Festivités en panne pour Marrakech et Essaouira
On se posait bien la question cette année sur le timing des festivals organisés cet automne, et surtout, à l'approche du mois de ramadan. Certaines dates sont fixées, re-fixées et puis inlassablement reportées... Nous sommes bien le 16 septembre et Marrakech devait se doter aujourd'hui de son festival du rire «Bahja». Sauf qu'il n'y a rien... niet, pas de dérision, pas de blagues, pas de spectacle. L'événement serait annuel, organisé par le Comité d'appui à la famille et à l'enfance marocaines sous la présidence de Lalla Oum Kaltoum Alaoui, depuis la disparition de sa fondatrice feue la Princesse Lalla Fatima Zohra, en partenariat avec PI Organisation et la Société nationale de radio et télévision marocaine (SNRTM).
Bahja Festival devait avoir lieu du 14 au 17 septembre, mais aucune information ne circulait, ni sur le programme ni les têtes d'affiche, les horaires, les lieux de spectacles, etc.
Dans la presse, l'info passait sur plusieurs supports, en brève, sans plus. Parce que personne n'en avait plus ! Nous avons donc cherché à avoir des détails sur cette première édition, mais à notre surprise, notre interlocuteur au téléphone nous a annoncé que le festival était reporté pour « plus tard », à la limite en novembre. « On a préféré reporter pour avoir une meilleure qualité de programmation. Le fait de recevoir un grand nombre d'artistes n'est pas chose évidente, surtout quand il s'agit de têtes d'affiche. Programmer leur présence chez nous en fonction de leur planning n'est pas facile.
On attend leurs réponses. Notre souci majeur est de bien faire les choses, ça va prendre un peu plus de temps. » Autre info qui nous provient de Marrakech, Bahja Festival manque encore de budget et de sponsors, mais encore, « les organisateurs veulent structurer l'événement et le bien présenter ». Bon, Marrakech attendra encore un peu pour avoir un festival qui reflète son tempérament...
Restant toujours dans les festivités de la ville ocre, tout le monde est enthousiaste pour un autre grand événement tant espéré et dont la convention à été signée en juillet dernier. On parle bien de Montreux, ce magnifique festival de jazz. Juste pour rappel, à l'occasion des quarante ans d'existence du Festival de jazz de Montreux, Marrakech a été choisie parmi les quatre régions où se tiendra ce festival, en l'occurrence Shanghai, Singapour et Dubaï.
Une délégation de 20 personnes, conduite par André Azoulay, Conseiller de S.M. le Roi, ainsi que des responsables de la Région de Marrakech, s'est donc déplacée en Suisse, en marge de la 39e édition du Festival de Jazz de Montreux, du 1er au 15 juillet, pour signer une convention de partenariat et de coopération avec les autorités de Montreux.
L'objectif est la co-organisation d'un festival de jazz à Marrakech et Essaouira, prévu du 3 au 5 novembre. Sauf qu'on nous annonce que l'événement est également reporté. Pourquoi ? « Parce que les préparatifs ont commencé au mois de juillet et que pour organiser un festival, il faut commencer à travailler en début d'année, sinon, c'est le fiasco ! C'est surtout pour pouvoir présenter plusieurs têtes d'affiche », annonce-t-on.
De plus, le budget n'est pas encore complet pour « Montreux » à Marrakech. « Seul l'Office du tourisme a proposé un budget », les autres, pas encore.
Et puis le deuxième problème est celui « des espaces d'hébergement ». Même avec ses nouveaux hôtels, Marrakech ne pourra pas recevoir les festivaliers. Tout est complet en novembre. « Pour Montreux, il faut proposer un package complet avion-hôtel et tickets de concerts pour les gens qui nous viennent d'ailleurs.
Il faut donc préparer un grand espace. Concernant le budget, les choses vont bon train, mais pour l'espace hébergement, il faut choisir une période froide, comme en décembre... » En tout cas, pas décembre de cette année, mais on espère bien voir ce festival, probablement en décembre 2007.
Et de Marrakech, on passe à Essaouira, parce que c'est la période du Festival des Andalousies Atlantiques... Mais on nous informe aussi qu'il est fort probable que ce festival n'ait pas lieu cette année et que la quatrième édition sera organisée en 2007 ! C'est bien sûr à cause de Ramadan, comme l'explique Oumama Aouad, directrice du festival : « On respecte Ramadan 15 jours avant et 15 jours après, donc c'est deux mois de perdus. Le seul but est de bien faire les choses, que les festivaliers soient à l'aise et que les nombreux invités étrangers le soient aussi. »
Les organisateurs hésitent à programmer le festival en novembre car le temps qu'il fait à Essaouira pendant cette période ne favorise pas les spectacles en plein air. Oumama Aouad évoque même l'idée d'organiser la quatrième édition des Andalousies Atlantiques cette année en Espagne (affaire à suivre !).
Si le climat et Ramadan ne sont pas contrôlables, le fait de penser à avoir des salles de spectacles et de « vraies » structures pour les grands événements l'est impérativement ! « Il s'agit d'un festival d'automne, et nous sommes toujours à la merci du beau et du mauvais temps.
Le vrai problème c'est qu'il n'y a pas d'infrastructures permettant de recevoir au moins cinq cents festivaliers. Les autorités doivent penser à cela, nous ne pouvons pas risquer de monter une scène en plein air, d'inviter de grands artistes, et qu'il pleuve par la suite...
Le public est là, le programme aussi, mais les autorités ne suivent pas vraiment. C'est bien dommage que les choses ne soient pas encore bien ancrées », conclut Oumama.