La cage de Sidi Bou Saïd, merveille de l'artisanat.

Assis sur une chaise, Hédi Arfaoui tient des petits bâtons de bois d’olivier et les assemble à l’aide de fils de fer. Dans son atelier où résonne le chant des canaris, des cages terminées attendent le client, d’autres sont en cours de finition et toutes sont fabriquées avec l’amour du travail bien fait. C’est en 1968 que Hédi Arfaoui décide d’apprendre cet art. A 16 ans, il entre dans les ateliers de l’Office National de l’Artisanat comme stagiaire où il est formé par les meilleurs artisans de l’époque. Il évoque ces débuts avec fierté.
« J’ai eu une excellente formation et la chance d’avoir appris auprès de Hamadi Abdelali, le pionnier dans la fabrication des cages avec Azouz Samouda. Ce sont eux qui ont donné les lettres de noblesse à cette cage dans les années 60 » . Selon lui, l’histoire de la cage est simple. « Un homme trouve une cage écrasée à Sidi Bou Saïd, il la ramasse et en fait cette nouvelle cage que tout le monde connait ». C’est le début de la cage de Sidi Bou Saïd faite de lignes et de courbes, de fer et de bois. « Des personnalités du monde entier en ont acheté. On peut trouver des volières chez des chefs d’états ».  A ses débuts, il n’était pas certain de pouvoir en vivre mais rapidement, il finit par en vendre et ne s’arrêtera jamais. Hédi Arfaoui n’a rien changé à la technique que ces maitres lui ont appris. Il n’a ni règle, ni compas, il travaille à l’oeil, au touché, au feeling et accomplit seul toutes les étapes de fabrication. On trouve différentes tailles de cages, de la petite décorative à la très grande volière qui peut atteindre 2500 dinars. Il faut en moyenne trois jours pour réaliser une cage solide et de bonne qualité. « Pour être un fabriquant de cage de Sidi Bou Saïd, il faut être calme, patient et aimer travailler seul ». Hédi Arfaoui regrette que la nouvelle génération ne soit pas intéressée par les métiers de l’artisanat. « Les jeunes n’ont plus la patience que nous avons. Aujourd’hui ils veulent travailler vite et gagner beaucoup d’argent ». Pourtant, l’artisan aime transmettre son savoir faire, il reçoit volontiers des stagiaires, des jeunes hommes et des jeunes filles prêts à apprendre et à perpétuer cette discipline. Son savoir faire l’a amené à visiter une cinquantaine de pays et il est encore régulièrement appelé à faire partie des représentants de l’artisanat tunisien à l’étranger. Il pourrait quitter son atelier et le chant des canaris, il pourrait s’arrêter de fabriquer ces cages, mais il a choisi de continuer à donner cette forme exceptionnelle à cet objet propre à la Tunisie.

R.M.

Cage de Sidi Bou Saïd : Maison de l'artisanat Den-Den. tel : +216.21.737.741