Radeema, Rien A Dire Et Encore Moins Agir !

INFO
Editor Made in Marrakech
23 avril 2012

Lancés en février dernier, des mouvements de manifestations se sont emparés de Marrakech pour dire halte aux hausses des prix de la Radeema. Malgré des mesures promises par la régie de distribution de l’eau et de l’électricité et l’intervention des autorités locales, le peuple continue de gronder.

Fin mars, les habitants de Marrakech en colère avaient décidé une nouvelle fois de camper, armés de banderoles et scandant leur ras le bol, devant les agences de la Radeema. Mais c’était sans compter sur les interdictions récentes prises par les autorités locales de manifester devant leurs portes. Dispersions parfois musclées par les forces de l’ordre venues en nombre. On parle même d’arrestations. 

Il faut dire que ce sujet est brûlant depuis quelques mois maintenant. Un grand nombre de consommateurs avaient décidé, pour protester, de ne plus payer leurs factures, réclamant principalement l’annulation du paiement par tranches. Ce système de facturation est basé sur un total de quatre tranches, plus on consomme, plus on monte en tranches et plus c’est cher. La Radeema explique que ce barème est dicté par le ministère de l’Intérieur. Point. Mais les usagers précisent quant à eux, que dans de nombreux cas, plusieurs familles habitent une même maison, un même immeuble, relié sur un seul compteur. Une seule famille peut donc se retrouver avec des factures établies sur la tranche la plus chère de consommation.

Des responsables de la Radeema et de la wilaya ont rencontré les représentants des quartiers de Marrakech afin de trouver une issue favorable à tous. Différents engagements ont été conclus, comme la reprise des règlements de factures, contre la révision des impayés depuis novembre 2011, objets du litige pour cause de montants trop importants, mais également la suppression de certaines taxes. Pourtant, quelques jours après la rencontre, les habitants redescendaient dans les rues.

Fin janvier 2012

Tout part du quartier Sidi Youssef, où les marrakchis viennent chaque jour crier leur colère devant les agences commerciales, empêchant la clientèle de venir y régler leurs factures. Comme une traînée de poudre, le mouvement s’étend vers les quartiers de Massira et de Daoudiat, obligeant les responsables de la Radeema à aller à leur rencontre pour entamer des négociations qui restent vaines. Ces sit-in rassemblent de plus en plus de monde, allant même jusqu’à camper devant le siège de la Sûreté nationale. On parle alors d’intimidations de clients et de bras de fer sur fond de baisses de tarifs.

Devant des accusations de malversations, la Radeema dément haut et fort les hausses de prix. Confirmant que les prix parfois excessifs étaient dûs au mode de consommation. Mais on peut rappeler ici que c’est au consommateur de payer les compteurs d’eau et d'électricité, qu’il remettra à la régie en cas de déménagement contre son remboursement partiel. Et qu'en plus de cette obligation d'achat, un montant de location est ajouté sur chaque facture. Achat, location, consommation, un fait qui peut faire sourire, mais pas les utilisateurs. Les tarifs sont de 2.500 dirhams pour le compteur électrique et de 2.000 dirhams pour l’eau, prix qui pourront être échelonnés sur cinq ans. Une mesure en projet parle également de la mise à disposition de compteurs prépayés, afin d’optimiser le contrôle de la consommation.

Même si la Radeema affirme que les manques à gagner de ces mouvements de protestation ne lui portent aucun préjudice, puisque les paiements peuvent se faire par d’autres biais. Même si le wali a présenté un recours à l’administration de Rabat au sujet de la facturation par tranches. Même si la Radeema a décidé la pose de compteurs supplémentaires dans les maisons où vivent plusieurs familles, des échelonnement de paiements sur 12 mois des factures pointées du doigt (entre août et octobre 2011) et les frais de coupure qui ont été réduits de moitié ... Toutes ces mesures restent à l'heure actuelle à l'état de projets, alors les “indignés” de Marrakech ont décidé de continuer la lutte. Portés par les habitants des grandes villes du Royaume, qui ont les mêmes revendications face à la cherté de l’eau et de l’électricité.

Texte : Stéphanie Jacob

Photo : DR

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