Un monstre sacré à Marrakech

Cinéma
Julien Antinoff
Editor Made in Marrakech
18 septembre 2013

Désigné président du jury longs-métrages du prochain Festival International du Film de Marrakech (29 nov - 7 déc), Martin Scorsese est aujourd’hui l’un des plus talentueux cinéastes au monde. Retour sur le riche parcours du réalisateur de Taxi Driver.

“Un film est l'expression d'une vision unique, plus il est personnel, donc, et plus il s'approche du statut d'oeuvre d'art.” Des oeuvres d’art, Martin Scorsese en a réalisé plusieurs, si l’on en croit les prix obtenus et les critiques à son égard. Pourtant, rien ne prédestinait le petit Martin, né à Flushing (New-York), en novembre 1942, à devenir un metteur en scène de renom. Sa jeunesse il l’a passe dans le quartier de Little Italy où il observe les gangsters, dont il parlera dans ses films. À cause (ou grâce) à un problème de santé, Martin passe beaucoup de temps au cinéma :”J’adorais les films et, comme j’avais de l’asthme, on m’emmenait souvent au cinéma car on ne savais pas trop quoi faire de moi. Ce qui me fascinait, c’était la taille de l’image sur l’écran…”

Au sein de sa famille sicilienne catholique, il développe une foi profonde qui le destine à une vie religieuse. Il intégre le séminaire afin d’être ordonné prêtre, mais, un an plus tard, il est renvoyé. Cet intérêt pour la religion, Martin Scorsese le traduit dans son très controversé long métrage La Dernière Tentation du Christ (1988) : “J’ai toujours désiré faire un film sur la vie du Christ depuis le jour où je l’ai vu à l’écran dans La Tunique.” Après cet échec au séminaire, Martin Scorsese s’inscrit à la Tisch School of the Arts, où il choisit la section cinéma. En marge de ces études, il découvre les films européens : “Pour moi, les deux premières minutes de Jules et Jim ont représenté un summum de libération”. Après avoir obtenu sa maîtrise en 1966, il devient professeur dans cette université où il aura pour élève Spike Lee et Oliver Stone. À cette même période, il réalise trois courts-métrages pour lesquels il remporte ses premiers prix.

Rencontre avec De Niro
Au début des années 70, Martin Scorsese se lie d’amitié avec des réalisateurs de sa génération : Francis Ford Coppola, Georges Lucas, Steven Spielberg et surtout Brian De Palma. Ce dernier présente à Scorsese, un jeune italo-américain, comme lui, prénommé Robert De Niro. Mean Streets (1972) est le premier film qui les réunit à l’écran. Le succès est au rendez-vous, De Niro impose son panache et Scorsese sa manière de filmer. Les deux hommes tournent, ensuite, Taxi Driver (1976), New-York, New-York (1977) Raging Bull (1980), Les Affranchis (1990), Casino (1995)... Pour sa performance dans Raging Bull, De Niro remporte l’Oscar du meilleur acteur, alors que Scorsese décroche la Palme d’Or pour Taxi Driver : “Presque tout dans ce film, vient de ce que je pense, que les films sont une sorte d’état onirique, comme quand on prend de la drogue.”

Au sommet de son art, Scorsese réalise Les Nerfs à Vif (1991), Kundun (1997), ou Gangs of New-York (2002). Ce dernier long-métrage marque la première rencontre entre le réalisateur et celui qui devient son acteur fétiche Léonardo DiCaprio. Ils sont de nouveaux réunis dans Aviator (2005), Les Infiltrés (2006), et Shutter Island (2010). 

Marrakech
Martin Scorsese connaît bien le Maroc pour y avoir tourné deux de ses films La Dernière Tentation du Christ et Kundun. Présent au FIFM en 2005, il avait été décoré par Mohammed VI du Wissam Al Kafaa al Fikrya, récompensant le mérite intellectuel. Deux ans plus tard, il est revenu avec DiCaprio pour présenter Aviator sur la place Jemaa El Fna. Cette année il succède à John Boorman en qualité de président du jury de cette 13ème édition. Une nomination accueilli avec bonheur : “J’ai fait deux films au Maroc, ce qui m’a permis d’admirer l’esprit du peuple marocain et la beauté de sa culture. J’ai hâte de découvrir les films venant du monde entier présentés dans ce festival unique.” 

Texte Julien Antinoff

Photo DR

Julien Antinoff
Editor Made in Marrakech
18 septembre 2013