Horodateurs et sabots à Marrakech, le grand débat

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Editor Made in Marrakech
9 avril 2012

Depuis le mois de novembre 2010, les horodateurs ont investi les rues de la ville nouvelle de Marrakech. Un événement qui fait depuis couler beaucoup d’encres et donne bien du tracas à nos élus.

Quelques chiffres

La société Avilmar, en charge de ce marché depuis le 1er janvier 2011, pour une durée de dix ans, doit s’acquitter d’une redevance de 10 millions de dirhams par an à verser à la ville de Marrakech. En tout, c’est 150 horodateurs qui ont été installés, dont le coût à l’unité est de 50.000 dirhams. Matériel acheté au leader mondial dans le domaine, la société française Parkeon. 18 millions de dirhams d’équipement au total. Avilmar a choisi d’appliquer un tarif unique pour la ville de 2 dh par heure de stationnement, entre 7 heures et 23 heures, du lundi au samedi. En cas de dépassement ou de non paiement du stationnement, des agents de la commune, recrutés entre autre dans les rangs des gardiens de parkings pour un salaire mensuel équivalent au Smic, sont chargés d’immobiliser le véhicule par un sabot. Le contrevenant devra alors s’acquitter d’une amende immédiate de 40 dirhams.

Pourtant, le stationnement dans la ville reste totalement anarchique. Pour l’usager d’abord, qui ne sait plus très bien quoi et à qui payer. Pour les gardiens ensuite, qui revendiquent toujours la belle époque de leur indépendance.

Avilmar, détenue à 51 % par la commune, a été récemment épinglée pour mauvaise gestion. Les élus, face à des suspicions de double location des aires de stationnement, des défauts de signalisation et un manque flagrant d’équipement, ont décidé de suspendre l’approbation des comptes de la société lors du dernier conseil d’administration. Un audit financier a été lancé pour établir les responsabilités de cette mauvaise gestion.

De plus, la Cour d’appel s’est prononcée, le 26 octobre 2011, contre le recours au sabot et l’immobilisation des véhicules, pour les propriétaires qui ne s’étaient pas acquittés du paiement de stationnement. Deux avocats à Rabat, victimes du sabot, après le jugement rendu par la Cour, ont porté les faits devant la justice. Sur la base de l’article 50 de la charte communale, elle a affirmé qu’il n’est pas dans les prérogatives du conseil communal d’immobiliser les véhicules, mais de la compétence de la police administrative.

Suite à ce jugement, l’ancien ministre de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, a procédé à la révision des contrats conclus entre les collectivités locales et les sociétés chargées de la gestion du stationnement.

Pourtant, les sabots continuent de sévir à Marrakech. Car c’est pour le moment, le plus sûr moyen pour la société d’être payée par les contrevenants. À l’étranger, les défauts de stationnement sont pénalisés par des amendes, mais il faut alors que la ville, la police municipale et les gestionnaires délégués soient en réseau, et une telle organisation n’est pas à l’ordre du jour.

Aujourd’hui, le constat est amer, et en particulier pour les usagers. Les parcmètres ont poussé comme des champignons jusque dans les ruelles de la médina, soit un total de 5.500 places payantes, pour une fluidité de stationnement jamais acquise et des décisions qui se succèdent, affirmant et infirmant la légalité des sabots. Alors que l’on devait voir disparaître les gardiens de parkings au profit des horodateurs, on se retrouve face à l’homme et à la machine qui tous deux attendent votre argent. Comment ne pas se sentir injustement délesté des 40 dirhams d’amende lorsque l’on a seulement dépassé de deux, trois minutes, l’heure payée à l’horodateur, alors que le dépassement autorisé est de 10 minutes. Ou encore, lorsqu’une fois garé, le temps d’aller chercher son ticket de paiement ou de faire de la monnaie, on retrouve sa voiture immobilisée.

Un système qui a pourtant de bonnes intentions et ambitions pour la ville et ses habitants, mais qui est actuellement plutôt perçu comme une efficace méthode pour faire de l’argent. De nouvelles mesures sont à l’étude … affaire à suivre.

Texte : Stéphanie Jacob

Photo : DR

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