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Les spots de surf d'Agadir : Yves Marone experience

Interview
Alice Joundi
Editor Made in Agadir
24 mars 2015

Made in Agadir vous propose un entretien à bâtons rompus avec Yves Marone (de Marone Optique), surfer amateur chevronné. Il nous en dit plus à propos des spots de surf d’Agadir, de leurs particularités et de leurs dangers.

Il est bien entendu que la région d'Agadir doit une partie de sa réputation aux sports nautiques, le surf en tête. Dans la série des passionnés, nous avons interviewé Yves Marone, qui cumule près d'un quart de siècle au compteur de ses années passées à surfer dans le secteur, de quoi en faire un véritable expert...

Quel est votre parcours, Yves, et qu’est-ce qui vous a amené à Agadir ?

Je suis né en Algérie, à Orléansville, à 25 km de la côte méditerrannéenne. J’en suis parti enfant pour la France, où j’ai suivi toute ma scolarité, jusqu’au BTS. Tout d’abord peu attiré par l’optique, mes succès comme surfer et tennisman m’ont conduit à m’installer en Espagne, où j’ai pratiqué le tennis à haut niveau. J’y ai vécu 15 ans et été le directeur du centre de tennis Polideportivo Puerta de Hierro (Madrid), avant de regagner la France en 1987 et d’exercer cette fois mon métier d’opticien, à Toulouse. Ayant épousé la fille d’un gadiri, je me suis tout naturellement rendu à Agadir et j’ai eu la sensation d’y retrouver mes racines. Cela fera 25 ans l’an prochain que je vis là et surfe toutes les vagues possibles.

Quel spot avez-vous découvert en premier et quels sont ceux dont vous pouvez nous parler ?

Le premier spot que j’ai découvert avec bonheur, c’est La Pointe mythique (La Madrague, Al Madraba). Les ruines de La Madrague ont été rasées il y a deux ans pour aménager l’accès au site. Maintenant les personnes d’un certain âge peuvent sans problème admirer les exploits de leurs petits-enfants !

Trois très belles vagues ont rendu ce spot célèbre : Mystery (imprévisible, on y rase le rocher), La Source et Killer, qui doit son nom au fait qu’il y a peu de fond.

Je mentionnerai aussi la vague amusante de Bananas, celle très creuse de Dracula, qui peut monter à 4 m et fait peur – son tube l’a rendue légendaire – et enfin celle de La Bouilloire, (connue internationalement sous le nom de Boilers) : juste au sud du Cap Ghir, là où se construit une usine de dessalement, elle est bonne quand l’off-shore est léger et l’orientation nord. Si l’entrée y est facile – on se met contre le rocher, on attend que la série passe et on se met à l’eau – la sortie s’avère bien plus périlleuse (oursins, rochers coupants…).

Et puis, bien sûr, il y a le spot de Tamri, celui où toutes les écoles emmènent leurs élèves. 

Mais tous ces spots sont sur la route d’Essaouira… il n’y a pas de vague au sud ?

Si, bien sûr ! et c’est là que mon frère Alain (le peintre Oggo), Christophe Rebecchini et moi allons surfer, car les autres spots sont trop courus et souvent fréquentés par des gens qui s’occupent d’avoir la plus belle planche et la meilleure place sur la vague, complètement à l’opposé de l’esprit du surf : harmonie mer, soleil, nature et amis. Ils sont agressifs, ils se bagarrent, alors qu’entre nous, pas besoin de mots, tout passe par le regard. L’important est l’émotion, le plaisir. On encourage son pote, on lui laisse la priorité plutôt que de chercher à le surpasser… Pour comprendre cette philosophie, regardez le film culte The big Wednesday (John Milius, 1978) !

Auriez-vous une ou deux anecdotes pour nos lecteurs ? Quels champions avez-vous rencontrés ?

En 1996 (ma fille avait 3 ans), Les Sables d’Or ont connu un mini tsunami, de 70 cm de haut seulement, mais d’une violence et d’une vitesse inouïes. J’ai pris la petite dans mes bras et couru loin de l’hôtel. Ça n’a duré que 5 mn, mais elle y serait sûrement restée si je n’avais pas eu ce réflexe.

En 1997, si mes souvenirs sont bons, le n° 3 mondial Gary Elkerton était à La Pointe. Il y a eu une grosse dépression et c’est monté à 5 m ! Il fallait vraiment être un grand champion ce jour-là ! La TV (Eurosport ?) a mis ça en boîte…

En 1998, un dimanche, à Killer, les vagues dépassaient 3 m à la série. On était tous au pic quand 3 lames de plus de 6 m sont apparues. Sous les yeux ébahis des photographes qui braquaient leurs téléobjectifs sur nous, mon ami Luc et moi avons ramé jusqu’au large. La 1ère lame a formé une mousse de 4 m et fermé la baie de Killer jusqu’aux Sables d’Or. On a fait les canards et nagé 200 m sous l’eau. A la 2ème lame, identique, nos leashs ont cassé, on a abandonné nos planches et plongé. A la 3ème, plus personne ne voyait rien et ne savait où étaient les autres… J’ai cru que j’allais mourir mais je suis ressorti, sonné, 600 m plus loin, sur les rochers. Un autre n’a pas eu cette chance, on a retrouvé son corps au petit matin.

Des champions ? Les pros Kelly Slater, Shane Dorian, Ramzi Boukhiam et l’excellent amateur Othmane Choufani.

Merci Yves et à bientôt ! 

On en profite pour conclure sur un petit conseil adressé à tous ceux que l'expérience surf tente de près ou de loin : ne débutez jamais un sport de glisse sans l'accompagnement d'un instructeur expérimenté dans le cadre d'une structure légale. Ce qui est valable pour n'importe quelle activité sportive l'est d'autant plus dans un environnement naturel et marin. 
Il est essentiel d'intégrer que la navigation et les sports de glisse ne s'improvisent pas. La sécurité, l'expérience et les connaissances des locaux sont à ce titre exrtrêment précieux.

Texte Isabelle de Balathier
Photo DR Yves Marone

Alice Joundi
Editor Made in Agadir
24 mars 2015

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