Younes Duret ou la passion du design

Interviews
Dev Web
Editor Made in Marrakech
14 octobre 2010

M!M a rencontré Younes Duret, jeune designer franco-marocain installé à la Palmeraie depuis quelques années. Il nous parle de ses origines, de son travail et de ses inspirations.

M!M : D'où êtes-vous Younes Duret ? Younes Duret : Je suis né à Casablanca il y a trente ans. Mon père a vécu son enfance en Dordogne. Ma mère, d'origine marocaine, a été élevée dans une famille d'écrivain-politicien de Casablanca. J'ai grandi dans le sud de la France jusqu'à mon baccalauréat, puis j'ai intégré une prestigieuse école de design, l'ENSCI- Les ateliers. Enfant, je partais chaque été au Maroc accompagné de ma famille. Je pense que c'est l'union de ces différentes cultures et de ces différents pays qui nourrissent aujourd'hui toutes mes créations.

M!M : Vous avez toujours été intéressé par le design... Y. Duret : Enfant, je m'amusais à fabriquer des robots et des engins avec mes Lego. Ado, je me passionnais pour les mécanismes des objets que j'utilisais tel que mon scooter que j'ai démonté et remonté plusieurs fois. Et je dessine et peins depuis l'âge de 7 ans (tous les murs de la maison étaient couverts de mes Ïuvres). C'est donc de ces deux passions qui sont la science/ingénierie et l'art créatif qu'est née ma passion pour le design.

M!M : Quel est le travail de votre agence de design ? Y. Duret : Notre activité principale est de créer un objet "complet". Il doit regrouper des particularités qui sont l'innovation, l'ergonomie, la fonctionnalité, l'utilité, le style mais aussi sa possibilité d'industrialisation. Un designer se doit de posséder des compétences dans le design produit, d'espace mais aussi numérique et graphique. De plus, sa fonction est de se positionner comme une interface privilégiée entre une entreprise et les consommateurs. Pour l'entreprise, le designer contribue à créer ou à revaloriser son image de marque, à lui permettre d'intégrer plus rapidement un marché concurrentiel en créant des produits innovants. Pour les consommateurs, il répond à leur demande ou en créé de nouvelles en concevant des produits à la fois fonctionnels, esthétiques et utiles.

M!M : A qui s'adressent vos créations ? Y. Duret : Tout dépend du cahier des charges et de la demande du consommateur. Mon tricycle "Belek" a d'abord été pensé pour les usagers marrakchis. Je peux aussi créer un objet pour les enfants ou un meuble pour l'intérieur. Le designer doit avoir une capacité d'adaptation dans ses créations tout en proposant constamment de l'innovation.

M!M : Vous avez créé la théière Bildi et des stickers sur le thème de Marrakech. Comment sont nés ces objets ? Y. Duret : C'est le résultat d'une longue réflexion depuis mon enfance. Observer la vie dans la rue, les objets et les éléments qui m'entourent, voyager... mais aussi ma double culture alimentent ma créativité. J'absorbe tous ces éléments que je traduis par la suite dans mes objets. L'ENSCI m'a enseigné une méthodologie de création pour exprimer ce vécu dans un objet.

M!M : J'aime beaucoup votre bibliothèque Zelli, d'où vous est venu cette idée de créer une bibliothèque en forme de zellige ? Y. Duret : Cette bibliothèque retranscrit une partie de mon enfance, celle où je quittais la France pour le Maroc. Le zellige qui habillait les murs du salon de mes grands parents me fascinait. Comme un écrivain qui raconte une histoire, j'écris celle de mon enfance à travers cette création. J'espère pouvoir bientôt produire la théière Bildi et la bibliothèque Zelli à grande échelle. Nous souhaitons que ces créations deviennent plus abordables.

M!M : Parlez-nous de votre projet "Demasquini"... Le Secrétariat d'État chargé de l'Artisanat m'a mandaté afin de créer une nouvelle collection pour les artisans de Meknès. J'ai donc appris l'art de la damasquinerie grâce à ce projet. Un bel échange où les artisans ont eu la générosité de me présenter leurs méthodes de création. Il faut savoir que la damasquinerie est l'art - en voie de disparition - de la gravure sur acier ou sur fer, dont les tailles reçoivent ensuite des incrustations d'or, d'argent ou de cuivre formant dessins et mosaïques. Nous trouvons des artisans damasquineurs uniquement à Meknès et à Tolède (Espagne).

M!M : Pourquoi avez-vous décidé de vous installer à Marrakech ? Y. Duret : J'ai choisi de vivre à Marrakech il y a plus de quatre ans, car c'est une ville magique, généreuse de sa lumière, avec des paysages colorés uniques et une vie animée et active. Ici, je donne libre cours à mon imagination et à ma créativité.

M!M : Peut-on se procurer vos créations à Marrakech ? Y. Duret : Oui, il suffit de nous téléphoner. Nous vous recevrons à la Palmeraie, dans notre agence, et vous présenterons nos produits. Et nous avons aussi une boutique en ligne.

M!M : Vous préparez une exposition avec une galerie Marrakchie... Y. Duret : C'est un projet qui me tient à coeur. Les Chamooos (une de mes créations pour le restaurant Azar, qui a été exposée dans les vitrines des Galeries Lafayette à Paris, puis dans les loges du Festival du cinéma de Marrakech en 2009), donneront leur tête pour une performance artistique. Hassan Hajjaj, Nouredine Chater, Mist, Larbi Cherkaoui, Alexöne Dizac, Sébastien Preschoux, Tanc...ont accepté de jouer le jeu. Vous pourrez voir les Ïuvres début décembre, à la David Bloch Galery.

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14 octobre 2010