Reykjavik / Agadir : si loin, si proche...
C’est le 27 novembre, pour la première fois de l’histoire, que sera inaugurée la ligne Reykjavik/ Agadir en vol direct a annoncé l’Office National marocain du Tourisme (ONMT) de Stockholm (source : lematin.ma). Si vous tendez l’oreille ou froncez les sourcils en grimaçant Reykyaquoi ? C’est que vous n’êtes pas du tout dans le mouv’ car la capitale islandaise est de plus en plus à la mode ; Made in Agadir vous vient en aide pour décrypter ce touriste improbable et insolite (et pas si froid) ; venu du pays des aurores boréales et du surf sous la neige…
Pourquoi cette ligne ?
C’est le tour opérateur islandais Heimsfedir (filiale du groupe nordique « Primera Travel Group ») qui lance la programmation d’une série de charters reliant Agadir au départ de Reykjavik. On peut effectivement se poser la question : pourquoi cette ligne tant les destinations semblent à priori éloignées géographiquement et culturellement ? La réponse est probablement dans le fait que les Islandais, sortis de plusieurs années de crise, ont envie d’aller voir un peu ailleurs ce qui s’y passe (eux qui, pour les mêmes raisons économiques : la chute de la couronne) se sont retrouvés convoités par un tourisme qu’il méconnaissait. Peut-être également en raison de tout ce qui les éloigne et de ce que le Maroc suggère aux Islandais comme exotisme. Mais étonnamment aussi en raison de nombreuses similitudes que nous avons découvertes en nous documentant sur le sujet…
Violently happy !
On suppose le paradoxe dans l’âme islandaise comme le suggérait l’ambassadrice de ce peuple, la talentueuse ingénue, Björk. Car l’Islandais est né d’une terre de contrastes oscillant entre un univers féérique et des décors de nature mystérieuse et parfois inquiétante. Viscéralement attaché à ses traditions, l’Islandais a besoin d’histoires et de contes et demeure contemplatif devant une nature qui lui a appris, depuis son plus jeune âge qu’elle était Maîtresse de ce monde. Ça vous parle, habitants d'Agadir ? Et bien justement ; séparées de 4000 km, nous pensions ces deux villes et ces deux peuples opposés, pourtant de nombreuses similitudes les rapprochent.
Une nature immanente, omnipotente !
Reykjavik porte en son nom-même l’empreinte de la puissance de sa nature : littéralement " baies de fumées " elle doit son nom aux vapeurs qui proviennent des sources d’eau chaude de la région. Nature paradoxale, de sources d’eau chaude et de mer glaciale, de toundra et de forêt, terre volcanique impétueuse et esthétisme des aurores boréales ; nuit totale ou jour permanent ; l’Islande insulaire détient le monopole d’une nature omnipotente et extrême, paradoxale. Néanmoins elle rejoint son homologue marocaine dont on n’oublie parfois que sa nature, ses spots magiques, ses plages désertes, ses forêts, demeurent liés à une certaine fragilité, celle du terrain sismique sur lequel nous vivons. En cela, l’Islandais de Reykjavik comme le marocain d’Agadir est contemplatif et reconnaissant devant une nature dont il sait qu’elle est incontrôlable mais lui offre des paysages enviés par le monde entier.
Surf extrême
En Islande on surf dans une mer glacée, parfois sous la neige, dans une eau parfois sombre, toujours extrêmement froide. Les touristes islandais ne risquent pas de vous ennuyer par rapport à la température de l’eau ; en revanche, probablement faudra-t-il mettre le paquet pour leur procurer de l’adrénaline et les éblouir tant les spots déserts autour de Reykjavik sont de toute beauté et les conditions extrêmes afin de pratiquer ! Les écoles de surf d’Agadir n’ont qu’à travailler leur copie, le rider Islandais sera probablement téméraire et insatiable !
Des traditions et une culture en héritage
Les Islandais préservent, transmettent et choient leur culture, leur tradition à travers les Rimurs, des contes épiques, une littérature orale et écrite dense et riche aux frontières du fantastique. Est-ce les longs hivers nocturnes et les lumières féériques des aurores boréales ou encore les étés au soleil lancinant qui permirent aux Islandais ce terreau imaginaire si fertile ? Là encore cela vous évoquera des parallèles avec les histoires et contes amazighs, les Rways et leurs poèmes épiques et l’attachement d’un peuple à son essence traditionnelle. L’Islande porte en son sein une force identitaire et une fidélité aux anciens mythes qui les rendra probablement réceptifs aux festivals de musique traditionnelle tels que Timitar et à tout ce qui touche à l’appartenance aux traditions.
Ca donne envie d’aller à notre tour découvrir cette culture, hein ? Bien entendu, les Gadiris, Marocains et résidents étrangers au Maroc peuvent saisir l’occasion d’envisager leurs prochaines vacances à Reykjavik même si, dans notre sens, pas encore de vol direct ! En attendant dès novembre des rencontres inattendues avec les ambassadeurs-touristes de ce peuple du Nord, si lointain, si proche.
Texte Nathalie Perton
Photo Creative Commons.