Habitants de Marrakech versus Radeema : résumé du conflit

actu
Editor Made in Marrakech
14 janvier 2013

Les hausses de l’électricité et de l’eau n’en finissent pas de révolter les habitants de Marrakech, et particulièrement ceux du quartier de Sidi Youssef Ben Ali. Dans cette partie de la ville, le taux de chômage est si important, qu’il en fait le quartier le plus pauvre. C’est donc là que tout s’embrase, après de longs mois de colère des usagers de la Radeema.

Rappel des faits

Au départ, dans les quartiers populaires de Daoudiate, Massira et Sidi Youssef Ben Ali, il s’agissait simplement de se réunir par petits groupes et défiler, avec banderoles et slogans, pour dire stop aux hausses des prix appliquées par le fournisseur de l’eau et de l’électricité. En effet, dans une ville toujours plus grande et dense, plusieurs familles se partagent une seule et même maison, et souvent un seul et même compteur. Du coup, la consommation, qui dépend de la tranche la plus chère, s’envole. Et particulièrement après les mois de grosses chaleurs, pendant lesquels les ventilateurs et les climatiseurs tournent à plein régime. Une situation compliquée à changer au regard du prix d’achat d’un compteur individuel, qui s’élevait avant ces manifestations, à 6.000 dirhams pièce, pour être proposé ensuite à 1.500 dirhams. Mais les consommateurs estiment que ce prix reste trop cher, sachant qu’en plus, un tarif pour la location de ce même compteur est reporté sur les factures mensuelles.

Les usagers souhaitent que soit abandonnée la facturation par tranches (4 au total). Mohamed Faouzi, wali de Marrakech, et accessoirement président du conseil d’administration de la Radeema, explique que cette décision concerne le territoire tout entier. Et qu’un tel changement n’est pas du simple ressort de la région.

Vendredi 30 décembre 2012

Alors que depuis le début du conflit, les manifestations se sont déroulées de manière pacifique, cette fin de semaine a été marquée par des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre. Elles ont abouti à l’arrestation de trente personnes, aux motifs de “manifestation non autorisée” et “actes de violence et de vandalisme”. Sur ces trente personnes, vingt étaient mineures et ont donc été pour la plupart relâchées. Les deux parties se sont affrontés par jets de pierre interposés, blessant plus de soixante personnes, dont certaines gravement, et en grande majorité des policiers. Les forces de l’ordre ont utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser la foule.

Vendredi 4 janvier 2013

Lors des affrontements de fin décembre, deux mineurs interpellés de 14 et 15 ans ont été condamnés, par la chambre des mineurs du tribunal, ce vendredi, à deux mois de prison. Le cas des dix personnes majeures arrêtées pour les mêmes raisons, qui devait être jugé lundi 7 janvier, est reporté au 14. Un délai supplémentaire demandé par la défense pour constitution du dossier de plaidoirie.

Du côté des autorités

Le mercredi 2 janvier, le wali de Marrakech a jugé nécessaire de réunir la presse nationale pour faire le point sur les évènements. À cette occasion, il a reconnu que leurs efforts et mesures n’étaient pas assez relayés auprès des habitants, et qu’une meilleure communication de leur part s’imposait. Pour lui, les manifestants sont motivés par de mauvaises raisons, initiées par des gens mal intentionnés, qui souhaitent seulement voir le peuple se révolter. Le préfet n’a pas jugé utile de préciser sa pensée et ses accusations, et regrette “avoir laissé le champ libre à la rumeur”, qui a entraîné “le résultat que l’on connaît”.

Du côté de la Radeema

Un représentant de la Régie, également présent à cette conférence de presse organisée par le wali, donne le montant des factures impayées depuis le début du conflit : 103 millions de dirhams, dont 30 millions pour le quartier de Sidi Youssef Ben Ali. Une dette que la Radeema propose à ses clients d’échelonner sur 24 mois, et sans pénalités de retard. Il rappelle également les nombreux engagements opérés pour désengorger le conflit : le prix d’achat des compteurs ramené à 1.500 dirhams, qui peut également être payé sur 60 mois, la réduction de moitié des frais de coupure d’eau et d’électricité, et l’élargissement du nombre de bénéficiaires au programme de branchements sociaux. Des mesures qui ont à elles seules engendré près de 200 millions de dirhams de coûts supplémentaires pour la Radeema.

Pour ce responsable, c’est maintenant au gouvernement “de réviser à la baisse les barèmes de facturation”. Interpellé par les journalistes présents, il admet malgré tout que les systèmes de relevé des compteurs, du côté technique et humain, sont à revoir sérieusement.

Texte - Stéphanie Jacob
Photos - DR 

Editor Made in Marrakech
14 janvier 2013