Retour sur le 22ème marathon de Marrakech

Société
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Editor Made in Marrakech
31 janvier 2011

Dimanche 30 janvier 2011, le sol de la ville a tremblé sous les pas meurtris des 7 000 participants au 22ème marathon international de Marrakech. Nous avons suivi les efforts du peloton de tête durant ces insoutenables 42km 125.

Dès 7h30, les trottoirs de la ville se réveillent colorés par les tenues des sportifs qui commençaient à s'échauffer. Le temps ne s'annonce pas très prometteur. Quelques gouttes tombent des nuages alors que le comité d'organisation gonfle l'arche symbolisant l'arrivée. Au même instant, l'équipe de Made in Marrakech débarque sur la ligne de départ. Non pas en tant que concurrent, mais comme votre serviteur et 1er média de la ville !

Sans chaussette

Les participants se rapprochent petit à petit vers la ligne, jusqu'à ne former qu'une masse mouvante en pleine ébullition. Ils sont venus de tous les horizons, traversant les frontières de leurs pays mais aussi de leurs vies. Certains participants semblent avoir transgressé les lois de la nature. Ils ont plus de 70 ans, et malgré leur âge, ils se lancent à la poursuite d'un rêve inconcevable. D'autres surprennent par leur corpulence. Des jambes bâtis comme des troncs d'oliviers sculptés par chaque contraction. Des gambettes fluettes comme des branches d'ébène qui soutiennent une âme de panthère. Ce marathon nous réserve plein de surprises. Le plus époustouflant, c'est de voir des coureurs qui ne mettent pas de chaussettes, alors que le parcours s'annoncent long et humide.

8h15. Certains continuent inlassablement de s'échauffer devant la ligne. Sûrement pour se retrouver premier face à la troupe, lorsque les responsables les ramènent derrière la ligne de départ. Le coup d'envoi est donné. Marrakech tremble.

Dès le départ, un premier groupe prend la tête, ce sont les semi-marathoniens. Suivi d'un deuxième groupe de marathoniens qui semblent modérer leurs performances. Ils sont une cinquantaine à soutenir le rythme le plus longtemps possible pour creuser le plus possible l'écart. Au bout de 5 kilomètres, ils ne sont déjà plus que trente à pénétrer dans les jardins de la Ménara. A ce moment, on compte 6 ou 7 coureurs marocains qui donnent tout ce qu'ils ont pour défendre leurs couleurs. La majorité est dominée par les kenyans et les éthiopiens que rien ne semble perturber, comme s'il voyaient déjà le podium.

Les kilomètres passent. Nous voilà déjà au dixième. Le peloton s'est délesté d'une petite dizaine de meneurs. Ils enchaînent les étapes, passent les portiques de contrôle les uns après les autres avant d'entrer dans la palmeraie. Toujours nombreux, ils sillonnent les méandres du circuit. Après avoir dépassé le Golf Palace, les directions se séparent. Les semis partent vers la ville, alors que notre groupe de tête traverse l'Oued Tensift.

Une chute à quelques mètres de l'arrivée

Ils avalent les kilomètres. Au trentième, ils ne sont plus que dix. Parmi eux, deux marocains multiplient les efforts alors qu'un troisième se laisse distancer progressivement. Au kilomètre 35, l'un des deux locaux semble s'être froissé un muscle et renonce à la première place, sans pour autant laisser tomber, puisqu'il finira sa course !

Une fois passée la route de Casablanca, ils ne sont plus que trois à encore y croire. Le Marocain Mourad Maaroufi et deux éthiopiens. L'un d'eux, visiblement plus petit que les deux autres fonce dans le vent comme s'il allait décoller. A moins de 3 kilomètres de la ligne d'arrivée, un peu avant la gare, c'est le coup de grâce. Le plus petit des deux éthiopiens, Girma Beyene Gezahn, accélère. Allant puiser des ressources inimaginables, ils s'envolent littéralement. Ses pas doublent d'envergure et le propulsent à 100 mètres devant, en moins d'un kilomètre.

Derrière, Mourad met les bouchées doubles pour finir deuxième. Mais sa détermination et sa force arrivées à épuisement. Il finira troisième, une minute et deux secondes après le premier qui clôtura sa boucle en 2 heures 10 minutes 22 secondes.

Sous la fanfare de l'orchestre "Southern University Marching Band", venu de Louisiane, les finalistes s'enchaînent. Harassés, certains avec les pieds ensanglantés, les bras ballants, marathoniens et semis passent la ligne en même temps. L'épuisement est tel qu'un participant fait une chute à moins de quelques mètres de l'arrivée, l'obligeant à finir sur une civière. Cependant, tous peuvent être fièrs de leur courage et de leur exploit. Car au marathon plus que dans n'importe quel autre domaine, l'important n'est pas de gagner...

Texte :C. Alary Photo : Made in Marrakech Publié de 31/01/11

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31 janvier 2011