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Agadir : la mémoire d'un séisme, la force du renouveau

Histoire
Alice Joundi
Editor Made in Agadir
28 février 2015

29 février 1960, il y a 55 ans, de brèves mais gigantesques secousses (magnitude 5,7 sur l’échelle de Richter) ébranlent Agadir, faisant 15 000 morts et la transformant en un champ de ruines. Une catastrophe qui marqua à tout jamais la ville et ses survivants. Mémoire d'un instant à la fois tragique et déterminant pour l'actuelle capitale du Souss, dont l'actuel dynamisme doit aussi sûrement à son histoire.

C’était le 2 ramadan 1380, le chergui* sévissait. Il était 23h29. Les Gadiris dormaient ou s’apprêtaient à le faire après leur repas du soir quand la terre trembla. Quinze longues secondes. Puis ce fut l’obscurité totale. Le lendemain matin, un spectacle effroyable et désolant s’offrait au regard des survivants.
Tout le monde se mit en devoir d’aider les secours accourus après le séisme pour retrouver qui son enfant, qui son voisin, qui les clients de son hôtel, mais au bout de longues journées de recherches, il fallut bien se rendre à l’évidence : sous les décombres d’Agadir dévastée avaient péri 15 000 personnes, soit environ un tiers de la population. Les rescapés comptaient, eux, plus de 20 000 blessés. La solidarité joua pour que toutes ces victimes et sans abri retrouvent un semblant de vie normale après ce traumatisme, qui hante encore maintenant les survivants et que les faibles secousses de fin 2014 ont ravivé. 

Le port, la zone navale et le sud (Bensergao) furent épargnés. En revanche, la kasbah (Agadir Ofella) qui s’élevait dans la montagne au-dessus de la ville, fut ravagée. L’ancien quartier du Talborjt, presque complètement détruit, est devenu zone sacrée (son aménagement de jardin botanique est en projet dans les dossiers).
En sa mémoire, un nouveau quartier édifié depuis au-dessus de la Ville Nouvelle (reconstruite en béton et selon des normes antisismiques par des architectes de renom en collaboration avec les architectes locaux qui relevèrent ce défi) fut appelé Nouveau Talborjt. C’est le Talborjt qu’on connaît aujourd’hui, en contrebas duquel on peut voir le Mur du Souvenir sur lequel s’inscrit cette phrase du roi Mohammed V : " Si le destin a décidé de la destruction d'Agadir, sa reconstruction dépendra de notre foi et de notre volonté. »"(une petite plaque commémorative interpellant les touristes serait la bienvenue !). 

Garder en mémoire...

Certains orphelins furent envoyés à Rabat puis recueillis. Beaucoup sont revenus dans leur ville aujourd’hui et s’organisent pour commémorer la catastrophe qui les a frappés si durement. Ce week-end verra ainsi se dérouler le 1er Mirror Arts Festival ainsi qu'une autre manifestation à Hay Hassani (la cité d’urgence construite pour reloger les sans abri), portée par l’association Tiwizi. 
Pour plus d’informations sur ce tragique 29 février rendez-vous au Musée de la mémoire à Agadir. Nous vous invitons aussi à découvrir le magnifique travail de mémoire réalisé par Marie-France Dartois. Un exemple de témoignage qui y figure, celui du Dr Corson, médecin volontaire venu de France au secours d'Agadir, qui avait connu la Kasbah avant son effondrement : « Agadir n'est plus qu'une ville morte. La Kasbah est certainement le quartier qui a le plus souffert. À l'intérieur des remparts, il n'y persiste rien d'intact, sauf l'école, seul bâtiment construit en béton armé. 

... Et aller de l'avant


Aujourd'hui encore, Agadir sait mêler ce que l'histoire et les traditions lui léguèrent à cette indispensable renaissance, source intarissable de dynamisme et d'adaptabilité. Marquée dans ses murs et ses esprits par cette catastrophe, la capitale du Souss demeure, 55 ans après, un emblème du renouveau et de détermination.

* nom d'un vent fort soufflant sur la région d'Agadir certains jours de l'année.

Texte Isabelle de Balathier
Photo DR

Alice Joundi
Editor Made in Agadir
28 février 2015

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