Fragments d’Aghmat

Out
Julien Antinoff
Editor Made in Marrakech
6 janvier 2012

Les découvertes archéologiques réalisées ces dernières années sur le site d’Aghmat témoignent d’une splendeur passée, avant que ne soit fondée Marrakech.

Un hammam, un palais et plus récemment une mosquée… autant de monuments qui ont pu resurgir du sol et du passé d’Aghmat, grâce à des fouilles intenses, fruit d’un projet archéologique débuté en 2005. Un travail de fourmi, mené dans le cadre d’une convention entre l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du patrimoine et l’Université de Vanderbilt aux Etats-Unis, qui témoigne de la splendeur passée d’Aghmat, considérée comme étant la plus ancienne des villes marocaines. Située à l’entrée de la verdoyante vallée de l’Ourika, à une trentaine de kilomètres de Marrakech, cette cité médiévale était, il y a déjà plusieurs siècles, à la fois un centre de prise de décisions, un lieu de rencontres et d’échanges entre savants et intellectuels, un passage des caravanes… et, au XIIème siècle, la capitale de la dynastie Almoravide, avant la construction de Marrakech.

Si aujourd’hui, on a vraisemblablement du mal à imaginer une telle prospérité, ses vestiges lui permettent de ne pas tomber dans l’oubli. Il est notamment resté les ruines du hammam dont on estime la construction au Xème siècle. Situé au centre de l’ancien tissu urbain, il représente le seul bâtiment encore debout de cette agglomération. Bien que son plan tranche clairement avec les plans de hammams islamiques connus au Maroc, il présente des corrélations évidentes avec des hammams andalous des XIème et XIIème siècles. Autre vestige que la fouille archéologique a permis de mettre en lumière : le palais. On y découvre un édifice rectangulaire organisé autour de bassins, eux-mêmes entourés de part et d’autre d’une enfilade de piliers formant deux galeries. Au nord du bâtiment, une salle d’apparat occupe l’ensemble de la façade. Les recherches ont pu préciser qu’il s’agissait d’un palais du XIVème siècle mais des travaux supplémentaires permettront de mieux en préciser l’anatomie. Découverte plus récemment - été 2010 -, la mosquée fait à son tour l’objet de précieuses recherches. Il s’agit d’un monument d’autant plus précieux puisque c’est à Aghmat que furent construites les plus anciennes mosquées au Maroc.

Un saut au souk !

Effervescence garantie au souk du vendredi d’Aghmat. L’une de ses particularités : sa « bourse des plants » qui fixe le cours des plantes. Pour beaucoup de producteurs, le souk d’Aghmat fait légende.

La main verte

La notoriété d’Aghmat ne s’arrête pas à son site archéologique. Dotée de sols très fertiles, la ville se distingue également, et dans tout le Maroc, par son agriculture, ses verdoyants jardins et le savoir-faire de ses jardiniers. C’est à Aghmat que s’est développée très tôt l’activité de pépiniériste dans la région de Marrakech. On lui doit d’ailleurs l’introduction de nombreuses plantes ornementales jusqu’alors inconnues au Maroc comme certaines variétés d’hibiscus, de géraniums, d’agaves et de graminées. La ville est aussi très réputée pour la production de verveine.

Texte Malika Guilemain

Photo Simon Saliot

Julien Antinoff
Editor Made in Marrakech
6 janvier 2012

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