Claudio Bravo, un chilien très "marocain"

ART
Editor Made in Agadir
18 janvier 2012

Près de 40 ans après son arrivée au Maroc, le peintre chilien Claudio Bravo s'est éteint sous le soleil de Taroudant, après quelques années à Tanger et Marrakech. Un amoureux du Maroc nous quitte, laissant derrière lui les habitants de Taroudant qu'il prenait pour modèles, dans le deuil. Retour sur un parcours peu commun.

Peintre chilien né en 1936, Claudio Bravo s'est éteint sous le soleil de Taroudant en Juin 2011. C'est en 1972 qu'il pose ses valises au Maroc, à Tanger plus précisément, dans le quartier Marshane, face à la mer. Il y passe quelques années pour ensuite mettre le cap sur Marrakech où il possédait une résidence secondaire et c'est à Taroudant qu'il s'éteint, face à son dernier tableau.

C’est dans cette ville du sud marocain, que Claudio Bravo a passé ses plus belles et productives années. Dans une ferme aux plantations rectilignes, une sorte de forteresse, sans fenêtre sur l’extérieur. Des hauts plafonds, des voûtes et des murs blancs pour y laisser vivre la lumière du pays, exceptionnelle à ses yeux. "Fasciné par la composition des choses dans ce pays”, il est bouleversé par ses couleurs et ses habitants.

Ses tableaux racontent le Maroc et son inspiration pour l’Islam avec une belle série dédiée à des hommes en prière. L’artiste s’inspire de son ambiance et de sa lumière, les passants et habitants de son quartier deviennent ses modèles et héros de ses oeuvres. La chronique écrite par Tahar Ben Jelloun, "La Ferme de Claudio Bravo", décrit parfaitement la similitude entre l’artiste et son oeuvre, entre l'extrême netteté de son trait et la rigueur de son atelier, entre son désir de dépeindre le monde tel qu’il est et son amour des gens. Mais surtout, ne pas comparer ses tableaux à des photographies. Comment le pourrait-on d’ailleurs ? Même le réalisme, l’hyperréalisme ne collent pas. Quoi de plus changeant que la réalité justement. Aller au-delà du réel serait plus approprié, un “réalisme dur”. Claudio admettait lui-même une parenté avec le peintre espagnol Antonio Lopez et l’américain Vincent Desiderio, tous deux maîtres du réalisme, le premier avec inquiétude, le second avec cruauté.

Taroudant sera donc à la fois le théâtre de son travail et son paradis privé. Cerné par les objets traditionnels de la région, il choisira comme couleur quasi unique, celle de la terre, le beige, jusqu’à sa calèche et son cheval avec qui il aimait faire le tour de la ville. Un personnage, sans aucun doute, aussi secret et réservé que les habitants de Taroudant sont chaleureux et accueillants. C’est sûrement là, une des raisons de son attachement profond pour le Maroc.

Texte Stéphanie Jacob

Photo DR

Editor Made in Agadir
18 janvier 2012

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