L'Ourika, un site touristique prometteur mais...

Société
Dev Web
Editor Made in Marrakech
2 août 2006

Située au pied de la station de ski de l'Oukaïmden, au sud de la ville de Marrakech, la vallée de l'Ourika apparaît comme un site touristique des plus agréables qui ne cesse de susciter curiosité et admiration de tout visiteur de la cité ocre, alors même que ce joyau naturel a été pendant de longues années négligé et délaissé aux conditions climatiques et aux aléas de la nature les plus sévères. Nul ne peut nier que le souci de développement de cette zone a été toujours au centre des préoccupations des autorités locales et une société civile très active et bien structurée a fait son apparition pour contribuer à cet effort et faire de la vallée de l'Ourika un modèle à suivre en matière de gouvernance locale. Mais ce qui reste à faire est pressant.

"L'Ourika se développe à un rythme lent notamment pour ce qui est des infrastructures d'accueil mises en place depuis août 1995, date funeste dans la mémoire des Ourikis, lorsque cette zone a été victime de crues et d'inondations les plus dévastatrices de toute l'histoire de la région", ont confié à la MAP plusieurs Marrakchis qui ont pris l'habitude et pendant des années de se rendre à la vallée de l'Ourika. Certes, plusieurs mesures ont été prises depuis cette date et un travail énorme a été effectué, notamment des opérations de reboisement, le désenclavement de plusieurs douars à travers la réalisation de routes rurales, des opérations d'électrification et d'approvisionnement en eau potable et la mise en place d'un système d'alerte dans le bassin versant de l'Ourika grâce à la coopération avec le Japon.

Toutefois, toutes ces actions demeurent "insuffisantes" face aux grands risques d'intempéries et d'inondations auxquels ce site demeure exposé. "Les infrastructures d'accueil déjà mises en place et qui sont sensées garantir aux estivants confort et bien-être manifestent des signes de vieillesse et de défaillance très avancés", ont-ils estimé, rappelant que "cette composante essentielle de l'arrière-pays de Marrakech demeure un refuge indispensable notamment pour nombre de familles et une étape importante dans les différents circuits touristiques proposés aux visiteurs de la cité ocre".

A ce propos, ils n'ont pas manqué d'appeler les autorités et les élus locaux à "redoubler d'efforts pour rendre à ce site son dynamisme et son attractivité, compte tenu de ses potentialités naturelles et touristiques", faisant remarquer que l'Ourika reste l'un des sites les plus visités, notamment en été par les Marrakchis et les visiteurs de la cité ocre qui fuient la chaleur torride en quête de fraîcheur. Même son de cloche chez un jeune guide et accompagnateur de montagne de la région pour qui la vallée de l'Ourika connaît depuis 2004 une dynamique remarquable comme en témoigne le nombre de petits projets touristiques montés dans la région notamment par des particuliers : des maisons d'hôte et des auberges... Pour ce jeune professionnel, si la vallée de l'Ourika doit son nom au cours d'eau qui descend des montagnes du Haut Atlas, ce site n'est devenu célèbre que suite aux graves inondations qui ont frappé la région le 17 avril 1995.

A ce propos, il a tenu à expliquer que ce site ne doit pas être perçu comme "un berceau de catastrophes et de drames" comme certains tentent de le qualifier, soulignant que cette vallée constitue un lieu de relaxation et de détente pour ceux qui aiment la nature et veulent fuir le stress, le vacarme et la monotonie d'une sédentarité de plus en plus dévastatrice des mentalités et des modes de vie.

En quittant Marrakech par Bab Ighli à travers la plaine d'Al Haouz, et à une vingtaine de kilomètres, commence à apparaître une vallée verdoyante avec ses villages rouges accrochés au pied des collines qui abritent entre elles une large rivière dont les abords sont couverts d'arbres fruitiers (oliviers, noyers, abricotiers...), un paysage pittoresque, une joie et une simplicité de vie.

Non loin encore, sur une route serpentant les montagnes du Haut Atlas, des marchands, pour la plupart des villageois de la région, se réunissent chaque jour pour exposer leurs articles d'artisanat (objets en poterie, en bois, des colliers, des sculptures...) au moment où d'autres étalent leurs tapis multicolores de laine. Des produits typiques puisqu'ils sont, pour la plupart, fabriqués par des femmes du village et à la traditionnelle. Ces "militants" aux visages bronzés, où épuisement et fatigue sont clairement apparents, ne cessent d'accueillir avec grand sourire tout visiteur qui s'arrête quelques minutes, le temps de prendre de l'air et boire un peu d'eau fraîche. Un seul souci en tête pour ces commerçants, convaincre le client, l'aider dans ses choix et réussir à écouler leurs marchandises en contrepartie de ce qu'ils appellent la "Baraka", une petite somme de quoi remplir leurs paniers lors du souk hebdomadaire qui se tient chaque lundi d'où l'appellation de "T'nine Ourika".

Véritable coin de ravitaillement pour les habitants de la région et certains visiteurs les plus avertis et qui sont en quête de prix raisonnables et de fraîcheur des produits, ce lieu de négoce est également un point de rencontres qui rassemble, en fonction des saisons, 200 à 2.000 personnes ayant parcouru durant plusieurs heures de marche jusqu'à dix kilomètres, voire plus. C'est une sorte de grande ville de toile dressée pour quelques heures selon une organisation et une répartition bien déterminées, puisque le souk a ses rues, ses lieux de commerce et ses lieux de restauration, outre le fait qu'il constitue un lieu de contacts sociaux et une occasion pour les paysans de régler leurs affaires administratives. En arrivant au village d'Aghbalou, à 46 kilomètres de Marrakech et à une vingtaine de kilomètres de la commune rurale de Setti-Fatma, dernier point de la visite, des petits restaurants sous forme de cabanes de bambous avec des tapis sont aménagés aux abords de la rivière, emplacement que les locaux se font le plaisir d'appeler "la plage".

Un cadre typique et agréable au coeur d'une nature accueillante permettant aux visiteurs de passer des moments de joie inoubliables. A Aghbalou, le visiteur ne manquera pas de saisir cette occasion pour déguster des plats locaux préparés à base de produits du terroir sur un doux feu de bois, des grillades et des tagines berbères souvent servis avec des verres de thé à la menthe, un menu original et à prix abordable, de quoi rompre avec les menus proposés par les différents snacks et fast-foods de la ville. Néanmoins, le point fort de cette visite demeure l'arrivée au village de Setti-Fatma puisque c'est à partir de là et après une rude marche et une longue escalade de montagne qu'on peut découvrir les sept cascades, une occasion de s'offrir une vue panoramique qui domine d'en haut toute la vallée et les plaines avoisinantes.

La vallée de l'Ourika dispose d'importants atouts pour devenir un pôle touristique par excellence. Il suffit que des investisseurs avertis viennent découvrir cette zone apte à se transformer, en un laps de temps, en un produit touristique original et des plus concurrentiels, sachant que la promotion et la pérennisation de l'activité touristique au Maroc ne peuvent se faire sans une véritable diversification des produits touristiques proposés.

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Editor Made in Marrakech
2 août 2006

    Vallée de l'Ourika

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