Rabat sous les déchets
Depuis le préavis de grève des éboueurs de Tecmed, déposé début mai 2012, les habitants de Rabat doivent affronter toutes les conséquences sanitaires liées aux amas de poubelles dans les rues de la capitale.
La situation, qui peine à trouver une solution, met en lumière les carences de gestion du ramassage des déchets. Partout, du quartier populaire aux grandes artères, devant des cafés très fréquentés, comme devant les bâtiments administratifs, le mouvement n’épargne personne. Les grévistes ont réussi à obtenir des satisfactions à certaines de leurs revendications, pourtant le problème persiste. Le Maire adjoint de la ville, Abdelmounim El Madani, est monté au créneau en pointant du doigt la société en charge du ramassage des ordures ménagères et le non-respect de son cahier des charges. La population dénonce, elle aussi, un manque de poubelles dans les rues et la présence régulière, hors période de grève, d’ordures et de sacs éventrés, qui s'entreposent sur la chaussée.
Les éboueurs n’en sont pas à leurs premières révoltes. Ils se battent depuis longtemps pour notamment de meilleures prestations sociales. Les bras de fer n’ont jusque là fait naître aucune réelle avancée pour leur situation. En mai dernier, la convention signée entre les ouvriers, la wilaya et les sociétés prestataires, comme Tecmed, a calmé le jeu en versant aux salariés deux mois de prime, soit 1.000 dirhams et deux autres mois négociés au terme de la signature.
Quelques chiffres …
Cette convention concerne quelque 400 ouvriers, pour un salaire minimal de 2.200 dirhams. Autre acquis, la société s’est engagée à porter à 1.500 dirhams la prime pour la fête de mouton au lieu de 500 habituellement. 4 prestataires, aux moyens d’action différents, se partagent la ville de Rabat, comme CGEA-Onyx, Tecmed et Nicolin-SOS NDD. Les concessions sont renouvelables d’un commun accord tous les 6 ans.
La situation deux mois après …
Il reste encore de nombreux endroits à Rabat où s’entassent les déchets. Avec la chaleur, les conséquences sanitaires peuvent être graves et la gêne visuelle et olfactive s’amplifie. Un nouveau cahier des charges, à destination des sociétés prestataires, devrait être travaillé. Le contrat avec Veolia, en charge de la propreté des quartiers de Hassan et Yacoub El Mansour, sera éconduit, en raison du manque de moyens de travail et humains. Même si les résultats ne sont pas parfaits concernant les sociétés Tecmed et Seta, il a été décidé de prolonger leur partenariat avec la ville. Tous les habitants espèrent seulement retrouver rapidement le vrai visage de Rabat. Ironie de l’affaire, rappelons que la capitale est, depuis le 29 juin dernier, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco !
Texte Stéphanie Jacob
Photo DR