Stéphane Leroy, président de l’association Moroccan Guest Houses
Depuis mars dernier, les riads et maisons d’hôtes de la région de Marrakech vivent comme nous tous, une situation sans précédent. Curieux et solidaires, nous avons rencontré Stéphane Leroy, président de Moroccan Guest Houses pour en apprendre davantage sur le rôle de cette association et la situation actuelle des riads et maisons d’hôtes.
Bonjour Stéphane, un petit mot pour vous présenter à nos lecteurs ?
J’ai un parcours un peu atypique. J’ai fait du droit, puis je me suis lancé dans la décoration et le cinéma avant de finalement venir au Maroc fin 2018 et de me retrouver gérant d’un riad à Marrakech quelques mois plus tard. J’ai pris la présidence de l’association Moroccan Guest Houses au début de l’année 2020. Mais je ne me doutais pas de ce qui allait nous tomber dessus ! [rires]
Quel est le rôle de l’association ?
Aujourd’hui, on compte près de 1500 riads et maisons d’hôtes homologués par la Wilaya, donc légalement autorisés à accueillir des touristes. Notre association permet de regrouper ces établissements, aujourd’hui au nombre de 300, et de défendre nos intérêts communs. Adhérer à l’association Moroccan Guest Houses permet de bénéficier de conseils techniques et administratifs, ainsi que d’outils pour promouvoir ses activités. Il ne faut pas oublier que contrairement aux hôtels, un riad ou une maison d’hôtes compte en moyenne 5 chambres. Le fait de nous regrouper nous permet de faire entendre notre voix auprès du Comité Régional du Tourisme (CRT) et plus largement des autorités.
Pouvez-vous nous en dire plus sur la situation actuelle et les difficultés rencontrées ?
La situation actuelle est assez dramatique pour les riads et maisons d’hôtes. l’activité touristique est nulle ou quasi. Tous, nous nous battons pour survivre. Heureusement, nous avons pu compter sur l’aide du Royaume donc certains ont réussi à ne pas licencier leur personnel mais beaucoup ont été mis au chômage technique. On sait que les mois de janvier et février sont traditionnellement calmes donc les espoirs se tournent vers le printemps, surtout avec l’arrivée du vaccin. Mais il faut pouvoir tenir jusque-là...
Je suppose que les nouvelles normes d’hygiène et de sécurité suscitent beaucoup d’interrogations ?
Oui, il faut pouvoir accueillir les voyageurs dans des conditions optimum. C’est pourquoi, l’association a mis en place une charte d’hygiène pour sensibiliser les adhérents et les guider pas à pas dans la mise en place de toutes les normes. C’est bien entendu, une priorité aujourd’hui.
On parle souvent de concurrence déloyale pour les riads et maisons d’hôtes…
Ah ça, c’est un de nos soucis majeurs ! Aujourd’hui, on estime à près de 3000 le nombre de maisons d’hôtes et riads sur la zone Marrakech-Essaouira et seulement 1500 sont officiellement classés. Les riads et maisons d'hôtes qui exercent leur activité professionnelle de manière transparente et en toute légalité, souffrent de cette concurrence non-officielle. C’est une lutte constante car pour la majorité, ils sont référencés sur les grandes plateformes de réservation et donc très facilement visibles par les touristes du monde entier. On espère que cette crise pourra nous permettre de repartir sur des bases saines.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour cette année 2021 ?
Que notre modèle hôtelier unique qui fait partie intégrante de l’identité de Marrakech et de sa médina perdure. Et bien sûr, que les touristes puissent revenir en toute sécurité et en grand nombre le plus rapidement possible. La médina est si triste sans ses touristes du monde entier !