Sidi Ghanem, entre artisanat et industrie

Sidi Ghanem
Zara Kadiri
Editor Made in Marrakech
7 octobre 2011

Le quartier industriel de Sidi Ghanem n’a rien pour attirer les visiteurs à première vue. Une appellation peu sexy, un urbanisme anti-glamour et quelques bâtiments industriels pas très mode. Cette zone-là est néanmoins unique à l’échelle du pays, voire du continent. Son indéniable attrait ? Elle recèle la crème de la production d’objets marocains.

Tout est là. La variété : on y trouve de quoi aménager de la maison au jardin et de quoi s’habiller de la tête aux pieds. La tendance : à la fois marocaine et contemporaine, l’offre ne dépayse pas et pourtant étonne. La qualité : les savoir-faire traditionnels ont été optimisés grâce à l’utilisation d’équipements modernes, à la rationalisation de la production et à l’apport de nouvelles techniques. La quantité : le sur-mesure côtoie les modèles standard, aussi un hôtel peut-il s’équiper et un grossiste s’approvisionner à loisir. Le service : de vrais conseils pratiques et esthétiques sont donnés par des experts qui connaissent leur clientèle. L’organisation : la chaîne est complète avec la présence sur place de livreurs locaux et de transporteurs internationaux. 

Sidi Ghanem offre ainsi une alternative appréciable, entre artisanat et industrie.

A Casablanca, noyau industriel du pays, le passage à la série s’est fait au détriment de la composante culturelle. Les décideurs économiques pourraient bien s’inspirer de ce qui se passe à Sidi Ghanem. Ici, l’humain demeure l’acteur principal, source d’une indéniable richesse… et synonyme de certaines contraintes incontournables ! Ce monde merveilleux requiert en effet un vrai budget et, dans le cas d’une commande spécifique ou massive, une bonne dose de patience.

Les ateliers de production qui avaient à l’origine en guise d’exposition une vague étagère accueillent à présent dans des showrooms dernier cri. Une évolution récente fait même passer la production à la trappe par l’ouverture de simples revendeurs, tendance que le secteur artisanal connaît bien dans les souks.

La clientèle grandit et évolue en même temps que les ateliers : les professionnels sont venus les premiers, d’abord des environs puis d’autres régions, et finalement les particuliers les ont rejoints. Même les touristes étrangers font le détour, amenés parfois par les agences de voyage ou par le ouï-dire qui a franchi la Méditerranée. Quel qu’en soit le développement commercial à venir, espérons que la zone saura préserver originalité et interaction. Pour faire honneur à cette éclosion, la zone mériterait d’être valorisée. 

On pourrait d’abord la renommer. Pourquoi pas « Lalla Akkal », en hommage au premier atelier de céramique qui, sans le savoir en s’y implantant en 1998, allait susciter une telle dynamique ?

On pourrait surtout lui offrir un vrai statut de quartier : développer les transports urbains en attirant les petits taxis, introduire du mobilier public pour le repos et le confort des employés comme des visiteurs, orienter les usagers par une signalétique claire, exhaustive et actualisée. Les besoins et les possibilités ne manquent pas ! Face à l’aménagement de nombreux quartiers de Marrakech, on ne doute pas que Sidi Ghanem finira par en profiter.

En attendant, les professionnels se coordonnent parfois pour attirer l’attention. Allez voir par vous-mêmes, une braderie se tient jusqu’au 10 octobre 2011. Dix-sept boutiques participent, créant un petit air de souks l’espace d’un instant !

Orientation

Accès principal par la route de Safi, à partir de la 1ère entrée à gauche après le pont.

Autre accès en longeant la gare ferroviaire puis les rails.

Ouverture des showrooms : la majorité est ouverte du lundi au vendredi de 9h à 18h, et restent de plus en plus souvent le midi. Quelques-uns ouvrent le samedi matin, de très rares le samedi après-midi également.

Texte et photo Sandrine Dole

Zara Kadiri
Editor Made in Marrakech
7 octobre 2011