Rim Temimi, un regard libre

Portrait
Aziz MadeinMedina
Editor Made in Tunis
27 juin 2011

Avec les idées claires et un regard affirmé, Rim Temimi garde les yeux ouverts et l'esprit libre des artistes engagés.

On lʼa vu sur les chaines de télévisions, découverte dans les magazines avec le collectif Dégage, entendu sa voix grave à la radio. Mais ce quʼil faut connaitre de Rim Temimi, ce sont avant tout ces photographies, ces histoires quʼelle raconte par étape à travers son objectif. « A 16 ans, jʼai eu la chance dʼavoir entre les mains un appareil professionnel. Cʼétait un Minolta » se souvient-elle. « Mon père était lui aussi passionné de photographie mais nʼen a jamais fait un métier ». Des métiers, Rim Temimi en a plusieurs dans sa vie. Un peu de maintenance informatique, des cours dʼinternet aux plus de 50 ans, « cʼest merveilleux de voir leurs yeux briller quand ils découvrent le web ». Elle a également assuré des remises à niveau en philo, anglais, français, mais jamais en italien malgré une maitrise dans la discipline. « Je me suis habituée à avoir plusieurs activités » raconte-t-elle. Il est loin le temps où elle suivait des cours de développement photo et de cadrage à la fac. Archiviste, elle prend son temps pour passer de lʼargentic au numérique. Autodidacte vivant dans un univers rempli dʼimages, Rim Temimi ne résume pas la photographie à un métier qui lui permet de gagner sa vie. " Cʼest un travail de mémoire, un témoignage, toute une histoire où le mensonge nʼa pas sa place ".
Depuis quelques années en Tunisie, la photographie a commencé à dépasser le sujet des mariages. Certains on découvert quʼils avaient du talent. Même si le statut du photographe nʼest pas encore reconnu clairement, la discipline sʼenrichit et progresse. « On a survécu entre artistes grâce à dʼautres principes que lʼargent. On fonctionne au coeur et aux envies. On sʼest rendu compte quʼon avait crée depuis quelques années une organisation efficace. On est une dizaine dʼartistes différents à sʼêtre toujours soutenus dans nos galères. On fonctionne au troc. Je fais le portfolio pour un ami styliste et je suis payé en vêtements ». En échangeant sans se soucier des calculs, le système permet aux artistes comme Rim Temimi de garder leur liberté.
La liberté, cʼest ce quʼelle et dʼautres photographes tunisiens ont saisi dès le 10 janvier 2011. « Je nʼai jamais eu peur de la mort, seulement de lʼexil, mais à cette date, je nʼavais plus peur de rien ». Elle fait partie de ceux qui ont figé le passage du pays à la liberté. Elle immortalise des visages anonymes, des scènes de la révolution, des émotions.
 

Exposés à lʼInstitut du Monde Arabe à Paris, puis à Narbonne, Berlin et Barcelone, les clichés de Rim Temimi rejoignent ceux du collectif Dégage. Ils sont 12 photographes tunisiens amateurs et professionnels à présenter un témoignage de ce quʼils ont vécu de lʼintérieur les yeux fixés sur leurs objectifs. Lʼévénement historique tunisien devient artistique et propulse enfin les photographes comme Rim Temimi sur la scène internationale.


R.M.

Credit photo : Rafaa Lahiani

 

Aziz MadeinMedina
Editor Made in Tunis
27 juin 2011