e Festival International du Film de Marrakech. Il nous fait découvrir sa ville, son Casanegra à lui.

Made In Casablanca : Vous avez grandi à Casablanca ?
Omar Lotfi :
Oui, à Derb Sultan, quartier 100% populaire. Et j’y habite toujours. C’est ça ma force. Je ne veux pas oublier ce quartier, mes amis là bas, et je reste en contact, même si le cinéma m’éloigne un peu de mes amis et de ma famille, il suffit de maîtriser tout ça. C’est d’ailleurs grâce à ce milieu que j’ai ce bagage pour interpréter des rôles compliqués, je ne dois pas l’oublier.

Made In Casablanca : Est-ce qu’on vous reconnaît, maintenant, dans la rue ?
Omar Lotfi :
Comme nous avons tourné à Casablanca, forcément, on me reconnaît parfois. Alors bien sûr, je ne vais pas te dire qu’on crie « Omar Lotfi ! », mais ce que j’entends, c’est « Casanegra, Casanegra ! » Après, les gens rigolent avec toi, et en général, ils sortent un mot vulgaire, comme dans le film. Alors je leur explique, celui qui dit ces mots là, c’est Adil, le personnage, moi, c’est Omar. Et quand quelqu’un m’arrête, qu’on parle du film et tout ça, ça finit souvent de la même façon : on me dit "c’est incroyable, tu n’es pas comme dans le film, ce mec vulgaire et rebelle, je n’aurais pas cru."

Made In Casablanca : Vous semblez très attaché à votre ville.
Omar Lotfi :
Traverses la route de Derb Sultan, tu prends l’avenue du 2 mars, puis Zerktouni, et tu arrives à Sidi Moumen. Toute cette différence, ce contraste, c’est un truc fort. C’est ce qui donne tout son charme à Casablanca. C’est une ville unique.

Made In Casablanca : Quand vous sortez, où allez-vous ?
Omar Lotfi :
Franchement, je ne sors pas beaucoup. Enfin si, je sors, mais je ne vais pas dans les cafés, etc.
Avec les films, je voyage beaucoup, et quand je rentre, c’est pour voir ma famille, ou que j’y travaille, il n’y a donc pas un endroit où je vais particulièrement. Mais il y a des quartiers que j’aime bien, comme Maarif, où je passe souvent. En fait, j’aime bien les endroits simples. On a beaucoup de restaurants, moi j’aime bien manger une bonne pizza chez Luigi, ou au Spasso, on se connaît avec les serveurs, c’est sympa. Mais quand je sors, en général, c’est à Derb Sultan, les snacks. J’ai un ami qui a un stand, très sympa, je mange souvent chez lui. Je ne vais pas trop dans ces coins magnifiques, ces beaux cafés. Tu sais, je suis allé à Dubaï, j’ai vu des choses énormes, sublimes, mais ça ne me satisfait pas. Je préfère mon stand de sandwichs.

Made In Casablanca : Mais pour un dîner en amoureux, par exemple, il faudrait trouver un bel endroit. Lequel ?
Omar Lotfi :
Ah, ça c’est sérieux, on ne rigole pas avec ça. Il faut que la soirée soit à la hauteur ! Même si je pouvais dîner dans un hélicoptère, pourquoi, ce serait sympa. Mais en descendant, j’irai quand même prendre un sandwich chez mon pote !
Mais si je devais choisir un restaurant, il y en a un que j’aime beaucoup, Spasso. C’est grâce à Nour-Edine Lakhmari (réalisateur de Casanegra, ndlr), qui m’emmenait souvent là bas. Avec Nour-Edine, on y va, on parle, c’est chez moi.

Made In Casablanca : Vous êtes attachés au vieux centre ville, qu’on voit dans Casanegra ?
Omar Lotfi :
Oui, c’est d’ailleurs un hommage qu’a fait Nour-Edine. Certains immeubles qu’on y voit, aujourd’hui, ont disparus. Tout ce qu’il reste, c’est le film. C’est honteux pour nous. L’Hôtel Lincoln, par exemple, il est magnifique, et on le laisse à l’abandon. C’est pourtant l’espoir de la ville. Il y a toujours un avant, un maintenant, un après. Mais si tu rases le avant, tu te coupes de tout. C’est très dur pour la ville, ce qu’on lui fait.

Made In Casablanca : Et pour s’habiller à Casablanca ?
Omar Lotfi :
Il y a des tas de boutiques très chères, mais ça ne me fait pas forcément envie. Par exemple, pour le Festival du film, il faut bien s’habiller. J’ai des amis qui me disent « je dois aller au Festival, mais j’ai un problème ». Laisse-moi deviner, le problème, c’est que tu ne sais pas où acheter tes vêtements ! Mais vas à Zara, tu trouveras un beau costume, tu vas le compléter à Aldo, et voilà. Tu n’as pas besoin de voyager à Paris pour bien t’habiller, on a tout ici. Maintenant, il faut simplement bien payer les acteurs !

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Propos recueillis par Mathias Chaillot

Zara Kadiri
Editor Made in Casablanca
7 décembre 2010

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