Un tunnel entre Ouarzazate et Marrakech

Société
Dev Web
Editor Made in Marrakech
8 février 2006

La réalisation d'un tunnel entre Ouarzazate et Marrakech, comme réclamée à l'unanimité par le Conseil provincial local, est de plus en plus d'actualité. Les habitants de la vallée de Drâa, qui comptent sur cette importante infrastructure pour rompre leur isolement, commencent à s'interroger pour savoir si le projet sera concrétisé un jour.

En cette saison enneigée qui provoque de fréquentes coupures de la route nationale N° 9 et d'importants dommages socio-économiques à la vallée de Drâa, le besoin de cet ouvrage se fait grandement ressentir.

A plusieurs reprises cet hiver, la route nationale principale N° 9 (RN9) était non opérationnelle comme en témoignent les différents communiqués du ministère de l'Equipement et des Transports qui ne cesse de mettre en garde les usagers du célèbre col de Tizi-N'-Tichka, situé à une altitude de 2.260 m contre les risques de neige et de verglas.

Connue pour être l'une des plus difficiles routes du Royaume, la RN9 est caractérisée surtout par un tracé sinueux et un profil en long accidenté sur une longueur de 146 km. La situation s'aggrave particulièrement du fait des chutes de neiges et des éboulements de terrains. Le tronçon le plus difficile dans ce sens n'est autre que celui reliant Taddart à Ighrem N'ougdal.

A ce niveau, il est souvent impossible de circuler. Une solution avait été conçue, en mettant en place une route reliant Ouarzazate à Demnate, à travers Ghassat. Seulement, tous les usagers se sont rendu compte qu'il vaut mieux prendre le risque de franchir le col de Tichka que de s'aventurer à prendre une route étroite et apparemment sans aucun entretien.

D'autres usagers étaient cependant contraints de faire le détour par Agadir (800 km), ce qui n'est pas non plus un voyage de luxe. La recherche d'une liaison routière stable et sécurisée, par le biais d'un tunnel est devenue, par conséquent, une nécessité afin d'assurer une circulation libre tout au long des quatre saisons.

Une étude de faisabilité de ce projet avait été élaborée en 1974, avant qu'une deuxième enquête technique et financière ne soit lancée en 1996. Elle est l'Ïuvre de la direction provinciale de l'équipement d'Ouarzazate.

Selon cette étude, la réalisation d'un tel ouvrage permettrait actuellement de réduire la distance Marrakech-Ouarzazate de 45 km et de réaliser un gain de temps de plus de 40 minutes pour les véhicules légers et d'une heure pour les poids lourds. Mais le véritable gain pour la population du Drâa, qui atteint 783.000 personnes, serait leur désenclavement et surtout la sauvegarde de leur vitalité socio-économique qui fait vivre une zone de 41.679 km2.

Le tracé de ce tunnel, long d'environ 10,300 km, est dicté essentiellement par la nature géologique des terrains à traverser. Les termes de l'étude technique prévoient la liaison par tunnel entre Asgaour et Tagadirt, suivie par une route neuve qui s'étend sur 12 km environ. Le coût global du projet est aujourd'hui estimé à 170 milliards de centimes.

L'étude indique également que la mise en place de cet ouvrage ne pose, dans les hypothèses de base, pas de gros problèmes de faisabilité. D'autant plus que le nouveau projet est renforcé par une base comparative par rapport à d'autres tunnels, dans d'autres contrées.

Concernant le volet sécuritaire, l'étude s'est inspirée des normes requises par l'Association internationale permanente des congrès de la route (AIPCR) et dont un comité des tunnels routiers publie tous les quatre ans des recommandations actualisées tenant compte des évolutions constatées dans les différents pays.

Dans ce cadre et outre les mesures d'exploitation, de surveillance et d'organisation des secours, le tunnel du haut Atlas prévoit la mise en place d'une usine de ventilation aux deux bouts de l'ouvrage, de garages espacés de 800 m, de refuges d'incendies dimensionnés de manière à recevoir une centaine de personnes avec une surface utile de 50 m.

D'autres mesures sont également prévues et portent sur l'éclairage, le désenfumage et la décompression. Se référant aux situations dans plusieurs tunnels, l'étude se veut réaliste et affirme que toutes ces mesures ne peuvent qu'améliorer la sécurité, sans pour autant prétendre la rendre absolue.

Le comportement des usagers, dans ce genre de situation, étant le plus décisif. Pour une vallée qui a choisi de faire du secteur touristique son créneau porteur de développement, la réalisation d'un tunnel à ce niveau et en ce moment serait d'un plus grand réconfort socio-économique mais également psychologique.

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Editor Made in Marrakech
8 février 2006