"Mohamed Bastaoui fait partie de ma mémoire"

Le jury a dû se lever tôt pour aller assister à la projection de deux longs-métrages en compétition : Belvedere, un film du réalisateur bosnien Ahmed Imanovic et 180° de Cihan Inan. Après un déjeuner, et probablement quelques activités, les obligations médiatiques ont repris. Nous avons rencontré le réalisateur et scénariste turc Nuri Bilge Ceylan. C'est également lui qui donnait la masterclass prévu en fin d'après-midi. Interviewé dans le restaurant marocain de la Mamounia, il a tout juste eu le temps de répondre aux différents médias puis de partir en direction du Palais des Congrès. Au détour d'une allée, nous avons pu croiser Emir Kusturica, visiblement heureux des films et du déroulement du festival qu'il préside.

Ensuite, c'est comme chaque jour sur la Place Jemaa El Fna que se poursuivait la journée. C'est Mohamed Bastaoui, acteur marocain qui était présent. Après le traditionel discours, où il a remercié son public venu en nombre l'acclamer, c'est le film Adieu Forain qui a été projeté. Dans ce film, il tient le rôle de Larbi, un personage violent et mythomane, ex-boxeur et ex-taulard. Pour Mohamed Bastaoui tout a commencé avec le théâtre et la troupe Masrah Al Yaoum à la fin des années 80. Cette compagnie est tenue par Touria Jabrane et Abdelhouahed Ouzri. "Dès que je l’ai vu sur scène, j’ai su que je tenais mon Larbi d’Adieu forain", un hommage rendu par Daoud Aoulad-Syad, pour le premier grand rôle de Mohamed Bastaoui au cinéma. Ensuite, il enchaînera les succès, en collaborant avec les plus grands réalisateurs du pays : Faouzi Bensaïdi, Farida Bourquia, Mohamed Asli.

Mohamed Bastaoui, nous l'avons retrouvé, ému sur le tapis rouge par ce qu'il venait de vivre sur la Place. Et ce n'était pas fini car tous s'étaient donnés rendez-vous sur le tapis rouge pour honorer cet immense comédien. De Mohamed  Mjid en passant par Touria Jabrane, Narjiss Nejjar ou encore la toute nouvelle génération représentée par Nadia Kounda, tous étaient présent pour M. Bastaoui. C'est Touria Jabrane qui lui a rendu hommage dans un discours où chaque mot avait une résonnance profonde : "Mohamed Bastaoui, fait partie de ma mémoire et de moi-même, c'est un frère, un ami que je considère comme mon fils. Et si on ne m'avait pas invité quand on lui rendait hommage j'en aurais voulu aux personnes qui organisaient un tel évènement." Quand Mohamed Bastaoui est arrivé sur scène, toute la salle s'est levée. Une standing ovation pour ce grand monsieur, qui a esquissé quelques pas de danse pour amuser la foule et les photographes. Dans son allocution, il a tenu à remercier Sa Majesté le Roi Mohamed VI : "Sans la volonté de SM le Roi Mohammed VI, ce festival n'aurait pu voir le jour". Il a estimé que son hommage "s'adresse également à tous les cinéastes, acteurs, comédiens et réalisateurs marocains".

Puis c'est le film My Back Page qui a été projeté. Aujourd'hui, c'est le président du jury en personne, Emir Kusturica qui sera présent sur le Place Jemaa El Fna pour présenter Maradona by Kusturica. Puis ce sera l'hommage à l'immense réalisateur Terry Giliam qui défilera sur le tapis rouge.

Texte Julien Antinoff

Photo DR