Les Russes affluent au Maroc

Société
Dev Web
Editor Made in Marrakech
24 novembre 2008

Il y a trois mois, Inteko, filiale du géant mondial Gazprom, signait un contrat de construction de plusieurs sites touristiques dans la région du Nord. Un investissement d’un milliard d’euros avec, à la clé, la construction d’une marina de luxe, des hôtels, des golfs et des complexes résidentiels.<BR>

Dans l'immobilier toujours, le mastodonte IFC Metropol a lancé en 2005 ses premiers investissements au Maroc.

Ce groupe, dont le chiffre d'affaires atteint les 12 milliards de dollars, compte lancer, à Marrakech-Tamesloht, un mégaprojet touristique s'étalant sur 240 hectares et dont le coût se chiffre à 150 millions de dollars.

Loin d'être des exceptions, ces deux exemples marquent une sérieuse tendance dans l'investissement étranger au Maroc. Les Russes commencent à affluer dans le Royaume et pas seulement dans l'immobilier.

Des groupes d'envergure mondiale investissent des secteurs porteurs comme l'énergie, l'industrie et l'agriculture. Il est loin le temps où le pays de Medvedev ne connaissait du Maroc que sa clémentine, très prisée par les ménages russes.

Maintenant, les potentialités économiques du royaume offrent aux compatriotes de Poutine l'occasion d'investir les énormes richesses accumulées grâce à la flambée du pétrole. La nouvelle nomenklatura russe veut se débarrasser de l'étiquette de capitalisme sauvage qui lui colle à la peau. Il y a quelques années, on ne connaissait des Russes que leurs voitures blindées, leurs garde-corps armés et leur look mafieux. Fini tout cela. Maintenant, ils ont intégré les règles de l'économie mondiale et veulent s'imposer en tant que faiseurs de marché.

- Terrain de prédilection, l'énergie ; « À cause de la saturation de l'Europe et de la position géostratégique du Royaume, les Russes ont réorienté leurs investissements vers le Maroc », affirme Hassan Sentissi, responsable du conseil d'affaires maroco-russe, une instance créée en juin 2006. En effet, depuis quelques années, une nouvelle classe de riches cherche à placer son argent dans des pays en plein essor, surtout dans les secteurs où elle a déjà une certaine expertise, tel celui de l'énergie. « Pour l'instant, il s'agit d'intentions d'investissement », nuance un responsable de l'ambassade de Russie au Maroc, sans donner de précisions sur l'identité des futurs investisseurs.

Sur le terrain, le projet le plus avancé est celui de la réhabilitation de la centrale de Jerada, un des piliers de la stratégie gouvernementale en matière de charbon. Cette extension, qui a débuté en avril 2008 et qui sera prête au 1er trimestre 2012, sera réalisée par IES Holding, un groupe russe privé, qui existe depuis 2002, et qui a été retenu lors de l'appel d'offres lancé par l'ONE.

Selon un attaché de l'ambassade de Russie, des investisseurs russes vont répondre à des appels d'offres intéressants comme la construction d'une centrale thermique à Jerada avec la mise en service d'une nouvelle unité de 300 méga watt fonctionnant au charbon.

Le groupement Technopromexport envisage de prendre part aux appels d'offres pour la construction de lignes haute tension et la modernisation de la centrale électrique de Talembot située dans la région de Tanger.

Les Russes attendent également le lancement par les autorités marocaines de l'appel d'offres pour la construction de la première centrale nucléaire au Maroc, à Sidi Boulbra, sur la côte atlantique, entre Safi et Essaouira, pour laquelle, Rosatom, filiale du groupe Atomstroyexport, a manifesté un grand intérêt. Ce groupe compte à son actif la construction de cinq centrales nucléaires, notamment en Iran, en Chine et en Inde. Le savoir-faire de Rosatom pourrait faire pencher en sa faveur les résultats de l'appel d'offres au moment de leur proclamation. Selon certaines prévisions, la centrale nucléaire marocaine, une fois achevée, devrait être opérationnelle en 2017. Dans ce contexte, quatre experts de la compagnie étatique russe Atomstroyexport ont fait le déplacement au Maroc en 2007, pour entamer des discussions avec l'ONE.

En fait, l'intérêt et la grande expertise de la Russie pour le nucléaire pourrait en faire un acteur majeur dans la nouvelle configuration énergétique mondiale, au grand dam de l'Europe et surtout des Etats-Unis. C'est pour cela qu'elle a misé sur des pays à haut potentiel.

- L'enclenchement de la dynamique : L'engouement des Russes pour le Maroc s'est réellement manifesté après la visite de SM le roi en Russie, en octobre 2002, et la venue au Maroc, en 2006, de l'ancien président russe, Vladimir Poutine. Plusieurs accords ont été signés lors de cette dernière visite, notamment dans la pêche, le tourisme, la culture, la science, les communications de masse et le sport.

Surfant sur cette dynamique politique, le conseil maroco-russe veut faire le maximum pour inciter les grosses entreprises russes à venir découvrir le Maroc. Dans un premier temps, le Maroc participera à la première Arabe Expo qui aura lieu à Moscou en octobre prochain. Ensuite, selon le responsable du conseil d'affaires maroco-russe, il faudrait créer une ligne directe vers Moscou comportant des charters. Ce qui permettrait l'arrivée de plus de touristes russes et la venue de plus d'investisseurs. En 2007, en effet, le marché touristique russe a enregistré la plus forte progression en matière d'arrivées : plus de 52 % par rapport à l'année 2006. Selon les professionnels, la création d'une ligne maritime marchande entre la Russie et le Maroc n'est pas non plus à négliger. Celle-ci pourrait ouvrir la voie à d'autres possibilités d'échanges économiques en matière de pêche et d'artisanat marocain.

Dev Web
Editor Made in Marrakech
24 novembre 2008