La Tunisie, l'émancipation au féminin.

Histoire
Editor Made in Tunis
16 août 2011

La femme tunisienne fait parler d’elle dans le monde arabe depuis plus de cinquante ans. En pour cause, le code du statut personnel décrété le 13 Aout 1956 était une exception. Une évolution que les femmes célèbrent avec conviction et fierté chaque année.

L’émancipation de la femme tunisienne commence sous Bourguiba, mais la pensée et l’idéologie de Tahar El-H’addâd (1899-1935) a préparé un terrain propice au changement. En 1930, ce patriote écrit l’ouvrage « notre femme dans la charia et la société ». Sa théorie avait été largement critiqué et attaqué par les conservateurs mais a ouvert la voie de l’émancipation possible. Dans la logique des réformes initiées par Habib Bourguiba, la révision du code du statut personnel de la femme faisait partie des priorités. Fervent défenseur des droits des femmes, trois mois après l’indépendance, il engagea une série de lois qui apportaient des bouleversements radicaux dans la vie des femmes. La polygamie et la répudiation furent abolies, le mariage a lieu sous le consentement mutuel, il est interdit avant l’âge de 17 ans et la femme a désormais le droit au divorce. Une évolution inimaginable dans d’autres pays arabo-musulmans. Au Maroc, le statut personnel de la femme n’a été modifié qu’en 2004 seulement.

Plus tard, la loi tunisienne a été renforcée par le droit de vote et à l’avortement. La constitution de 1959 accorde l’égalité entre homme et femme dans le domaine du travail. Néanmoins, l’égalité dans l’héritage est encore un sujet de débat. En effet, la femme ne représente qu’une part contre deux pour l’homme.
Malgré ces lois, la place de la femme dans la vie politique était, jusqu’à présent, encore marginalisée. Les associations de femmes, des militantes ont toujours lutté pour conserver les acquis et les faire évoluer. Après la révolution de janvier, elle ont réussi à faire inscrire la parité dans la Constituante.
La femme n’a jamais cessé d’être un sujet de débat, elle représente près de la moitié de la popultaion du pays et un quart de la population active. A l’heure où d’autres femmes se battent ailleurs pour avoir le droit de conduire, les tunisiennes sont fières de leur position et de leur situation et vigilantes même si la société tunisienne ne conçoit pas un changement vers un statut régressif de la femme. La tunisienne est un sujet de recherche, elle travaille, vote, milite, conduit, voyage seule, et sort sans être accompagnée par un homme et cela depuis 55 ans. Reste à trouver sa place légitime dans un monde politique encore très masculin. Le pays n’a pas fini d’entendre sonner la voix de la femme tunisienne.

R.M.

Editor Made in Tunis
16 août 2011

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