Alain Gerez à Agadir : " des choses belles et fun"
Quand on rencontre l’univers d'Alain Gérez, on sait d’emblée qu’on est dans un univers de célébration de la vie, des couleurs, des formes. Ultra contemporain et design, il met de la couleur et joue des formes au-delà des proportions. L’artiste est tout sauf un torturé et il le revendique ! Vous pouvez encore découvrir ses oeuvres insolites jusqu'au 15 avril au Sofitel Royal Bay. En attendant, nous l’avons rencontré pour vous. Interview.
Arrivée au Maroc : du golf à la peinture, de la mesure à la démesure
Alain a toujours aimé le Maroc. Depuis trente ans il y voyage et y joue au golf car il est aussi un excellent joueur. Mais au début des années 2000 il perd un être cher et on lui propose peu après de participer à un projet golf à Marrakech. Au diapason de la chaleur et de la vie Marrakchi, Alain décide d’y poser ses valises et ; venu pour le sport, il s’adonne de plus en plus à l’une de ses passions : la peinture. Mais Marrakech lui propose très vite l’étendue de ses matériaux, de ses couleurs et, peu à peu, il en arrive à la sculpture qui constitue maintenant l’essentiel de son art. Avec un trophée vache-qui-rit comme déclencheur, son addiction sculpturale ne va plus s'arrêter. Si on reconnait l'héritage et l'admiration de Richard Orlinski dans son oeuvre, de par les matières et les formes gigantesques parfois, la "patte" de Gerez reste néanmoins unique, que ce soit dans le choix des modèles ou dans la variété de ses formes créatives : les femmes araignées....
Artiste pluridisciplinaire, créatif insatiable aux œuvres hors- dimensions
Architecte, designer, passionné de danse, peintre et sculpteur, Alain, on sent qu’il n’aime pas trop les cases, les cloisonnements. De ses sculptures de femmes longilignes, celles qu’on a appelées "femmes-araignées" à ses hippopotames dodus, Alain nous offre l'étendue des dimensions de son univers, illimité. Les silhouettes de femmes fines et allongées s’inspirent de la danse qui l’a toujours fasciné, quand, encore élève aux Arts déco il prenait en photo les danseuses de l’opéra sur son temps libre. Architecte pendant une grande partie de sa carrière, il en a hérité certainement le sens des formes, des proportions et des matières. Souvent conçues avec du métal, en plus ou moins grandes proportions et des résines polyester, les sculptures d’Alain décloisonnent aussi l’idée d’œuvres d’intérieur car les siennes sont faites pour pouvoir être exposées hors mur, enduites de vernis spéciaux pour supporter l’air et l’extérieur. Enfin, si l'on peut dire que les créations de Gerez sont "hors dimensions" c'est de par leurs mesures, certaines géantes, pouvant atteindre quatre mètres de haut.
Un jardin insolite
De sa rencontre avec la sculpture, Alain ne se remet pas et depuis plus de dix ans, il cumule les œuvres insolites et pourtant il ne le fait pas exprès "rien n’est calculé dans mon art, je ne le fais ni pour la consécration, ni pour la reconnaissance mais parce que j’aime ça et que je m’amuse. Je suis extrêmement créatif et productif alors ça peut partir dans tous les sens". Cela donne un jardin d’œuvres ultra contemporaines et atypiques, faites de matières insolites et couleurs vives : des hippopotames aux formes arrondies et colorées et en surf, en skateboard ou en fauteuil, un taureau acrobate, un trophée vache qui rit, un chien conduisant une voiture de sport …
De l’art sans prétention, de l’art … De vivre ?
Si c’est probablement de sa sensibilité et de sa souffrance face à ce deuil que vient son arrivée au Maroc et ce qui en a découlé, Alain a magnifié cela en une ode à la vie qu’il ne cesse de célébrer. Artiste boulimique de vivre, jamais rassasié, il ne cesse de créer, probablement -on le suppose- comme il vit, à la follie! C’est elle qui le fait atterrir à Marrakech dans cette maison-atelier où il vit dans 25m2, mais où son atelier occupe les quelque 120 m2 annexes car il le dit lui-même : "cela aurait pu être Agadir que j’adore aussi, j’aime profondément le Maroc". Alain ne parle pas trop de lui-même, plutôt humble et gai, il ne supporte pas trop l’idée d’un art forcément complexe, intellectuel ; il a le sourire contagieux des amoureux de la vie alors si vous avez envie d’une expo qui vous laisse le sourire, laissez vous tenter par cet univers hors- cadre qu’est celui d’Alain Gérez.
Texte Nathalie Perton
Photo DR