Ihsane Boudrig, l'art en mouvement.

Interviews
Dev Web
Editor Made in Marrakech
26 mai 2010

Enseignante et artiste de talent, Ihsane Boudrig a été imprégnée par la beauté, les couleurs et la chaleur humaine de sa ville natale, Marrakech. Elle a su conjuguer tout cela avec sa passion pour la vidéo, son perfectionnisme et sa forte ambition, permettant à l'artiste et l'enseignante en elle de se démarquer selon les désirs et les événements.

- Prénom, profession ?

Ihsane, artiste et professeur en arts visuels au CPR de Marrakech.

- Racontez nous votre parcours

Après mon baccalauréat, je me suis orientée tout naturellement vers des études en arts plastiques. J'ai enseigné pendant quelques temps à Marrakech, tout en m'impliquant fortement dans la vie associative et culturelle, notamment par le biais du rassemblement d'artistes, l'Atelier de Marrakech. J'étais toujours en quête profonde de sens. Par la suite, un concours de circonstances professionnelles et personnelles m'ont amené à aller au Canada où j'ai eu l'opportunité de développer un art qui est en plein essor et qui est devenu une de mes spécialités : l'art de l'intervention urbaine.

- Comment est née votre passion pour l'art ?

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été fascinée par l'art et ses différentes expressions. Avec ma famille, lorsque j'étais enfant, nous habitions au sein du lycée Al Malki, où mon père était directeur. C'est un des établissements précurseurs au Maroc en matière d'enseignement technique de l'art et mon père était un fervent défenseur de cette discipline. Notre bibliothèque était d'ailleurs remplie de livres d'architecture, de peinture ou de photographies. Je passais des heures et des heures à les consulter. J'étais subjuguée. C'est ainsi qu'est née ma passion pour l'art sous toutes ses formes.

- Quels sont vos liens avec Marrakech ?

Mes deux parents sont marrakchis de naissance. Mon grand père était d'ailleurs enseignant au sein de la médersa Ben Youssef. Et bien que j'ai grandi à Rabat, j'ai passé toutes mes vacances à Marrakech. Un grand nombre de mes souvenirs sont liés à cette ville, sa médina, ses ruelles, l'atmosphère des "derbs", les jeux sur les toits... Je porte en moi chacun de ces aspects, à la manière d'un héritage. Aujourd'hui, ma vie d'adulte, j'ai choisi de la vivre à Marrakech car c'est là que je me sens le mieux, le coeur en paix.

-Aujourd'hui artiste, comment qualifiez-vous votre art ?

Il est difficile de le ranger dans une catégorie et je ne le veux surtout pas. Je dirais simplement qu'il est en perpétuel mouvement. Je fais aussi bien de la vidéo que de l'intervention urbaine ou des documentaires. J'aime cette liberté que j'ai de créer en partant simplement d'une idée ou d'une tranche de vie et en utilisant le mode d'expression qui me semble le plus adéquat pour la traduire. Au delà de l'Ïuvre ou de la forme, ce qui compte le plus pour moi c'est le processus pour y parvenir.

- Quels artistes vous ont marqués ou vous fascinent ?

Je dirais d'abord et avant tout Kandinsky qui reste celui dont la vision m'a le plus influencée. Vient par la suite Francis Yalis, avec ses fameuses interventions sur le territoire. J'ai aussi été très marquée par les livres du philosophe Al Jabri. Enfin, last but not least, par la pensée de mon père, intellectuel et leader de l'enseignement technique de l'art, qui a beaucoup contribué à mon enrichissement intérieur.

- Qu'est ce qui vous inspire en général ?

Les lieux chargés d'histoires m'inspirent énormément. Lorsque je pénètre dans un endroit où des évènements forts se sont produits, je ressens certaines choses, j'en imagine aussi. Par la suite, j'essaie de retranscrire ces sensations par la création artistique. A titre d'exemple, un lieu qui m'a toujours inspiré, c'est la prison du palais El Badiaa. Il y règne une atmosphère très particulière.

- Pensez-vous que le statut des femmes artistes en particulier a-t-il évolué au Maroc ces dernières années ?

Bien que la situation ait beaucoup changé par rapport à la génération de nos mères et de nos grand-mères, il n'en demeure pas moins une résistance, une lourdeur assez forte qui pèse sur le statut des femmes artistes au Maroc. Il ne faut pas s'attendre à une reconnaissance sociale. On peut tout au plus accéder à une certaine crédibilité lorsqu'on détient des diplômes.

- Qu'aimez-vous le plus à Marrakech ?

J'aime par dessus tout la sérénité de la ville et son atmosphère apaisante.

- Qu'aimez-vous le moins à Marrakech ?

Je n'aime pas du tout ce côté un peu trop sophistiqué à mon goût qu'on rencontre souvent chez les nouveaux marrakchis.

- Quelle est votre actualité ?

Une exposition intitulé "Recyclons" le 4 Juin et une activité artistique sur le même thème le 14 Mai prochain en collaboration avec le centre pédagogique de Marrakech. Elles comprendront aussi bien de l'art vidéo, de la peinture que des procédés mixtes.

-Quels sont vos projets ?

Je travaille sur plusieurs projets dont un de réalisation d'un film documentaire qui va s'intituler : "Ma ville, ma mémoire"...

Dev Web
Editor Made in Marrakech
26 mai 2010