La jeune fille au faucon.

Portrait
Editor Made in Tunis
31 août 2011

On la croise au coin d’une rue de Sidi Bou Said. Son père n’est jamais très loin, protecteur, instructeur et fier de sa fille. Marwa Khiari vole sur les traces de ses ancêtres, perpétuant la tradition du dressage du faucon pèlerin. La jeune fille voue une passion émouvante pour ce puissant animal.

Sa famille est native d’El Haouria, la région connue pour sa tradition de la fauconnerie en Tunisie. On y organise un événement par mois autour de ce rapace. Marwa et sa famille vivent près de La Marsa. Elle aime raconter son histoire et la passion du clan pour le faucon pèlerin. Un large sourire, des yeux pétillants et le faucon Massoud sur le bras, elle interpelle les touristes les invitant à se prendre en photo en compagnie de cet animal impressionnant. « Je viens avec mon père depuis que je suis toute petite et j’ai toujours fait en sorte de ne jamais perdre ma passion pour le faucon pèlerin tout en suivant mes études » . Marwa vient d’obtenir une licence et compte bien ne pas s’arrêter là. A 23 ans, elle est l’ainée de la famille. « Mes parents sont fiers de moi et ma mère sait que si je ne trouve pas travail, je pourrais toujours gagner ma vie grâce à ma connaissance du faucon » .  Tout comme elle, son père a suivi des études et a appris plusieurs langues. Il a reçu l’enseignement de la fauconnerie de son père. « La technique de dressage est transmise de génération en génération. Dans ma famille, le faucon est devenu un membre important ». A l’origine la fauconnerie est avant tout un passe-temps et une discipline traditionnelle. Son grand-père utilisait le rapace pour la chasse et son père a décidé de l’utiliser pour gagner sa vie. Il y a 35 ans, le père de Marwa arrive à Sidi Bou Saïd. A cette époque, ce charmant village voyait passer quelques rares touristes allemands et français. « C’était encore la campagne, les gens descendaient à dos de mule dans les rues » dit elle en souriant. « Mon père a toujours gagné sa vie de cette manière avec différents faucons pèlerins qu’il a respectés et choyés. Aujourd’hui nous travaillons avec Massoud âgé de huit ans. Il est trop vieux pour voler mais c’est notre roi ». Marwa parle des faucons comme de frères, c’est avec émotion et respect qu’elle raconte son amour pour l’animal. « Massoud, c’est mon père, mon ami, mon bébé. Nous avons aussi Messi et Saidia qui sont plus jeunes mais Massoud reste le chouchou de la famille. Il est calme, ressent tout et comprend tout. S’il tombe malade, toute la maison s’inquiète, nous ne connaissons pas de médecin spécialiste du faucon. Récemment, Massoud a eu une maladie grave, je refusais qu’il meurt alors j’ai cherché des remèdes sur internet et un vétérinaire m’a préparé une pommade. On a réussi à le sauver d’une maladie généralement fatale pour les faucons pèlerins ».  Pour Marwa, le faucon n’est pas un outil de travail duquel il faut prendre soin, elle ne supporte pas qu’un ces rapaces soit mal traité. « En général si je repère un faucon malheureux, mal-aimé, je l’achète quel que soit son prix. Je le soigne, je le nourris et je le laisse partir ». Massoud, le faucon de la famille en a vu passer des stars, Angelina Jolie, Tom Cruise, Kofi Annan, se sont arrêtés devant la beauté et la force de Massoud dressé et aimé par Marwa et son père. 

R.M. 

Retrouvez le fauconnier et sa fille Marwa à l’angle du restaurant Dar Zarrouk. 

 

Editor Made in Tunis
31 août 2011