Forêts: Surexploitation inquiétante

Société
Dev Web
Editor Made in Marrakech
2 février 2009

La gestion intégrée des bassins versants est une question-clé car une mauvaise exploitation des forêts ou des pratiques agricoles inappropriées ainsi qu'un sur-pâturage peuvent augmenter les eaux de ruissellement, empêcher la recharge des nappes phréatiques et des sources d'eau en amont et générer des torrents saisonniers qui vont envaser les barrages.

« La valeur de la forêt ne se limite pas seulement à l'exploitation du bois et du parcours, mais elle a un grand rôle contre l'envasement de nos barrages (75 millions de mètre cube par an) qui entraîne une perte de la capacité de stockage de 14 milliards de mètre cube pour le pays. Cela a aussi d'autres dégâts économiques, car une fois le barrage totalement envasé, son site naturel est perdu à jamais », indique Mohamed Sabir, directeur de l'Ecole nationale forestière d'ingénieurs (ENFI) à Salé qui organisera, du 29 avril au 1er mai 2009 à Marrakech, en collaboration avec le Centre de recherche forestière (CRF) de Rabat et le bureau régional de la Méditerranée de l'Institut forestier européen (EFIMED), un séminaire international sous le thème : « Les forêts méditerranéennes dans le contexte de la gestion intégrée des ressources en terre : sol, eau et fourrage ».

La forêt joue, par ailleurs, un rôle fondamental contre l'avancée du désert. Sur plus d'un tiers de la superficie totale des terres du bassin méditerranéen, les pertes annuelles de sol dépassent en moyenne 15 tonnes/ha et selon l'« Atlas mondial de la désertification », la plupart des pays méditerranéens sont menacés par la désertification. Ce phénomène a des conséquences politiques, socio-économiques et culturelles extrêmement graves et peuvent éventuellement provoquer un désordre social et accélérer la migration des populations. Investir donc dans le développement des forêts rapporte trois bénéfices.

D'abord, les forêts fournissent du bois, les fourrages, liègesÉ Ensuite, la sauvegarde de cet espace naturel pourra contribuer au développement de la montagne et stabiliser ses populations contre tout exode rural. Enfin, la forêt donne une eau naturelle de qualité. Cela permet, par exemple, à l'Office national de l'eau potable (ONEP) de gagner en rentabilité, tout en utilisant moins de produits chimiques préjudiciables pour l'environnement. Notre patrimoine forestier est-il bien géré pour nous fournir tous ses avantages ? « Le constat global de nos forêts est catastrophique. Elles connaissent actuellement une dégradation sous l'effet d'utilisation mal réfléchie et illégale. La surexploitation notamment illicite des forêts de cèdre et de chêne liège dans le Moyen-Atlas est arrivée à un niveau très inquiétant. Cette situation est, d'autre part, aggravée par le surpâturage causé par un troupeau nombreux dont les éleveurs sont fictifs. Ces derniers profitent de la situation de pauvreté des populations locales pour s'associer avec ces villageois. Ajouté à cela le défrichement et l'empiètement sur le patrimoine forestier pour la mise en culture », ajoute M. Sabir. Si cela continue, il y aura de graves conséquences.

Les anciennes civilisations ont disparu parce qu'elles n'ont pas pu préserver leurs forêts. L'exemple d'Essaouira sous l'action de l'Homme (développement du port au 19e siècle) qui a perdu la forêt de l'arrière-pays entraînant par la suite l'apparition de dunes et l'ensablement de la ville. A l'époque, l'ex-Mogador était coupée pendant longtemps du reste du Royaume et l'accès se faisait à dos de mulet. Les efforts fournis par les forestiers dans la stabilisation des dunes par l'implantation d'espèces (exotiques et endémiques) ont permis la régénération de ces forêts et la stabilisation du sol au début du 20e siècle. Sans cet effort de plantation et de reboisement, la cité des Alizés n'aurait jamais connu le développement actuel.

Cet exemple pourrait se reproduire à la porte de Rabat si la forêt de « Maâmora » n'est pas sauvegardée.

Besoin en eau : La demande en eau a augmenté de 60% au cours des 25 dernières années (300 milliards de mètre cube d'eau sont utilisés tous les jours à travers la région méditerranéenne). Aussi, son utilisation dépasse déjà 50% de l'eau naturelle renouvelable dans les pays comme le Maroc, la Tunisie, la Syrie et le bassin méditerranéen de l'Espagne. Elle atteint quelques 90% dans des pays du Moyen-Orient. Cette situation demande une combinaison étroite de la gestion des ressources en terre et la demande en eau en réduisant les pertes d'eau, en accroissant l'efficacité de son utilisation et par l'arbitrage de l'allocation des ressources. Cela implique trois mesures : il s'agit de la ‘'Culture de l'eau'', ‘'Conscience de l'eau'' et ‘'Apprentissage sur l'usage de l'eau'', ainsi que de nouvelles stratégies de l'eau qui devraient être intégrées avec d'autres politiques sur les forêts, l'agriculture et le développement rural.

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2 février 2009