Le Musée Boucharouite honore l’art populaire
La médina compte à son effectif un lieu chargé en histoire : le Musée Boucharouite. Partons à la découverte de cette initiative dédiée à l’art populaire marocain.
Anciennement appelé Dar Dellah, le riad abritant aujourd’hui le musée appartient à Patrick Maillard. Après un long périple professionnel en Afrique, cet amoureux de l’art décide de s’installer à Marrakech et transforme sa maison datant du XIXe siècle en un lieu d’exposition où l’on peut contempler des portraits “warholisés” de feu sa Majesté le Roi Mohammed V mais également d’anciennes portes berbères. Toutefois, les pièces maîtresses de ce musée demeurent les tapis “boucharouite” et “Zindekh”, des modèles uniques dénichés par Patrick Maillard auprès des bazaristes de la ville.
L’universalité de l’art
Longuement considéré comme le “tapis du pauvre”, ce genre de tissage dit “boucharouite” n’a rien à envier aux oeuvres d’art. Né avec l’apparition du prêt-à-porter dans les années soixante, ce tapis est confectionné par les femmes berbères à partir de petites bandelettes d’étoffe découpées dans les vieux vêtements : ceux du dernier né, du grand-père ou bien la robe de mariée qui ne servira plus. Si les matières premières sont basiques et simples, le résultat quant à lui est surprenant ! Le “Boucharouite” est ainsi composé de couleurs, de formes et de matériaux avec une valeur sentimentale, fusionnés grâce à un instinct artistique inné. Femmes au foyer dans la région du Haut Atlas, les tisseuses se construisent un cercle social grâce à cette pratique puisque leur atelier à domicile devient un espace d’échanges et de transmission des valeurs.
“Bien qu’il n’y ait pas de connexion entre ces femmes berbères et les artistes contemporains occidentaux, force est de constater que, si différents culturellement, ils se rejoignent et partagent la même sensibilité d’expression.” Patrick Maillard, fondateur du Musée Boucharouite.
Ces artistes anonymes n’ont pas attendu la tendance de la récupération pour s’y mettre. Pour élaborer les tapis dits “Zindekh”, les femmes berbères se procurent les grands sacs de farine vides qui sont délaissés à la fermeture des marchés locaux. Utilisant quelques pelotes colorées, leurs mains prodiges transforment intuitivement ce bout de matière synthétique en un véritable chef-d’oeuvre.
Véritables créations artistiques, les pièces exposées au sein du Musée Boucharouite mettent la lumière sur des talents ignorés et qui s’ignorent. Partez à la découverte de cette collection tout en profitant du cadre de ce joyaux architectural où l’on peut également s’arrêter pour siroter un jus ou un thé à la menthe.
Musée Boucharouite
Entrée 40 Dhs, ticket valable deux fois.
Gratuit pour les moins de 16 ans.
Ouvert de 9H30 à 18H00. Fermé le dimanche et en août.
Salon de thé.
0524 38 38 87 – [email protected]
Photos : Musée Boucharouite