Marrakech, une ville en mouvement

Société
Dev Web
Editor Made in Marrakech
26 juillet 2006

Image gracieuse et exemplaire d'un Maroc développé et ouvert sur l'extérieur, la ville de Marrakech s'est érigée ces dernières années, à l'instar d'autres villes du Royaume, en un chantier ouvert en permanence et une cité en plein mouvement. Un dynamisme sans précédent qui ne cesse de susciter admiration et fierté des uns et grande inquiétude chez d'autres, notamment les nostalgiques de la capitale du Sud. Certes, la ville connaît actuellement un essor remarquable à tous les niveaux au point de devenir un pôle économique, une locomotive de développement de toute la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz et une destination touristique des plus prisées tant à l'échelle nationale que sur la scène internationale, comme le témoigne d'ailleurs le nombre de touristes qui visitent chaque année la ville des sept saints.

La ville ne cesse également, et depuis des années, de subir des changements remarquables, notamment un boom immobilier sans précédant, une extension urbanistique dans tous les sens, des réaménagements des espaces verts déjà existants et la création d'autres dans plusieurs artères de la ville dans le but de préserver son charme et d'en constituer le poumon.

Des travaux d'embellissement, d'assainissement et d'électrification se font au quotidien pour mettre les visiteurs et les locaux plus à l'aise, leur permettant un séjour de rêve et un cadre de vie des plus agréables. A ce propos, plusieurs visiteurs, ainsi que des jeunes Marrakchis, n'ont pas manqué de saluer cette « métamorphose » que connaît Marrakech, ville qui a tendance à devenir, à leurs yeux, un excellent lieu de résidence, de vacances, de récréation et de divertissement, compte tenu de ses coins magiques, de ses sites touristiques haute gamme et de son infrastructure d'accueil aux standards internationaux, identique à celle existante dans les grandes métropoles touristiques du monde.

« Marrakech est mon lieu préféré de vacances. J'y viens souvent avec mes amis ou avec la famille. C'est une ville magnifique où je me sens très à l'aise. Il y a toujours du nouveau : à chaque fois je découvre de nouveaux coins et à chaque moment j'entend parler de la naissance dans la ville de nouveaux projets de grande envergure », a déclaré un jeune étudiant casablancais en visite dans la cité ocre. « C'est une ville qui bouge, une ville de surprises qui ne laisse aucune place à la routine et à la monotonie », a-t-il conclu. Même son de cloche chez Youssef, un jeune marrakchi de 30 ans pour qui « la cité ocre est une ville qui incarne tradition et modernité, une ville qui constitue la fierté de tous les Marocains et une image de l'engagement sérieux des autorités locales, des élus locaux et des différents acteurs de la société civile ». « A Marrakech, il y a tout ce dont on a besoin au point qu'on n'est plus obligé de faire le voyage pendant les vacances. Il y a également des coins magiques dans l'arrière pays de la ville et qui méritent d'être visités », a-t-il poursuivi. Néanmoins, si Marrakech a été toujours connue par sa grande palmeraie, ses jardins verdoyants, la quiétude et la joie de vivre de ses gens, elle ne cesse, au fil du temps, de subir des changements en profondeur et ce, sous les signes de la modernisation et de l'ouverture.

Certes, la ville des sept saints continue de séduire nationaux et étrangers, la preuve en sont le nombre croissant des étrangers installés dans la capitale du sud et celui des projets en cours de réalisation aussi bien dans le périmètre urbain que dans les régions limitrophes. Or, cet engouement pour la cité ocre ne semble guère plaire à tous les Marrakchis pure souche, notamment ceux qui demeurent attachés à une vie simple, harmonieuse, au rythme lent.

Pour nombre de ces nostalgiques qui gardent une image envoûtante de la ville, Marrakech n'est plus ce qu'elle était autrefois. Tout a changé : des centaines d'immeubles ont poussé ici et là comme des champignons, des villas qui formaient l'essentiel du paysage architectural de plusieurs quartiers de la ville nouvelle se sont transformées en chantiers de construction d'immeubles « R+4 » et « R+5 », la palmeraie s'est vue de plus en plus dévastée et envahie par le béton. Les embouteillages ne sont plus visibles uniquement durant les heures de pointe, d'autant plus qu'ils n'épargnent ni grands axes ni petites ruelles.

Des nuages de poussières et de fumée s'élèvent très tôt le matin pour couvrir le firmament de la cité ocre. Le vacarme et bruit des véhicules et bulldozers s'accentuent au fil des heures, brisant le calme des différents coins de la ville, même les plus isolés. Autant de changements qui poussent ces gens à s'interroger au quotidien sur le devenir de leur cité. « Nous ne sommes pas contre ces changements mais faut-il encore savoir ce qu'on veut faire de cette ville ? », affirment-ils rappelant que la ville de Marrakech a été conçue dès le départ par les Almoravides comme une ville ouverte, accueillante et tolérante. Dans le même ordre d'idées, ils n'ont pas manqué de mettre l'accent sur le coût « trop élevé » de la vie dans la capitale du sud, ville devenue très en vogue ces dernières années et l'une des destinations secondaires, sinon principales, pour nombre de grandes célébrités du monde entier.

« En se baladant dans les différents axes de la ville et en se rendant dans un café le temps de prendre un bol d'air après des heures de marche, on a l'impression d'être dans une métropole européenne au vrai sens du terme », ont-ils ajouté, estimant que si la ville a beaucoup de belles choses à son actif actuellement, cela n'a pas été fait sans pour au tant porter atteinte au charme de la ville et à ses grands traits architecturaux qui puisent dans la culture et les traditions arabo-musulmanes.

A ce propos, ils estiment qu'il y a nécessité de déployer davantage d'efforts pour la préservation de ce qui reste du cachet historique de la ville et d'accorder un intérêt particulier à la protection de l'environnement, notamment la palmeraie de Marrakech. Ils ont également estimé nécessaire de faire face à cette course acharnée vers la construction d'immeubles, notamment dans des zones aménagées au départ pour abriter des villas et des petites demeures, étant donné la faiblesse des infrastructures mises en place auparavant (absence de parkings, faiblesse du réseau d'assainissement, étroitesse des ruelles).

Entre admiration des uns et inquiétude des autres, Marrakech continue de subir diverses pressions, à un moment où la cité est appelée plus que jamais à maintenir l'équilibre entre modernité et tradition. De ce fait, Marrakech est désormais placée au centre de l'équation et devra jouer le double jeu : d'une part, véhiculeur l'image d'un Maroc véritablement ancré dans la dynamique mondiale, en évolution et ouvert au progrès et, d'autre part, démontrer combien ce pays demeure très attaché à ses racines, ses traditions, sa culture et surtout à son identité et son appartenance arabo- islamique.

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Editor Made in Marrakech
26 juillet 2006