Quand la ville rouge devient verte

Tri-sélectif
Zara Kadiri
Editor Made in Marrakech
29 juin 2011

Depuis bientôt un mois, une belle initiative a été lancée à Marrakech. Le tri sélectif est venu s’ajouter aux actions d’améliorations environnementales, prenant place dans la ville, mais aussi partout ailleurs au Maroc. Aujourd’hui, rencontre avec l’un des initiateurs de ce projet pilote.

Jérôme dirige Darlink depuis quatre ans maintenant. Sa société propose une gamme d’équipements et de produits adaptés aux besoins des sociétés marocaines qui choisissent de mettre en place une politique environnementale. Passionné par les problématiques touchant à l’écologie, cet expatrié au Maroc a décidé d’en faire son métier et d’ajouter sa pierre à l’édifice dans ce pays où tout reste encore à faire. Son optique ? Rester pragmatique face aux défis environnementaux, en partant du constat « qu’à défaut d’offrir le meilleur, autant éviter le pire ». Loin d’être utopique, sa vision de la situation au Maroc se veut réaliste et ses réponses adaptées : pour lui, il s’agit de proposer « des solutions locales aux problèmes locaux » et de ne pas préconiser de modes de réflexions « européens » mais de les adapter au pays dans lequel on se trouve. La base étant avant tout d’être critique vis-à-vis de soi-même et des impacts de son mode de vie, pour proposer des solutions concrètes aux problèmes écologiques à un niveau local, national et même mondial.

Communiquer pour sensibiliser

Déterminé par son envie de proposer des améliorations environnementales au Maroc, sa société, en collaboration avec la Communauté Urbaine de Marrakech, et les sociétés ADS Tourisme et Pizzorno Environnement, a donc lancé cette année, après trois ans d’efforts, le projet pilote de tri sélectif. L’idée est de sensibiliser les citoyens, peu à peu, au tri des déchets dans la ville rouge ; en privilégiant une stratégie de communication et non de résultat. Pour le lancement de la campagne, plus de 200 affiches ont été diffusées en Medina, 1500 emails ont été envoyés et de nombreuses structures de la ville se sont vues distribuer des flyers informatifs sur cette initiative. Jérôme explique : « Notre objectif est d’avancer pas à pas, vers une mise à niveau (écologique) du pays en développement que représente le Maroc. » En Septembre, Pizzorno, ADS Tourisme et Darlink, lanceront une deuxième campagne de communication, comprenant notamment des spots radios, pour appuyer l’importance de leur initiative à Marrakech.

L’objectif principal de ces sociétés ? « Etre capable d’avoir une collecte de déchets triés à la source ». Pour ce faire, elles s’adressent principalement aux particuliers et aux petites structures, la société « Progress » (Groupe d’Intérêt Economique) prenant déjà en charge le tri pour les plus grosses entités (hôtels, etc.). Lorsqu'on interroge Jérôme sur les principales difficultés rencontrées avec ce projet, il évoque le problème des chiffoniers (faisant leur propre tri des poubelles pour revendre certains déchets à des grossistes) et aussi celui de la sécurisation des conteneurs mis en place dans le cadre de ce projet pilote. C’est en partie pour cela que, pour le moment, seulement deux points de dépôts existent, à Bab Kechich et Riad Laarouss.

Rien ne se perd, rien ne se créé...

Cependant, même si cette initiative ne parait pas de grande ampleur, elle se veut fidèle à l’idéologie de ceux qui en sont à l’origine : « Essayer de faire évoluer les choses à son échelle, petit à petit ». Pour 2012, Jérôme explique que d’autres points de dépôts verront le jour et que de nombreuses actions sont déjà en projet, notamment concernant le recyclage de sacs plastiques, de piles usagées ou encore d’ampoules. Il déborde d’idées innovantes : recycler le papier en en faisant don aux écoles pour des créations en papier mâché, ou encore proposer diverses matières premières aux artisans locaux pour qu’ils s’en servent dans leurs créations (sacs utilisant des bouchons de bouteilles, petites voitures faites avec des boîtes de conserve, etc.). Il appelle d’ailleurs ceux-ci à le contacter, s’ils sont intéressés par cette idée. Pour Jérôme, le concept « rien ne se perd, rien ne se crée : tout se transforme » prend ici tout son sens.

Le Maroc s’inscrit aujourd’hui dans une politique d’amélioration environnementale et est désormais le leader africain en matière d’écologie. Mais si de grosses améliorations, à l’échelle nationale, ont vu le jour au cours des dernières années (notamment grâce aux initiatives lancées par la Fondation « Mohamed VI » pour l’environnement), de nombreux progrès restent encore à faire. Pour Jérôme, les possibilités sont énormes, mais elles impliquent une sensibilisation poussée des marocains aux problématiques liées à l’environnement. Pour lui, pas question de proposer un « projet délirant », mais plutôt de partir d’un point noir, pour régler le problème et profiter des bénéfices de l’initiative mise en place. Avec son projet de tri sélectif, ce passionné d’environnement fait un premier pas dans ce sens, et rêve déjà du Maroc de demain, aussi vert que son étoile.

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Tel : 06 46 88 65 51 - 06 46 88 65 52
Boutique Darlink : 6 Rue des Vieux Marrakchis, Marrakech

Elisa F.

Zara Kadiri
Editor Made in Marrakech
29 juin 2011