«Opération coup de poing» à la ville ocre

Société
Dev Web
Editor Made in Marrakech
21 avril 2006

Depuis près d'un mois, la chose est sur toutes les lèvres et le tout Marrakech en parle: les services de police ont lancé une véritable chasse aux malfrats, aux chauffards et aux deux-roues (motos et vélos) qui brûlent la politesse au sacro-saint code de la route et dont la conduite irresponsable endeuille bien des familles.

« Opération coup de poing ? », « Redéploiement de police ? », « Opération de charme ? » ou « Baroud d'honneur passager ? ». Les supputations vont bon train et chacun, esprit bahjaoui oblige, y va de son propre commentaire enrobant le tout d'une petite touche personnelle.

« Ce n'est ni un redéploiement ni une campagne occasionnelle et éphémère, mais tout simplement le travail normal, continu et quotidien d'une police responsable qui lutte contre la criminalité sous toutes ses formes et qui veille sur la sécurité des populations et leurs biens », assure le nouveau préfet de police de la région de Marrakech-Tensif-Al Haouz, Mohamed Badda, qui préfère parler d'une restructuration des services de police. Catégorique, il affirme qu' « il fallait occuper la voie publique d'une manière rationnelle et être omniprésent particulièrement dans certains points noirs de cette ville, devenue la première destination touristique du Royaume et une vitrine ouverte sur le monde entier ».

« La ville est pratiquement quadrillée, des unités mobiles patrouillent par tout surtout la nuit et des barrages avec radar sont placés dans les différents axes et carrefours, de quoi donner des sueurs froides à tous ceux dont la conscience n'est pas tranquille et qui ont quelque chose à se reprocher », affirme un élu qui a requis l'anonymat.

Entre le 24 mars dernier et le 6 avril courant, quelque 1.020 procès verbaux ont été dressés contre les « violeurs » des règles et normes de la circulation routière, occasionnant la mise en fourrière de 375 véhicules et 2.849 engins à deux roues dont les propriétaires doivent s'acquitter de la douloureuse « ATF » (amende transactionnelle forfaitaire) pour les récupérer.

« 90% des motos réfractaires n'avaient pas d'assurance et dont les propriétaires roulaient sans casques. Pire encore, 50% de ces engins à deux roues étaient volés », confie M. Mohamed Badda qui, sans complexe aucun, révèle que les motos de plusieurs policiers qui roulaient sans casque ou qui n'avaient pas les papiers en règle ont été envoyées en fourrière et leurs propriétaires verbalisés « comme tout un chacun car personne n'est au-dessus de la loi ». « Faire partie des corps habillés, ne nous donne pas le droit de violer la loi ; au contraire, c'est à nous de donner l'exemple et le bon exemple », renchérit Fatihi Abderrahim, adjoint du préfet de police, qui fait observer que le nombre des accidents de la circulation a quelque peu diminué passant de 27 accidents mortels lors du premier trimestre 2005, à seulement 3 depuis le début de l'année en cours.

La cité ocre compte actuellement environ 140.000 bicyclettes et motos, ainsi que quelque 120.000 véhicules dont 90.000 immatriculés à Marrakech, auxquels s'ajoutent, pendant les week-ends et les jours fériés, 3.000 autres véhicules supplémentaires appartenant, en majorité, à des nationaux qui viennent visiter la ville aux charmes multiples.

Les Marrakchis n'en reviennent pas de voir le préfet et ses principaux collaborateurs sur le terrain sont en train de procéder à des vérifications d'identité ou d'aider à régler la circulation comme ce fut le cas lors des vacances du Mawlid durant lesquelles la ville de Marrakech a été envahie par plus de 100.000 visiteurs. Un vrai rush.

« C'est une excellente chose, ça rassure, ça réconforte. C'est ce qu'on appelle une vraie police de proximité, pourvu que ça dure », s'extasie un journaliste de la place qui rappelle que depuis quelques jours les trottoirs de la ville sont débarrassés des parkings motos et vélo anarchiques et des marchands ambulants qui gênaient la circulation piétonnière.

« L'interdiction formelle de la circulation des vélos et motos sur la place de Jamâa El F'na a, certes, fait grincer des dents, mais il faut savoir que de nombreux truands utilisaient ces engins pour perpétrer des vols à l'arrachée ou avec violence, ce qui porte préjudice à la réputation de ce monument historique mondial et à l'élan touristique de toute une ville », estime Mohamed Badda pour qui l'action de la police doit être soutenue par les parents et l'ensemble de la cellule familiale.

« Les parents doivent donner l'exemple et nous épauler en veillant sur la bonne éducation de leur progéniture car le civisme c'est toute une culture, toute une éducation qui commencent d'abord à la maison », poursuit ce responsable qui se dit prêt à envoyer des équipes dans tous les établissements scolaires de la ville qui le souhaitent pour initier les élèves au code la route.

Tout un programme dont la réussite exige la collaboration de tous.

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21 avril 2006