Le Riad Denise Masson, ode à la création

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Julien Antinoff
Editor Made in Marrakech
9 janvier 2012

Maison littéraire, résidence artistique, galerie d’exposition, espace de projection, le Riad Denise Masson a été nommé ainsi en hommage à la grande dame qui y a vécu.

Autrefois demeure privée de Denise Masson, cette bâtisse enchantée où ronronne un bassin d’eau, au cœur de l'ancienne médina de Marrakech, mérite que l’on s’arrête sur son histoire. C’est là, au milieu de murs ocres chapeautés de tuiles vertes vernissées, que vécut de 1938 à sa disparition en 1994 celle qui a donné son nom au riad. C’est encore dans ce lieu de concentration et de méditation que Denise Masson, islamologue renommée, a reçu artistes et intellectuels tout en travaillant sans relâche sur sa désormais célèbre interprétation en français du Coran. C’est enfin là que celle que l’on surnommait la « Dame de Marrakech » a joué de l’orgue et du piano (son Pleyel trône encore dans une pièce) quand elle n’a pas entretenu son vaste jardin planté de citronniers, d’oliviers, d’orangers, de figuiers, de palmiers...

Dialogue culturel et intellectuel

Cet écrin quasi monacal où elle a vécu près de soixante ans et dont elle fit, à sa mort, don à l’Etat français, est aujourd’hui considéré comme l'un des espaces les plus célèbres de la ville ocre. Géré par l’Institut français, il est depuis le 15 avril dernier ouvert au public et offre une riche programmation d’événements basés sur le dialogue interculturel. Le riad accueille aussi bien des artistes en résidence de création que des manifestations publiques, à l’image du cycle des conférences Arts au Riad, ou encore des colloques internationaux, des ateliers d'initiation aux arts plastiques, des projections audiovisuelles, des expositions de peinture. Dédié également à la jeunesse, il ambitionne un projet infiniment respectable, celui de donner aux enfants et aux adolescents du quartier la possibilité de découvrir des films de qualité afin de les ouvrir à des mondes jusque-là inconnus et auxquels ils n’auraient sinon pas accès. Enfin, le Riad se revendique comme un lieu de réflexion et de recherche, un espace de dialogue des cultures… à l’image de ce qu’aurait certainement souhaité la maîtresse des lieux.

Une grande dame

Quel destin que celui de Denise Masson, née en 1901 et décédée en 1994 à l’âge de 93 ans à Marrakech. Fille unique issue d’une famille très aisée, dont le père était juriste et amateur d'art, elle avait dans un premier temps été religieuse catholique avant de renoncer à prononcer ses vœux définitifs pour revenir à la vie civile. Son intérêt pour la culture maghrébine et musulmane s’est d’abord manifesté lors de son séjour en Algérie en 1911. Mais c’est en 1929 que Denise va vivre sa première expérience au Maroc en tant qu'infirmière au dispensaire antituberculeux de Rabat, avant de devenir directrice de celui de la médina de Marrakech. Elle se lance ensuite dans l'apprentissage de l'arabe classique et dialectal et va, à partir de 1932, mettre fin à sa carrière d'infirmière pour se consacrer davantage à des études religieuses visant à démontrer les points communs et les divergences des trois grandes religions. Elle acquiert en 1938, grâce à ses parents, ce magnifique riad où elle passera finalement le reste de sa vie.

Denise Masson et le Coran

C’est à Denise Masson que l’on doit l’interprétation en français du Coran. Edité en 1967 par Gallimard dans la prestigieuse collection de La Pléiade, son travail a été salué par les plus hautes autorités de l’islam comme « essai d’interprétation du Coran inimitable ». Bien qu'elle se soit fortement inspirée de traductions déjà existantes, celle de Denise Masson reste à ce jour la plus vendue et l’une des plus recommandées. Femme érudite, elle a consacré trente ans de sa vie à la réalisation de cette remarquable traduction, estimée pour son style fluide et concis et sa grande qualité littéraire.

A vos agendas

Rendez-vous du 27 janvier au 15 mars au Riad Denise Masson pour découvrir l’exposition de peinture collective Ras-El-Hanut. Une façon de voir le monde sous l’angle de la pluralité, celle des visages et des cœurs, des rêves et des désirs… Le projet rassemble une dizaine d’artistes militants qui posent la différence comme une merveilleuse source de création et d’énergie : Abdellah Ahaddaf, Jaume Amigo, Ahmed Amrani, Marika Perros, David Ribas, Khadija Tnana, Joan Cabo, Georg Massanès, Vicente Ribera, Tawfiq Chichani et Noureddine Fathy. Vernissage le vendredi 27 janvier à 18h.

Entrée libre.

Texte Zohra Omari

Photo Simon Saliot

Julien Antinoff
Editor Made in Marrakech
9 janvier 2012

    Riad Denise Masson

    • Centre culturel
    3, Derb Zemrane 40000, Marrakech
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    +212524446930