Vigon, de Rabat à The Voice

PORTRAIT
Editor Made in Rabat
18 avril 2012

De son vrai nom Abdelghafour Mouhsine, cet artiste âgé de 66 ans a décidé de pousser le destin en se présentant au casting du radio-crochet français The Voice, face à une jeunesse talentueuse et motivée. Bonne pioche, Vigon, son nom d’artiste, s’impose chaque samedi sur TF1 et explique que cette participation, à une heure de grande écoute, a bouleversé sa vie, bien plus que ses cinquante ans de carrière.

Car l’artiste chante depuis l’enfance. Son parcours est jalonné de belles rencontres et de succès dans le monde du rock. Premières parties d’Otis Redding, de Steevie Wonder, il marque les années 60 avec son groupe Les Lemons. Toujours armé d’une ébauche de banane, chère aux rockeurs de l’époque et de Ray Ban, Vigon soigne son image et sa silhouette noire, et impose sa rage de gagner ce concours télévisuel.

Vigon est né à Rabat le 13 juillet 1945, au sein d’une famille modeste et nombreuse, mais heureuse. Ses premières performances, il les fait devant les américains, basés à Kénitra. Puis se décide en 1964 à faire comme tous ses amis, partir en France. Hébergé par des amis en banlieue parisienne, avec un tout petit budget mais beaucoup de culot et de volonté. S'enchaînent alors rapidement, les salles mythiques du rock français de l’époque, le Golf-Drouot et le Bus Palladium. Et son premier 45 tours, un an seulement après son arrivée. Puis, plus rien, car ce mouvement musical s’essouffle et ne rencontre plus la ferveur du public. Il fera quand même les premières parties de Johnny Hallyday, avant de décider de son retour au Maroc en 1978. C’est là-bas que pendant vingt-trois ans, Vigon chantera dans des piano-bars et des soirées privées. Ce qui pourrait passer pour une chute est en fait un choix de vie consenti. La vie d’artiste fait place à la vie de famille. En 2000, nouveau tournant, avec trois enfants, une femme, il décide de retourner en France, où il reprend ses tournées à Paris, soutenu par ses amis, et notamment Michel Jonasz.

Le but de sa participation aujourd’hui à The Voice n’est évidemment pas de lancer sa carrière, comme les autres participants. La décision de Vigon est plus personnelle, plus sensible aussi, car elle est motivée par le souvenir de sa fille Sofia, disparue l’année dernière, qui était elle-même chanteuse et qui préparait son premier titre. Comme une revanche, ce père meurtri semble animé par une force qui le dépasse. Au lieu de sombrer dans le désespoir, Vigon sauve sa peau en montant sur scène, sous les projecteurs. Et comme il le définit lui même : “un parcours à l’envers, le concours de talent après la carrière”.

Texte : Stéphanie Jacob

Photo : DR

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