Le tourisme national entre Paris et Londres

Tourisme
Dev Web
Editor Made in Marrakech
27 avril 2009

La mobilisation pour consolider les activités du tourisme national vont bon train. Sans doute exagérerait-on en soutenant que s'il est un secteur, aujourd'hui, qui est sur les chapeaux de roue pour mobiliser ses troupes face à la crise, c'est bel et bien celui du tourisme.

Une mission, conduite par le ministre du Tourisme, Mohamed Bousaïd, et comprenant, outre le président de la Fédération nationale du tourisme, les principaux présidents des Conseils régionaux du tourisme d'Agadir, Fès et Marrakech, notamment, s'est rendue hier à Paris. Elle a rencontré Hervé Novelli, secrétaire d'Etat français chargé du Commerce, de l'Artisanat, des Petites et Moyennes entreprises, du Tourisme et des Services, et les représentants des tours opérateurs français. L'objectif de cette réunion qui a eu pour cadre Bercy ? Redéployer ensemble le dispositif de promotion du tourisme marocain en direction des tours opérateurs français, constituer une instance, disons une commission bilatérale qui se réunira annuellement pour mieux asseoir la coopération touristique entre les deux pays, mieux organiser enfin la distribution.

Il s'agit de toute évidence, et les échanges maroco-français l'ont plus que démontré, d'un précieux soutien de la France au Maroc. On peut même dire un soutien qui va au-delà du tourisme, autrement dit économique, culturel, social et politique. Le ministère français chargé du Tourisme s'est engagé à réunir les tours opérateurs français pour les inciter à reprendre l'activité en direction du Maroc, comme aussi de soutenir ce dernier en matière de formation professionnelle. La visite d'une délégation marocaine du tourisme en France ne s'est pas pour autant limitée à des entretiens, à des échanges ou à des exposés sur les atouts de l'activité nationale. Une réception a été offerte, hier dans la soirée, par l'ambassadeur du Maroc à Paris aux tours opérateurs français dans le but de les sensibiliser plus efficacement à la destination Maroc.

Sans doute, jugera-t-on cette manifestation comme relevant d'une opération « RP » (Relations publiques) comme l'on dit. Tant mieux. De nos jours, dans un monde livré à une vive concurrence, voire au dumping, le lobbying et la stratégie d'influence constituent plus qu'un impératif, mais un art, tant il est vrai que la conquête des marchés ne tombe pas du ciel, mais se gagne et se mérite, et que son meilleur vecteur demeureront le contact et la communication.

Les présidents de la FNT comme aussi ceux des CRT présents aux rencontres de Paris se sont employés, chacun dans son exposé, à mettre en exergue les atouts du tourisme marocain qui, soit dit en passant et en comparaison avec d'autres pays, ne se porte pas si mal et compte encore devant lui de beaux jours. Il convient de souligner, en effet, qu'au moment même où la délégation officielle marocaine se rendait à Paris et, toujours dans la même perspective de renforcement des activités du secteur, les représentants d'une douzaine de grands tours Operators britanniques se sont trouvés à Marrakech dans le cadre d'une prospection organisée en leur faveur par le Centre régional du tourisme de la capitale ocre.

Baptisée « New Luxury Collection 2009-2010 », elle a bénéficié, entre autres, d'un soutien de Royal Air Maroc et de l'Office national marocain du tourisme (ONMT). Opération de « charme » diront les sceptiques ? Sans doute. Mais elle a pour objectif surtout de promouvoir, à plus forte raison en pleine crise, la destination de Marrakech mise à rude épreuve. Elle vise aussi une sorte de « boostage » du marché anglais qui a « connu une croissance à deux chiffres pendant les trois dernières années » et, en revanche, une sorte de tassement aujourd'hui équivalent à un recul de plus de 30%. Pour autant, Marrakech ne constitue pas la seule destination victime du recul du marché en provenance de Grande-Bretagne, la Costa del Sol en Espagne en souffre d'autant plus qu'elle a axé son tourisme à près de 80% sur le segment anglais.

Il faut souligner que la Grande-Bretagne constitue le deuxième marché émetteur de Marrakech, soit près de 125.000 visiteurs en 2008, contre seulement 36.000 en 2001 et pas moins de 460.000 nuitées avec une moyenne de séjour qui dépasse 4 jours. Attentifs plus qu'il ne faut à une telle évolution, désireux aussi de rétablir le balancier, les responsables du CRT de Marrakech y mettent les pleins fers, non sans expliquer que la « récession s'explique en grande partie par des raisons liées à la crise économique et financière actuelle mais, également, par des facteurs liés au transport aérien, l'annulation de vols réguliers et ceux directs à destination de la ville de Marrakech ». Les opérateurs anglais n'en ont pas moins pris connaissance de l'évolution d'une cité qui en tout état de cause n'a jamais perdu de son lustre, en termes d'infrastructures, d'ouverture de nouveaux établissements haut de gamme et de perspectives nouvelles pour promouvoir le tourisme dans la région.

La ville a reçu, puisqu'il faut engranger certains éléments positifs, la compagnie aérienne Ryanair, qui reste le plus grand opérateur aérien de low-cost en Europe, qui s'est engagé à mettre en place, à partir de Bristol, deux dessertes hebdomadaires en direction de la ville ocre. Nous sommes en présence d'une mobilisation envers et contre tout du tourisme national. La fatalité, il ne la connaît point et c'est peu dire que des actions comme la visite de ses représentants officiels à Paris, comme aussi l'opération « New Luxury Collection 2009-2010 » participent de cette relance qui est au secteur ce que la sève est à la plante, une force, une régénérescence.

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Editor Made in Marrakech
27 avril 2009