• Agadir
  • >
  • Stories
  • >
  • Dhafer Hafidi alias Jogolimpo, itinéraire d'un capoeriste à Agadir!

Dhafer Hafidi alias Jogolimpo, itinéraire d'un capoeriste à Agadir!

Capoeira
Zara Kadiri
Editor Made in Agadir
22 novembre 2011

Qui pense savoir ce qu'est vraiment la capoeira? Une danse? Un combat? Un vecteur de valeurs humaines? La capoeira recèle bien des secrets, riche d'une histoire qui parle d'esclavage, de courage et de survie. Made in Agadir a rencontré Dhafer Hafidi, professeur de capoeira, passionné et porteur d'un mouvement social et culturel pour les jeunes de sa ville. En avant !

Made in Agadir : D'où vient le nom de Jogolimpo ? Pourquoi donner un surnom au capoeiriste?

Dhafer Hafidi : Chaque capoeiriste confirmé ou lors du batizado peut recevoir son appelido ou surnom de capoeiriste, correspondant à sa personnalité ou à un trait de caractère marquant. Le mien me vient de mon premier maître et veux dire "fair-play". Ces surnoms sont un moyen de reconnaissance entre capoeiriste, une sorte de code mais rien n'est obligatoire on peut très bien pratiquer et garder son propre nom.

Made in Agadir : Au Maroc, nous avons les gnawas. Peut-on tracer un parallèle entre leur art et celui des capoeiristes?

Dhafer Hafidi : Effectivement il existe de nombreuses similitudes entre l'art gnawi et l'art de la capoeira car ils ont une histoire commune. L'origine africaine principalement et ceci se retrouve pratiquement dans tous les pays concernés par le colonialisme et la traite négrière notamment. Nous retrouvons par exemple des pas de danses identiques, des symboles communs, l'utilisation d'instruments de percussion ainsi que les chants sous la forme d'un chanteur principal avec une réponse des choeurs... mais celà va bien au delà !

Made in Agadir : Pouvez-vous nous parler de votre implication associative pour les jeunes de votre ville?

Dhafer Hafidi : La capoeira aujourd'hui a une renomée et une respectabilité certaine, c'est un ascenceur social, un moyen de retrouver une dignité parfois perdue. Concrétement, un enfant qui a une esperance de vie de 20 ans (en vivant dans un milieu hostile, de drogue, prostitution, guerre des gangs) peut grâce à la capoeira s'en sortir plus facilement. La capoeira est un excellent vecteur de valeurs humaines pour comprendre le vrai sens de la liberté, du respect, de la dignité et de la tolérance. Comme tous les arts martiaux, elle exige beaucoup de discipline et de responsabilité. Ainsi depuis 2006 je fais découvrir la capoeira aux jeunes directement dans la rue mais aussi depuis un an dans un cadre plus officiel. Le service culturel de la municipalité d'Agadir met à notre disposition différentes salles dans les quartiers les plus sensibles. Ainsi une quinzaine de jeunes qui ont découvert la capoeira cette année ont présenté un spectacle étonnant devant un public définitivement charmé. J'espère pouvoir continuer ce travail le plus longtemps possible.

Made in Agadir : Pensez-vous que la capoeira a un réel avenir à Agadir? Et de quelle façon comptez vous la développer?

Dhafer Hafidi : Je ne le pense pas j'en suis sûr !! :)Oui la capoeira en est encore à ses balbutiements au Maroc et nous n'avons pas encore beaucoup de soutien local. Bien sûr avec plus de moyens elle se développerait plus facilement, rendre la capoeira accessible aux différentes populations locales selon leur besoin, continuer le travail social et associatif d'un côté tout en développant le côté professionnel. Une grande partie de nos actions sont bénévoles mais il y a aussi un côté financier à développer comme proposer des teams buildings, des stages intensifs avec des professionnels brésiliens, des shows. Mon objectif est de trouver des partenaires pour développer l'aspect touristique. Cela fait trois ans que nous organisons avec des partenaires européens un camp surf de capoeira à Taghazout. Le projet a fait ses preuves et doit être maintenant développé. 

Made in Agadir : Quel sont vos souhaits, vos projets pour l'année 2012?

Dhafer Hafidi : Pour l'année 2012 j'aimerais que le groupe se développe mais tout seul c'est difficile. J'ai déjà investi tout ce que j'ai mais ce qui nous manque le plus à Agadir c'est un mécène, un sponsor ou un partenaire à long terme. Nous avons déjà fais nos preuves plusieurs fois aussi bien avec des entreprises qui nous ont fait confiance ainsi qu'avec les autorités locales, il est temps aujourd'hui de sortir du système D et de concrétiser pour que nous puissions être capables d'organiser plus de stages et de recevoir les maîtres brésiliens de la meilleure façon possible. Cela suppose une forte organisation et un soutien financier important car nous avons quand même beaucoup de frais.

Le potentiel est énorme, beaucoup de surprises sont à venir. :)Le groupe de capoeira Senzala de Santos se produit à la demande en écrivant à [email protected]. Une fois par mois, une représentation gratuite et accessible à tous est organisée sur la corniche d'Agadir.

Interview Emmanuelle Marty

Photo Hakim Joundy

 

Zara Kadiri
Editor Made in Agadir
22 novembre 2011

Vous aimerez aussi