FNAP, un festival riche en couleurs

Culture
Dev Web
Editor Made in Marrakech
17 juillet 2007

La 42ème édition du festival des arts populaires s'est tenue dans le respect de l'art authentique marocain. Il a démarré par une parade avec la participation de près de 800 artistes, dont 150 « dkaikia », des cavaliers et un grand nombre d'enfants. Le coup d'envoi s'est fait mercredi 11 juillet de la place de la liberté jusqu'au Palais Badii, lieu emblématique du festival.

Cette édition a été marquée une grande évolution ; contrairement aux années précédentes, la programmation a été exclusivement marocaine, sous le thème « Patrimoine & arts pop » ; D'une part les troupes folkloriques venues des 4 coins du royaume et de l'autre la nouvelle génération d'artistes pop. Cette année le festival a mis toute la ville en fête, avec plusieurs scènes de quartier (bab doukkala, m'hamid, masira, syba et harti). Cela a permis une accessibilité fondamentale aux habitants de la ville, mobilisés pour l'événement. Notons qu'à la moindre occasion la population marocaine, surtout marrakchie s'implique corps et âme pour profiter de la musique, de la fête et des proches.

La scène de Bab Ighli a été dédiée aux jeunes avec une programmation des artistes les plus tendance ; Inuraz, Houssa, Deep Culcha et Fes City Clan ont démarré cette frénésie collective, jeudi soir avec un public qui n'a cessé de croître au fil des jours, malgré le décalage avec les horaires annoncés. Vendredi soir c'était au tour de Amarg Fusion, Ostina Tono et de Hoba Hoba Spirit de mettre une ambiance du tonnerre et faire monter haut la poussière. Samedi ce fut la tache de Fnaire, Ganga Vibes et DJ key accompagné de Oum, qui malgré sa courte prestation a su maîtriser le public de ses origines. La foule était en feu devant une des rares artistes féminines marocaines du moment...certes Faty Show a mis le feu le temps d'une chanson avec Ganga Vibes, mais ne comparons pas l'incomparable !! Oum a d'ailleurs fait un appel via la radio locale aux jeunes femmes artistes en les encourageant à la rejoindre sur le « paysage musical marocain », elle a bien noté que notre pays ne manquait absolument pas de talent, il s'agit juste de tenter sa chance ! La prestation de Fnaire a été époustouflante...ces jeunes marrakchis malgré leur apparence de rappeurs, sont avant tout des artistes engagés, qui sensibilisent leurs fans avec des discours très positifs, attention au SIDA, attention à la conduite, attention au racisme et surtout attention à notre pays et à nos origines...préservons les !! Ils ont chanté « mat kisch bladi » (touche pas à mon pays) avec 80 jeunes adolescents de l'association « terre des jeunes » présidée par Mme Bensouda, qui a pour but de mener des actions de sensibilisation pour la sauvegarde de l'environnement de Marrakech. Ce fut un grand moment, très émouvant, auquel ont assisté les « officiels du festival ». Le festival a été clôturé sur la scène Bab Ighli par les groupes H-Kayne, Mazagan et Darga, qui ont retenu le public jusqu'à plus de 1h du matin. Nabil, le chanteur de Darga, est descendu dans la foule pour l'allumer, ce qui a compliqué la tâche des autorités locales qui ont eu du mal à conserver leur calme pour garder la foule derrière les barrières, dommage, mais disons qu'ils doivent savoir ce qu'ils font !!

Du coté du palais badii, le public était plus calme, plus posé. Chaque soir, a été tenu un spectacle patrimonial où un conteur décrivait son voyage à travers les régions du Maroc, avec une mise en scène signée Abbes Fouraq. Ce fut un festival de couleurs, de rythmes, de costumes et d'authenticité...jamais l'art traditionnel n'avait été aussi beau et aussi raffiné...la mise en scène et les jeux de lumière ont fait de ce spectacle une véritable magie intemporelle... les bougies parsemées dans le Palais Badii ont ranimé toute une histoire, celle de nos origines et de notre culture...dont nous devons être fiers.

En marge des concerts ont eu lieux des colloques, sous le thème "Interactions entre les arts populaires et les expressions musicales contemporaines du Maroc", un thème complexe abordé notamment par le professeur Aït Tabassir, qui a rendu un grand hommage au compositeur marocain d'Opéra contemporain Ahmed Essyad. Une réelle découverte pour beaucoup de participants ! Une exposition baptisée « tenues du Terroir » a été organisée pour mettre en valeur chacune des tenues traditionnelles des troupes participantes et une sélection d'Ïuvres des Nakkachates, au Théâtre royal. Parallèlement à cela, des concours de Houariates et de Dekka ont été organisés par la fondation des festivals de Marrakech sous la tutelle de Mme Saigh. Notons aussi que pour la première fois depuis 1960, un déjeuner officiel en l'honneur des Mâalems des troupes participantes a été donné au somptueux Palais Gharnata en reconnaissance à leur savoir et leur rôle de protecteur du patrimoine oral et musical du pays et ceci.

Bilan positif pour cette 42ème édition, qui a changé d'organisateurs, en passant dans les mains de la fondation des festivals de Marrakech, présidée par M Kamal Bensouda, qui lors de la conférence de presse du 19 mai dernier a demandé à la presse de parler avant tout du festival et non des Hommes qui sont derrière...véritable preuve d'humilité de la part de cet homme qui avec toute son équipe a rendu hommage à notre patrimoine culturel. Malgré les petits soucis techniques ou petits problèmes d'organisation, le défi de changer l'image du plus vieux festival du Maroc a véritablement été relevé, la preuve en est notamment par la communication réalisée pour l'événement. Longue vie à ce festival crée par feu sa majesté le roi Mohamed V et à l'année prochaine

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Editor Made in Marrakech
17 juillet 2007