Riads à Marrakech, patrimoine et anarchie hoteliere

Tourisme
Dev Web
Editor Made in Marrakech
14 mars 2005

Composante essentielle de l'aspect architectural de l'ancienne médina de Marrakech, les Ryads par leur valeur à la fois historique, civilisationnelle et culturelle, se sont érigés ces dernières années en un véritable produit touristique, l'un des plus prisés, notamment par une clientèle déterminée à rompre avec la monotonie des différents services offerts par les établissements hôteliers classiques, et donc curieuse de découvrir ces nouveaux espaces de détente et de loisirs.

Si à l'heure actuelle un intérêt particulier a été accordé à ces maisons "Caïdales", via notamment leur réfection et réaménagement, leur transformation en maisons d'hôte par des acquéreurs pour la plupart des étrangers, n'a pas manqué, en revanche, de susciter le "mécontentement" de ceux qui conservent une image gracieuse de ces beaux et magiques espaces, qui retracent de belles étapes de l'histoire des principales villes impériales du Maroc et constituent l'une de leurs fiertés.

Ainsi, pour l'ancienne génération de la cité ocre, "si de grands efforts ont été déployés pour la préservation de ces palais autrefois menacés de ruine, des mesures importantes restent à prendre, dès qu'il s'agit de leur démolition pour la construction d'édifices plus modernes avec des matériaux qui ne tiennent pas compte de l'aspect historique et patrimonial de l'ancienne médina".

En outre, pour ces nostalgiques jaloux de la préservation de ces Ryads, qui constituent une partie de leur passé et de leur présent, tout le problème réside dans "la nécessité pour les autorités publiques et les parties concernées de prendre des mesures pour la réglementation de la vente et l'exploitation de ce patrimoine historique qui remonte au 17-ème siècle".

Dans ce cadre, ils ont soulevé "avec regret" le cas de la démolition de l'un des plus vieux Ryads de Marrakech pour la construction d'une unité hôtelière classée, se demandant "s'il ne serait pas souhaitable pour les responsables de trouver une formule en vue de l'acquisition de ces espaces, tout en offrant aux propriétaires désireux de vendre, des prix raisonnables avant de procéder à leur transformation en musées, espaces d'expositions, d'arts et de lecture".

Une telle formule, ont-ils estimé, "serait de nature à préserver de manière saine et pérenne ces espaces, tout en gardant le cachet historique de l'ancienne médina et à encourager les curieux à se rendre dans ces lieux pour découvrir la magie et la splendeur du mélange architectural arabo-andalou".

Vestiges d'un "Paradis perdu" comme les a qualifiées un poète et orientaliste français de la fin du XIX-ème siècle, ces demeures traditionnelles sont un condensé de l'architecture traditionnelle marocaine avec tous ses ingrédients magiques, notamment ses arcs andalous ou arabes, ses gaps "plâtres sculptés" d'une grande finesse et ses colonnes qui confèrent au bâti une harmonie parfaite.

Quant à l'exploitation touristique des maisons d'hôtes au Maroc, elle "remonte à une dizaine d'années et a commencé comme un phénomène discret", explique M. Abdelhak Ait El Haraj, président de l'Association des maisons d'hôtes de Marrakech (AMHMS).

Ce phénomène a commencé par l'acquisition de Ryads par des amoureux du Maroc notamment des étrangers désireux de s'installer dans ce pays et qui ont procédé par la suite à leur rénovation et exploitation à des fins commerciales, ajoute M. Ait El Haraj dans un entretien avec la MAP. Puis, cette nouvelle offre d'hébergement touristique est devenue, au fil des temps, une réalité et la demande a été si importante qu'on a assisté à l'apparition d'un véritable secteur d'hôtellerie alternative.

Le phénomène a pris des proportions telles que l'on a commencé à parler de la "mode des ryads", de la "mode de l'artisanat marocain", de la "mode de la qualité de vie traditionnelle au Maroc", a-t-il poursuivi. Néanmoins, déplore M. Ait El Haraj, si ces investissements ont permis de sauver cet aspect du patrimoine historique de l'ancienne médina et contribuer à revaloriser et à donner un nouveau souffle à l'économie locale à travers la préservation de certains métiers d'artisanat et travaux immobiliers, l'absence, d'une part d'une réglementation bien définie en la matière et l'attrait du gain, d'autre part, ont fait que certains ryads se sont labellisés "Maisons d'Hôtes" et ont commencé à "décrédibiliser" cette activité par leurs pratiques douteuses et leur peu de considération pour les lois en vigueur dans le pays".

Face à cette situation, il devenait nécessaire de mettre fin à "l'anarchie" qui commençait à s'installer dans le secteur, d'où la création à partir de 2001 de l'AMHMS et ce grâce à l'initiative de plusieurs parties concernées, a indiqué M. Ait El Haraj qui s'est félicité de l'adoption de la loi 61-00 qui définit pour la première fois avec précision le concept de la "maison d'hôte".

En outre, et "grâce aux efforts déployés par l'ensemble des intervenants en collaboration avec la wilaya de Marrakech et le ministère du Tourisme, il a été procédé à l'élaboration à partir du début 2004 d'une loi sur le classement des maisons d'hôtes en 1-ère et 2-ème catégories selon des critères qui tiennent compte notamment du nombre de chambres, de la qualité des prestations offertes, ou encore de l'accessibilité à ces espaces", a-t-il dit, précisant que la cité ocre compte actuellement quelque 360 maisons d'hôtes classées. Toutefois, le plus important reste encore à faire pour donner à ce produit la place qui doit être la sienne dans une ville foncièrement touristique.

Pour ce faire, M. Ait El Haraj fonde de grands espoirs sur la future "Fédération nationale des associations des maisons d'hôtes au Maroc" pour regrouper l'ensemble des professionnels et contribuer ainsi à la promotion de ce secteur prometteur.

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Editor Made in Marrakech
14 mars 2005