Maryvonne Grunberg, Lalla grand cœur

Chronique
Dev Web
Editor Made in Marrakech
4 mai 2011

Maryvonne, Tourangelle, a posé ses valises il y a presque dix ans dans la ville rouge. Si comme beaucoup, elle est tombée amoureuse de Marrakech, elle lui a aussi offert une partie de sa vie et de son cœur. Portrait d’une femme hors du commun.

Des histoires sur Marrakech, Maryvonne en connaît certainement plus de mille et une.

C'est en 2002 après avoir restauré son riad qu'elle a posé ses valises ici. Professeur d'Histoire à Tours, elle a profité de son installation pour créer et développer un accord de coopération avec sa ville d'origine. Maryvonne est la référente de la ville de Tours à Marrakech. Elle n'a pas ménagé sa peine. Investie dans la vie associative en France, elle ne se voyait sans doute pas rester sans faire... pour sa ville nouvelle et pour les autres. Les premiers échanges sont fleuris ! En coopération avec Tours, Maryvonne a aménagé les abords de la ville et la sortie de l'aéroport en jardins. Des jardiniers, un paysagiste de l'école de Versailles sont venus donner des conseils et former des équipes au métier de jardinier. ET pendant ce temps à Tours, on a planté des bougainvilliers et des palmiers. Maryvonne a aidé à la création de la pouponnière pour les palmiers. Elle est maintenant la “maman” de 15 000 arbres qui ont été plantés après avoir démarré leur vie dans la pouponnière.

Des jardins aux potagers

“Nous avons aussi une partie pour le médical”, explique-t-elle, “quand l'hôpital de Tours a été rénové, tout le matériel des chambres a été transporté ici. Et nous intervenons aussi dans la formation des médecins”.

La dame de derb jdid à Riad Zitoun est modeste et confesse peu après “nous avons aussi, à côté d'Amizmiz, travaillé sur un projet de repeuplement rural. Dans un village où il n'y avait rien, Dar Jemaa, au pied de l'Atlas. Il n'y avait plus d'eau ! Nous avons fait venir un ingénieur agronome bio qui a appris l'irrigation par goutte à goutte aux habitantes du village dans un premier temps, il n'y avait plus que des chibanis, des femmes et des enfants. Aujourd'hui après ces champs, chacun a un carré de jardin devant sa maison. Y poussent des légumes, des fruits. Les femmes vont les vendre au marché où avant elles devaient aller faire des achats. Une petite partie des bénéfices est gardée pour faire des dons, étendre l'expérience et aider les voisines. Ce joli projet porte le nom bien choisit de “Carré de la Dignité”.

Une maison peu banale

Le riad qu'habite Maryvonne dans la médina a été construit pour le Grand Vizir Bou Achrine en 1860. C'était la première maison à étage de Marrakech. Le Grand Vizir, Fassi, avait en effet fait construire ses bureaux (la partie qui est devenue la maison de Maryvonne) à la mode de Fès. A Marrakech il y avait des terrains et à l'époque on construisait seulement en rez-de-chaussée.

En 1941, une famille se réfugie à Marrakech pour échapper à la barbarie en Europe et devient locataire des lieux. Plus tard, à la fin du protectorat, la femme qui vivait là a racheté le riad. A son décès, sa dame de compagnie s'est inquiétée de trouver une mystérieuse cousine dont elle avait entendu parfois parlé. C'est un généalogiste qui a retrouvé cette cousine. Laquelle était la grand-tante d'Alain, le mari de Maryvonne.

“Nous sommes venus ici en 1995 pour voir et sommes tombés amoureux”, le temps de régler quelques soucis de succession et restaurer le riad (dans le respect de l'histoire bien entendu) et “c'est en 2002 après beaucoup d'aller et de retours que me suis installée”.

Chasse au trésor

Mais il manque une pièce à cet incroyable puzzle ! L'acte de propriété du riad demeure introuvable. “Je cherche, je cherche, il n'était nulle part. C'est alors que je me souviens qu'on appelait les européens installés ou nés au Maroc des “troncs de figuier” . (Plutôt péjoratif dans le langage local NDLR ) “Dans le jardin il y avait un tronc de figuier, j'ai mis la main dedans et en ai sorti une boite en fer très rouillée”. C'est dans cette boite que Maryvonne a trouvé l'acte de propriété de Riad Mounia, devenue sa maison et maison d'hôtes. Un joli conte pour la fée Maryvonne !

Texte & photo Lila Manel Publié le 4/05/2011

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4 mai 2011