Marrakech en quête d'une certification Iso

Société
Dev Web
Editor Made in Marrakech
31 mai 2006

Entretien avec Omar El Jazouli, maire de la ville Pour le maire de la ville, Marrakech doit adopter une politique de développement équilibré pour faire face au boom touristique et immobilier et à tous les changements qui suivent. Il faudra aussi anticiper cette évolution avec des infrastructures adéquates et aussi des ressources humaines capables de répondre aux besoins des futurs investissements. En attendant, la ville va concéder les services publics qui vont être confiés au privé pour une meilleure gestion.

· L'Economiste : Il y a encore quelques années, le schéma de concession des services publics n'était pas envisageable. Qu'est-ce qui a changé ?
- Omar El Jazouli:Pas du tout. Les services communaux ont toujours pensé à la concession des services publics. Il y a eu même des tentatives en 1994 et en 1997 lorsque la ville était érigée en communauté urbaine. Mais pour plusieurs raisons, elles n'ont jamais abouti. La gestion des services publics handicape sérieusement le travail communal. 50% du temps des élus sont consacrés à gérer les grèves, le ramassage des ordures, les problèmes mécaniques des camions. Le conseil communal n'a plus de temps pour s'atteler au projet de la ville. Mais aujourd'hui, il n'est plus question de reculer, d'autant plus que Marrakech est une ville qui grandit, tant au niveau du nombre de ménages installés que de quartiers. En moyenne, ce sont 700 tonnes/jour produits par les habitants de la ville. Nous ne pouvons plus y faire face avec notre matériel désuet et le même effectif. Si on veut maintenir la même propreté et le même standing de la ville de Marrakech, il nous faut externaliser la gestion des ordures.

· La ville se prépare à la norme Iso. Pouvez-vous nous donner les détails du processus ?
- Effectivement. La ville est en plein processus Iso 14.001, une norme environnementale qui exige, entre autres, une propreté irréprochable, des infrastructures solides et une bonne gouvernance. Une norme qui exige aussi de trouver solution au problème de la décharge des ordures sise sur la route de Tamansourt. Un nouveau site a été identifié, encore faut-il régler le problème du foncier !

· Dans la foulée, la concession de l'eau et l'électricité est votée...
- La Radéema a toujours géré, pour le compte du conseil communal, les services d'eau, d'électricité et d'assainissement. Aujourd'hui, le choix de concession de ces services est dicté par les besoins de la ville dans ces domaines. Une première estimation les chiffres à 1,5 milliard de DH. Ce sont de gros investissements et la Radéema n'en a pas les moyens. Si l'on prend l'exemple de l'assainissement qui nécessite 500 millions de DH d'investissement, il nous faudra 35 ans pour mener tous les travaux nécessaires à la ville.

· Pour quel schéma de concession opterez-vous ?
- Ce sont les études qui le détermineront. Pour l'heure, le conseil communal va lancer un appel d'offres pour choisir le cabinet qui va nous accompagner dans cette démarche. Nous lui donnerons 6 mois pour identifier les besoins de la ville, la meilleure solution et pour quel investissement. La société concessionnaire devrait être connue vers la fin de 2007.

· En matière d'infrastructures, qu'en est-il de la station de traitement des eaux usées ?
- L'adjudicataire a été retenu après appel d'offres, il y a plusieurs mois. C'est Degrémont, filiale de Suez Lyonnaise des Eaux. La société attendait tout simplement l'approbation du gouvernement. C'est chose faite depuis quelques jours. Degrémont va devoir investir 200 millions de DH pour un million d'habitants.

· Que reste-t-il alors pour le projet de la ville ?
- Beaucoup. Une ville qui bouge a constamment besoin de nouvelles infrastructures. Aujourd'hui, nous devons faire face à un énorme problème de circulation. Une étude sur le schéma directeur pour réorganiser cette dernière va être prochainement lancée.

· La ville a-t-elle les moyens de ses ambitions ? Son budget de 460 millions de DH paraît bien modeste...
- Les ressources d'un conseil de ville ne relèvent pas du miracle. Elles viennent des différentes taxes locales et quotes-parts des taxes nationales, dédiées aux collectivités locales. Nous sommes appelés à élargir l'assiette et améliorer le recouvrement. En 2004, notre budget était à peine de 320 millions de DH, et nous l'avons augmenté à 460 millions en 2006. Pour 2009, il sera porté à 600 millions de DH. Maintenant, il faut reconnaître qu'il existe près de 30% des nouvelles constructions qui ne sont encore assujetties à aucune taxe, tout simplement par ce qu'elles ne sont pas recensées. Et justement, nous allons mettre en place un système d'informatisation générale pour pallier à toutes ces défaillances.

· Une partie de vos ressources provient des droits d'autorisations de construire. Pourtant, vous avez décider de les arrêter dans l'arrondissement Ménara Guéliz....
- Nous avions le choix entre faire plaisir à certains promoteurs immobiliers ou sauver la ville et le centre-ville d'une dénaturation certaine. Quitte à se faire « des ennemis », nous avons opté pour la deuxième solution. Quatre mois après, nous avons déjà les premiers résultats. Nous avons identifié trois zones. Celle qui est autorisée concerne toute la zone commerciale du Guéliz. Elle est déjà engagée avec des immeubles. Ensuite, la zone destinée a priori à des lots de villas qui se sont transformés en immeubles. Là, les dossiers seront traités au cas par cas. Enfin, la zone rouge est située au Camp Roul (ndlr : du côté du lycée Victor Hugo), composée aujourd'hui de douars dont les habitants seront délocalisés. C'est un nouveau pôle urbain de 450 hectares qu'il n'est pas question de laisser se développer dans l'anarchie.

· Maire de la ville depuis presque trois ans, élu communal depuis 1983 et homme d'affaires, quels sont à votre avis les meilleurs secteurs d'investissements à Marrakech ?
- L'homme d'affaires que je suis vous répondra tout de suite, l'immobilier, à condition qu'il soit bien pensé. Vous savez, même s'ils ne le reconnaissent pas, les promoteurs immobiliers sont les premiers gagnants de ce gel des autorisations de construire. Cela permet in fine de revaloriser les investissements déjà entrepris et qui le seront dans le futur. Il existe par ailleurs des niches industrielles très porteuses liées à l'industrie hôtelière. L'artisanat est aussi un bon créneau. Et nous avons des zones qui y sont dédiées. Du reste, on mène la réflexion pour une zone d'offshoring.

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