L'empreinte de l'artiste sur la bobine et le cliché
De Marrakech, Cologne, Bamako, à New York…, de l'art vidéo à la photographie, de la télévision au cinéma… Noureddine Tilsaghani valse entre deux cultures, deux arts, deux univers distincts unis par la galaxie de la créativité. Cela fait déjà quatorze ans que ce Marrakechi de 36 ans est à l'œuvre. Aujourd'hui, il expose jusqu'au 29 février sa dernière collection de photographies à la galerie Point & Line de Marrakech. La série «Big Apple» est un carnet de voyage à New York, en 2006.
A l'époque, notre artiste était invité au Tribeca Festival avec sept autres jeunes réalisateurs marocains qui avaient bénéficié d'un Master Class de cinéma en marge du cinquième Festival international du film de Marrakech.
Noureddine était alors l'élève d'un certain Martin Scorsese et d'un autre Abbas Kiarostami. Il nous présente son exposition : « Cette série de photos présente des scènes de la vie de tous les jours de New York, cette métropole au gris assourdissant où j'ai vécu un stress inégalé pendant deux semaines. Beaucoup de scènes banales à l'Ïil nu mais très intéressantes à travers un objectif. » Durant tout son parcours, le photographe s'inspire de ce qu'il voit, ce qu'il touche et ce qu'il ressent pour le traduire à travers l'objectif qui reflète son extrême sensibilité. « L'homme observe le monde plus qu'il ne l'habite ».
La lentille, qu'elle soit d'un appareil à photo ou d'une caméra, saisit l'insaisissable, les émotions... Son outil guette l'instant à capter, le moment juste pour en faire une poésie, une Ïuvre rare. Tout a commencé pour Noureddine Tilsaghani par le premier printemps de la photo tenu à l'Institut français de sa ville natale. Il expose alors ses premières Ïuvres après une formation de photographie en Cologne, Allemagne.
Depuis, il ne se sépare plus de son outil de travail qui l'a transformé en un véritable créateur d'images sui sillonne le monde pour faire découvrir son art et son talent aux différents amateurs. Il expose alors au Maroc, en France, en Belgique, en Espagne, au Canada, et aux Etats-Unis. Mais notre photographe ne se contente pas de figer des paysages dans les clichés, il les convertit en vidéos. En effet, Noureddine Tilsaghani est également vidéaste. Il nous raconte : « J'ai commencé comme photographe, je suis passé ensuite à l'image en mouvement, je suis donc devenu vidéaste. J'ai d'abord fait de la vidéo d'Art, puis le documentaire et c'est après que je suis passé à la fiction ». Sur cette double passion, il nous dit : « Le fait de passer de la photo à la vidéo ou l'inverse me permet de casser cette monotonie qui peut être causée par l'utilisation d'un seul medium d'expression. »
Outre les nombreuses expositions au Maroc et à l'étranger, ce grand passionné de l'image sous toutes ses formes a à son actif une dizaine de courts-métrages dont « Le portable » qui a représenté notre pays en compétition officielle lors de la dernière édition du festival de Carthage en Tunisie. Ses films lui ont valu plusieurs consécrations. Il est trois fois lauréat du Salon national d'art photographique et quadruplement primé au Festival d'art vidéo de Casa.
Ce n'est pas tout ! Noureddine Tilsaghani a occupé d'autres postes au cinéma. « J'ai travaillé aussi comme chef opérateur sur deux documentaires dont « Le fil blanc » de Khalid Benkirane, qui a participé au dernier festival de Dubaï. J'ai également été chef opérateur du moyen-métrage de Brahim Hanai « Les petits bonnets rouges » qui, lui, sortira bientôt », nous raconte l'artiste.
Aujourd'hui, Noureddine Tilsaghani travaille comme réalisateur indépendant pour une chaîne de télévision européenne qui a diffusé 80 de ses joyaux, « Fruits de vagabondages dans des lieux marocains d'exception ». En parallèle, il continue de prendre des phots d'art. Photographe, vidéaste, cinéasteÉ Noureddine Tilsaghani cache derrière sa discrétion et son mystère un homme aux multiples facettes, grand passionné de l'image. Il nous confie timidement : « Le fait d'alterner entre tout ce que je fais me permet d'avoir toujours les idées fraîchesÉ » Pour le plus grand plaisir de son public.
La photographie au Maroc
« La photographie au Maroc n'est pas encore considérée comme un art à part entière, mais je crois que ça viendra si on cesse de regarder le travail des artistes photographes au premier degré. » nous déclare Noureddine Tilsaghani. En effet, cet art est considéré comme l'enfant pauvre des arts visuels au Maroc. Il semble être pauvre et évoluer tout lentement.
Elle se limite encore aux images stéréotypées. On n'a pas encore réussi à dépasser ce stade pour faire une image plus créative. Dans la plupart des expositions, on se contente de voir des clichés du Maroc folklorique, de ses belles médinas, ses paysages, ses hommes et femmesÉ Très rares sont les artistes qui sortent de ces clichés et font un travail réellement personnel. Il est donc temps de faire bouger les choses.